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Entretien : Jean-Marc Desponds - [Arts-Scènes]
Arts-Scènes
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Théâtre de Beausobre, Morges
Entretien : Jean-Marc Desponds

Jean-Marc Desponds revient pour nous sur l’histoire du Beausobre.

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 14 juin 2007

par Magali JANK

Le Théâtre de Beausobre vient de fêter ses 20 ans ! A cette occasion, Jean-Marc Desponds, son directeur depuis sa création en 1986, édite Beausobre – « un théâtre au cœur de la cité », un ouvrage qui rend hommage aux
nombreuses facettes de la vie d’un théâtre.

Au fil des pages s’égrènent les témoignages émouvants de grands artistes de l’Hexagone, de la chanson française au théâtre en passant par la comédie, mais aussi, et en grande partie, de ceux d’une multitude d’artistes suisses, comme Gérard Demierre, Roger Jendly ou Jérémie Kisling. Une belle réussite pour la salle morgienne, reconnue avant tout pour sa programmation éclectique. Jean-Marc Desponds revient pour nous sur l’histoire du Beausobre, théâtre essentiel de la région lausannoise, et nous apporte son regard sur le paysage culturel romand de ces 20 dernières années.

Vous évoluez depuis de nombreuses années dans le paysage culturel lausannois. Quelle est l’origine de votre passion pour la culture et quel est le chemin qui vous a mené à Beausobre ?
Instituteur de formation, ma passion pour la culture a toujours été omniprésente. De par la composante artistique de mes études (musique et chant), j’ai été amené à faire partie du chœur de l’Opéra de Lausanne pendant une dizaine d’années. En parallèle, je me suis nourri de chanson française, tradition incarnée à l’époque, pour le féru de poésie que je suis, par Léo Ferré, Jacques Brel, Georges Brassens ou Félix Leclerc. Puis, je suis parti en Afrique pendant 4 ans, en tant qu’animateur socioculturel. Cette expérience m’a non seulement ouvert au monde mais aussi à de nouvelles cultures. De retour en Suisse, je me suis d’abord occupé de centres de loisirs avant de reprendre en 1976 le centre paroissial d’Ouchy (CPO). Là, j’ai pu organiser quelques concerts et faire des rencontres extraordinaires, notamment avec Léo Ferré, Alain Bashung ou Maurane. C’est là aussi que j’ai pris goût à l’organisation de spectacles et que j’ai réalisé l’importance de notre rôle de passeur entre les artistes et le public ! Plus tard, lorsque j’ai appris que la commune de Morges construisait l’édifice, où nous nous trouvons aujourd’hui, j’ai proposé le projet d’y créer un théâtre. Le Théâtre de Beausobre était né. Le début d’un grand bonheur !
20 ans se sont écoulés depuis. Beausobre est aujourd’hui le théâtre à vocation populaire de la région lausannoise. Etait-ce votre objectif lors de sa fondation ?
A l’époque, je souhaitais accueillir des artistes, organiser des spectacles, faire plaisir à un public et partager avec lui. J’étais prêt à proposer tout type de spectacle à Beausobre : chanson française, danse, théâtre, voire même musique classique. Pour des raisons d’acoustique, nous avons rapidement renoncé aux concerts classiques. Par la suite, notre programmation s’est naturellement tournée vers la chanson française et le théâtre. En effet, à cette époque, arrivaient à Lausanne Maurice Béjart, puis Philippe Saire, créant un foisonnement important au niveau de la danse. En théâtre, la situation était toute autre. Dès le début des années 70, avec la mutation du Théâtre municipal en Opéra de Lausanne, le manque de lieux pour les tournées théâtrales se faisait cruellement ressentir. Ni la salle Métropole, avec une acoustique inadéquate, ni le Théâtre de Beaulieu, avec ses dimensions gargantuesques, n’ont pu pallier ce manque que nous avons su finalement combler.
Aujourd’hui, ma vision est toujours la même qu’il y a 20 ans : au Beausobre, nous privilégions les contacts avec les artistes. Avec le temps, des liens se tissent. La magie opère. La scène est un endroit presque mystique, chaque artiste laissant une trace, un peu de son âme. De voir Juliette Gréco, Raymond Devos ou Ludmila Mikael évoluer sur les mêmes planches, c’est fantastique. En 20 ans, je crois que nous avons eu le temps d’imprimer un style, d’évoluer !
Pourquoi ne pas créer un lieu comme le Vidy-Lausanne, avec une part de créations ?
Cela tient certainement au fait que je suis issu de la chanson, du spectacle de variété. Vidy est un théâtre fondé par des hommes de théâtre. Vestige de l’exposition nationale suisse de 1964, avant de devenir une salle de répétition du Théâtre municipal de Lausanne, Vidy fait preuve d’une démarche différente de la nôtre depuis toujours. La vocation du Beausobre est de servir de théâtre d’accueil. Les spectacles se jouent un ou deux soirs seulement. De plus, n’oublions pas que la salle de Beausobre fait partie des locaux communaux. En conséquence, nous ne pourrions y monter une création.
De manière plus générale, quel regard portez-vous sur la vie culturelle de la région depuis 20 ans ?
Les Suisses romands aiment la culture et le théâtre. Un nombre incroyable de théâtres ont vu le jour en 20 ans même si ce phénomène tend à se stabiliser aujourd’hui. Il s’agit maintenant de développer les moyens et les contenus. Il y a 20 ans, l’offre n’était pas aussi importante. En revanche, on se dirige aujourd’hui certainement vers une culture de masse, relayée par les médias contemporains, Internet en tête. L’apparition de salles de dimensions supérieures a modifié le rapport entre un artiste et son public. De nouvelles technologies, de nouveaux moyens, plus imposants, sont mis en œuvre. Néanmoins, la culture locale et les arts vivants vont perdurer. Un concert de Georges Moustaki ou Olivia Ruiz reste fondamentalement une scène, un artiste, un public ! La culture doit continuer d’être défendue, car son rôle est fondamental. En effet, elle nous fait réfléchir, sauvegarde les sociétés et nous ouvre sur l’avenir.
Lors de cet entretien, nous avons maintes fois mentionné les 20 ans du Beausobre. A cette occasion vous éditez Beausobre – un théâtre au cœur de la cité. Quelles raisons vous ont poussé à vous lancer dans cette aventure ?
Le temps qui passe permet d’acquérir un certain recul sur l’évolution du milieu artistique. Ainsi, pour la réalisation du livre, je souhaitais trouver un moyen d’inscrire dans le présent des événements passés. D’où l’idée d’un reportage. Au final, ce sont 200 pages de témoignages, d’interviews et de portraits réalisés tout au long de la saison 2005/2006. Ces textes retracent la vie du théâtre dans sa globalité et nous baladent à travers l’envers du décor ainsi que parmi toutes les personnes qui donnent vie aux spectacles, de l’équipe technique aux programmateurs, des artistes au public, sans oublier bien sûr les autorités qui soutiennent le théâtre. La ligne éditoriale a été conçue par Yves Dutoit et les textes écrits par Michel Caspary, chef de la rubrique culturelle du quotidien « 24 heures ». Quant aux illustrations, elles sont l’œuvre de Sedrik Nemeth, photographe à L’Illustré. Son choix s’est porté sur le noir et blanc, permettant de cristalliser ainsi, de manière forte et intimiste à la fois, les moments d’émotions vécus tant sur scène que dans les loges. L’usage du noir et blanc crée finalement une certaine distance, une qualité que la culture possède et qui me plaît lorsqu’elle nous parle de la vie avec recul et humour. Michel Bouquet, qui nous fait la joie de préfacer ce livre, dit : « les arts de la scène, c’est éphémère ». Ainsi, le livre se veut un témoignage des arts éphémères, une célébration de l’histoire passée, présente et future du Théâtre de Beausobre.

Propos recueillis par Magali Jank

Location : 021/804 97 16 ou 021/804 15 89, www.beausobre.ch

Mercredi 7 février 2007, à 20h30 : “Georges Dandin”, de Molière, mise en scène : Raoul Pastor et Pierre Bauer. Avec notamment Thierry Meury et Caroline Althaus.
Jeudi 8 février 2007, à 20h30 : Mayra Andrade (Cap Vert).
Mercredi 14 février 2007, à 20h30 : Sine Nomine & Daniel Perrin, rencontre musicale.
Samedi 17 février 2007, à 20h30 et dimanche 18 février à 17h, “Absurde-moi”, dernière création de l’école Diggelmann.