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Saison 2010-2011 de l’Opéra de Zurich
Zurich : Joyaux en vrac

Survol d’un programme d’une extrême richesse.

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 16 octobre 2010

par Eric POUSAZ

Alexander Pereira reste encore deux ans à Zurich avant de reprendre la direction du prestigieux Festival de Salzbourg. Comme à son habitude, il a concocté pour 2011 un programme varié d’une extrême richesse : les nouvelles productions, mais aussi les reprises, voient défiler des noms prestigieux, prometteurs de moments d’exception.

Les premières
La ronde des premières, quatorze en tout ( !), a débuté avec une rareté à Winterthur : Der Stein des Weisen, une partition collective du 18e siècle à laquelle a notamment collaboré un certain Mozart, spectacle qui a déjà quitté l’affiche. Le nombre restreint de représentations est d’autant plus regrettable qu’il s’agissait là d’une exhumation d’un réel intérêt, autant musicologique que dramatique.
A Zurich même, la première nouvelle production est consacrée à Bizet et à ses Pêcheurs de Perles, absents de l’affiche depuis près de cent ans. La mise en scène de Jens Daniel Herzog, connu pour ses partis pris iconoclastes, promet quelques surprises aux amateurs de reconstitutions à l’ancienne alors que la distribution, homogène, est constituée d’habitués de la maison (Malin Hartelius, Javier Camarena., Franco Pomponi (le seul nouveau venu) et Pavel Daniluk. (les 18, 22, 24, 26, 28, 30 sept., 3, 6, 8 oct.)

« Der Stein des Weisen » avec Ruben Drole, Anja Schlosser
© Suzanne Schwiertz

L’Opéra crée ensuite une partition du compositeur français Marc André Dalbavie consacrée à Gesualdo, un compositeur italien de la Renaissance connu pour sa vie d’aventurier assassin. Sous la direction du compositeur lui-même et dans une mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser, le rôle titre a été attribué au grand Rod Gilfry, entouré pour l’occasion de Liliana Nikiteanu, Gabriel Bermudez et Judith Schmid. (Les 9, 14, 19, 23, 29 31 oct. et 6 nov.)
Suivra Guillaume Tell, donné à Zurich pour la première fois dans sa version française. La mise en scène est due à Adrian Marthaler (à ne pas confondre avec Christian Marthaler, célèbre pour ses provocations scéniques diverses) ; Thomas Hengelbrock dirigera Michele Pertusi dans le rôle titre, Eva Mei et Antonino Siragusa dans celui des amants malheureux ainsi que Martina Jankova en Jemmy et Alfred Muff en Gessler. (Représentations les 13, 16, 19, 21, 23, 26 nov., 2, et 7 déc.)
Ensuite, vu l’imminence du bicentenaire de la naissance de Verdi en 2013, sera présentée – après Il corsaro l’an passé - une autre rareté de Verdi qui n’a encore jamais connu les honneurs d’une présentation sur le plateau zurichois. I masnardieri, d’après Les Brigands du grand Schiller, sera dirigé par Adam Fischer et mis en scène par le Belge Guy Joosten avec Fabio Sartori dans le rôle du rebelle, Thomas Hampson dans celui du frère traître et Isabel Rey en victime expiatoire (les 5, 8, 11, 15, 19, 22, 26, 29 déc., 2 janv. 2011)
Les amateurs de Cecilia Bartoli seront comblés par une de ses rares apparitions sur scène en janvier dans le non moins rare Comte Ory mis en scène par Caurier et Leiser. La distribution aligne les noms de Javier Camarena, Oliver Widmer, Carlos Chausson et Rebeca Olvera (les 23, 27, 29, janv., 3 et 5 fév.)
Tannhäuser, dans sa version parisienne avec ballet, sera présenté dès le 30 janvier sous la direction d’Ingo Metzmacher. La distribution, royale, aligne les noms de Peter Seiffert, Nina Stemme et Vesselina Kasarova… (Autres représentations les 2, 6, 10, 13, 17, 20 et 26 fév.)
Brusque contraste un mois plus tard avec la mise à l’affiche de Norma de Bellini dont le rôle titre sera incarné par Elena Mosuc, la cantatrice qui a fait fureur en Lucia de Lammermoor à Avenches en juillet dernier. La mise en scène est confiée à Bob Wilson, la direction à Paolo Carignani. Une autre étoile montante au firmament des grands ténors italiens, Vittorio Grigolo donnera la réplique à Norma alors que Michelle Breedt sera Adalgisa et Laszlo Polgar Oroveso (représentations les 3, 6, 9, 13, 15, 17, 22 et 31 mars)

« Les Pêcheurs de Perles » avec Franco Pomponi et Malin Hartelius
© Suzanne Schwiertz

Verdi revient à l’affiche le 20 mars avec Falstaff que dirige le nouveau Directeur Général de la musique Daniele Gatti. Autour de Leo Nucci qui incarnera le pancione on retrouvera Barbara Frittoli, Eva Liebau, Yvonne Naef, Massimo Cavalletti et Javier Camarena dans une mise en scène de Sven-Eric Bechtolf (reprises les 23, 25, 27 mars et 1, 3, 5, 11, 13 et 17 avril)
Puis, de Verdi toujours, ce sera au tour d’Un ballo in maschera donné dans une mise en scène du directeur du Festival de Bregenz David Pountney. Nello Santi dirigera une distribution de stars : Fiorenza Cedolins, Yvonne Naef , Sen Guo ; Piotr Beczala et de nouveau Leo Nucci (les 25, 29 avril, 3, 6, 8, 11, 14, 17, 19, 22 mai)
Le retour à son lieu de création de Moses und Aron de Schönberg sera la sensation du printemps. Dirigé par le grand Christoph von Dohnányi et mis en scène par le plasticien allemand Achim Freyer avec Peter Weber en Moïse et Rudolf Schasching en Aaron, ce spectacle promet de faire la une de l’actualité musicale du moment. (Représentations les 15, 18, 20, 22, 24, 26 et 29 mai)
Autre grand moment : le retour au répertoire de Souvenirs de la maison des morts de Janacek dans une mise en scène du grand Peter Konwitschny sous la direction musicale d’Ingo Metzmacher. Au sein d’une distribution énorme, on retrouve les noms de Reinaldo Macias, Pavel Daniluk, Peter Straka et Andreas Winkler. (Représentations les 4, 7, 9, 18, 23, 25 juin et 1er juillet)
Deux nouvelles productions marqueront le traditionnel festival de fin de saison : Parsifal, d’abord, dirigé comme à Bayreuth par Daniele Gatti dans une mise en scène de Claus Guth avec Yvonne Naef en Kundry, Stuart Skelton en Parsifal, Thomas Hampson en Amfortas et Matti Salminen en Gurnemanz. (les 26, 29 juin et 3, 5, 10 juillet)
Le dernier fleuron de la saison sera : Il re pastore de Mozart que dirigera William Christie. Ce spectacle marquera les débuts sur la scène zurichoise de Rolando Villazon, qui incarnera le Roi de Macédoine aux côtés de Malin Hartelius, Martina Jankova, Sandra Trattnigg et Benjamiin Bernheim pour trois soirées seulement les 4, 7 et 9 juillet.

Les stars des reprises
Trop nombreuses pour être citées toutes, le choix se portera sur celles qui seront marquées par le retour de vedettes unanimement appréciées. Agnes Baltsa fera une rare apparition dans Cavalleria rusticana (Mascagni) en juin 2011, Elina Garança sera l’héroïne de Maria Stuarda (Donizetti) en mai, juin et juillet prochains, Emily Magee sera tour à tour la cantatrice jalouse de Tosca et Minnie dans La Fille du Far West de Puccini en octobre et novembre, Waltraud Meier incarnera quatre fois son rôle fétiche dans Tristan und Isolde en octobre, Ricarda Merbeth sera une inoubliable Leonore dans un Fidelio que dirigera Daniele Gatti en février et mars 2011, Elena Mosuc, en plus de Norma, reprendra le rôle terrifiant de la rare Femme silencieuse de Richard Strauss en décembre et Gilda de Rigoletto en février et avril 2011.

Emily Magee dans « Tosca »
© Suzanne Schwiertz

Parmi les chanteurs que l’on se réjouit de voir revenir, citons Renato Bruson qui fera un tour de piste dans Traviata et Rigoletto au printemps prochain, José Cura qui sera Mario Cavaradossi dans Tosca en octobre, Dick Johnson dans La fanciulla del West en novembre et Rodolfo de la Bohème en avril / mai en plus de la double incarnation des héros malheureux de Cavalleria rusticana et Pagliacci en mars 2011. Juan Diego Florez chantera trois fois le rôle principal dans L’Elixir d’amour de Donizetti les 7, 11 et 14 novembre alors que Jonas Kaufmann se contentera cette fois d’un Liederabend en octobre et d’une participation à un concert symphonique au printemps prochain. Neil Shicoff reprendra son rôle favori d’Eleazar de La Juive d’Halevy en avril alors que Michael Volle, en plus du Wolfram dans le nouveau Tannhäuser, reviendra pour Don Giovanni et Le nozze di Figaro de Mozart (décembre, janvier). La liste n’est bien sûr pas exhaustive ; de nombreuses soirées de ballets, avec diverses créations de Heinz Spoerli, ainsi que des spectacles confiés aux jeunes artistes de l’Opéra Studio complètent ce vaste programme.
Pour plus d’informations, il suffit de se rendre sur http://www.opernhaus.ch/: le site offre la possibilité de commander ses places en ligne, de choisir son siège et d’imprimer son billet soi-même.

PS : Ajoutons pour faire bonne mesure que les vendredis, samedis et dimanches soirs, le dernier train pour la Suisse romande quitte Zurich à 23 .04 (arrivée à Genève à 2.24) ce qui, dans la plupart des cas, permet de se rendre confortablement à la gare après la fin des spectacles qui débutent en règle générale à 19 heures, voire plus tôt pour les grandes soirées wagnériennes…

Eric Pousaz