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35e saison « Temps & Musique »
Rencontre : Jean Auberson

Jean Auberson nous parle de la nouvelle saison Temps & Musique.

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 16 octobre 2010

par Martina DIAZ

La 35e saison « Temps et Musique », dédiée à la musique de chambre dans le cadre des concerts Migros pour-cent culturel, se compose cette année de cinq concerts qui auront lieu au Conservatoire de Genève à 20h30. Rencontre avec Jean Auberson, directeur de cette série depuis plus de vingt ans.

Lui-même musicien, Jean Auberson développe son goût pour la musique de chambre pendant ses études, où il a l’opportunité de côtoyer d’excellents chambristes. Si dans sa carrière d’organisateur il n’a pas négligé la musique symphonique, son attachement pour ce genre, le plus profond, le plus abouti d’un compositeur selon lui, l’a mené naturellement à la gestion de festivals tels que celui de Divonne – aujourd’hui disparu.

Son principe dans le choix de la programmation ? Un « éclectisme éclairé », qui mette en valeur des pans laissés obscurs du répertoire suite à des modes passagères. Jean Auberson s’efforce ainsi toujours de révéler des pièces méconnues, tout en offrant la possibilité à de jeunes musiciens de se produire en public. Cet engagement envers de jeunes talents l’a conduit à inviter, il y a une dizaine d’années, Leonidas Kavakos, qui inaugure brillamment cette saison accompagné par Elisabeth Leonskaya. Le violoniste, après une période de maturation, est maintenant à son meilleur niveau. Le programme du concert rend d’une part hommage à Schumann, avec les deux premières sonates ; il se poursuit audacieusement, avec la Sonate pour violon et piano, op. 9 de Karol Szymanowski, dont l’audition est extrêmement rare à Genève. Stravinski sera aussi à l’honneur avec son Duo concertant pour violon et piano, programmation qui témoigne ainsi de la curiosité de ces deux pointures de la scène actuelle pour la musique du XXe siècle.

Leonidas Kavakos
© Mark Shapiro

Parmi les coups de cœur de cette année, Jean Auberson distingue le Quatuor Bennewitz, dont la sincérité, le désir de transcender un jeu individuel pour se fondre dans une homogénéité l’a particulièrement séduit. Cette formation, qui a déjà remporté des concours réputés, sera accompagnée pour un alliage peu usité de musique de chambre et voix par Lucia Duchonová. Le mezzo, formé dans le creuset de la prestigieuse école slovaque, promet d’être un grand talent de demain : les Cinq Ophelia Lieder de Brahms, arrangés par Reimann, ainsi qu’ Il Tramonto de Respighi, permettront de découvrir cette jeune voix.

Ce qui compte le plus pour Jean Auberson, c’est que le concert soit un moment festif, loin de la rigidité parfois associée aux concerts classiques. C’est pourquoi il privilégie souvent des groupes éphémères plutôt que des formations figées qui se produiraient toujours avec le même programme. Ainsi l’Ensemble Promotheus 21, constitué de 21 artistes, a retenu toute son attention : alors qu’ils ne se vouent habituellement pas à la musique baroque, l’ensemble se lance dans les Six concertos brandebourgeois de Bach, devenus l’apanage exclusif des musiciens spécialistes de cette époque. L’ensemble va ainsi troquer, le temps d’un concert, ses cordes modernes pour des instruments à l’ancienne, et s’amuser, en profitant de ces chefs d’œuvre de Bach, trop rarement entendus intégralement en concert.

Quatuor Bennewitz

Depuis deux ans, une formule raccourcie a lieu à Nyon à la salle de la Colombière à 11h15, le dimanche précédant la prestation genevoise (excepté, cette année, le concert de Kavakos et Leonskaya). Cette version offre aux artistes une ambiance décontractée, dans laquelle ils ne s’engagent pas avec moins d’enthousiasme. Le public apprécie ces moments de plaisir, pendant lesquels la musique est savourée à un prix modique dans la fraîcheur matinale, suivis par un petit ballon de blanc et une brocante sur les quais : ces concerts de Nyon condensent ainsi joie musicale et instants agréables, tout ce que Jean Auberson cherche à transmettre dans cette série « Temps et Musique ».

D’après des propos recueillis par Martina Díaz