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Saison 2010-2011 du Teatro alla Scala
Milan : Diversification

Grâce à Stéphane Lissner, la Scala reprend une place de premier plan.

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 17 octobre 2010

par David VERDIER

Depuis l’arrivée de Stéphane Lissner il y a cinq ans, le Teatro alla Scala est revenu à un niveau vraiment international avec des productions déjà célèbres (Tristan, de la Maison des Morts), une ouverture des compositeurs non italiens et des chefs qui, pour certains, n’étaient jamais montés au pupitre à Milan. Les choses se diversifient, s’ouvrent et la Scala redevient le grand théâtre international qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

Si la politique de Lissner a permis de remettre à flot l’institution, on peut regretter cependant une certaine tendance à produire des spectacles interchangeables – visibles à Londres, à Paris ou à Amsterdam. C’est donc dans un climat passionnel et sur fond de réduction des subventions que s’ouvrira le 7 décembre prochain (jour de la saint Ambroise, patron de la ville) la saison 2010-2011 du Teatro alla Scala.
Ce sera pour l’occasion la Walkyrie , deuxième journée du Ring mis en scène par Guy Cassiers et coproduit avec le Staatsoper Unter den Linden de Berlin. Ce sera l’occasion d’entendre un extraordinaire plateau : Nina Stemme en Brünnhilde, Waltraud Meier en Sieglinde, René Pape (Wotan), John Tomlinson (Hunding) et Simon O’Neill (Siegmund ).

Daniel Harding
© DG / Harald Hoffmann

Pour satisfaire à l’italianità, plusieurs nouvelles productions verront le jour ; on surveillera attentivement l’entrée en lice du jeune et fougueux Daniel Harding dans Cavalleria rusticana et I Pagliacci (mise en scène Mario Martone) ainsi que Valery Gergiev dans Turandot (mise en scène Giorgio Barberio Corsetti) et le rare Attila de Verdi. Stéphane Lissner sait pertinemment qu’il est attendu sur un terrain qui n’a jamais couronné de succès (suite aux récents échecs d’Aïda, Don Carlo et Simon Boccanegra). Le public scaligère est difficile, mais ouvert. Et c’est un public qui n’a pas eu depuis longtemps ses œuvres fétiches. A quand une Norma ? Une grande Lucia ? À quand un nouveau grand Pagliacci ?

Très attendue également, la Tosca coproduite avec le Met et mise en scène par Luc Bondy – pour l’occasion, la Scala se paie le luxe de réunir Jonas Kaufmann et Bryn Terfel (direction Omer Meir Welber). Plus étonnant encore, ce ritorno d’Ulisse in Patria dans un théâtre qui a si peu honoré Monteverdi… La production a été donnée au festival de Beaune en juillet dernier ; elle est dirigée par Rinaldo Alessandrini, l’un des plus éminents interprètes de Monteverdi. Tout l’enjeu sera de savoir si le travail de Bob Wilson servira un ouvrage qu’il a mis en scène avec plus ou moins de bonheur à l’Opéra National de Paris il y a quelques années.

Diana Damrau
© Tanja Nieman

Arrivée de la création londonienne de Mort à Venise de Britten (ouvrage créé à l’ENO londonien) avec Ian Bostridge dans le rôle-titre, la flûte enchantée coproduite par Bruxelles, Naples Lille et Caen ou l e Chevalier à la rose du regretté Herbert Wernicke qu’on vit récemment à Paris (direction Philippe Jordan), tout comme la Donna del Lago dans une triste scénographie de Lluis Pasqual. Arabella entre dans la politique d’échange avec l’opéra de Vienne (direction Franz Welser-Möst). Gardons un œil sur la création mondiale de Luca Francesconi Quartett , sur un livret en anglais de Heiner Müller – lui-même inspiré des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos ; Susanna Mälkki dirigera à cette occasion l’ensemble intercontemporain.

Côté récitals, c’est le défilé de stars étrangères (Juan Diego Florez, Matthias Goerne, Diana Damrau, Thomas Hampson, Angelika Kirchschlager)... mais pas un italien ! N’oublions pas, pour terminer, les concerts de la filarmonica della Scala qui accueille Gustavo Dudamel dans une insolite 7e de Bruckner et le concerto Empereur de Beethoven, avec Pierre-Laurent Aimard Temirkanov et Gergiev se partageant Mahler, Tchaikovski et Dvorak.

David Verdier