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Théâtre Le Crochetan, Monthey
Entretien : Lorenzo Malaguerra

Lorenzo Malaguerra, nouveau directeur du Théâtre Le Crochetan, répond aux questions de Scènes Magazine.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 21 septembre 2010

par Claire BRAWAND

Lorenzo Malaguerra, le metteur en scène bien connu des salles genevoises, a pris dernièrement la direction du Théâtre du Crochetan à Monthey. A l’orée de la saison 2010-2011, il nous parle de son parcours, de ses désirs de directeur de théâtre, et nous dévoile les dessous d’une programmation riche et variée.

Pourriez-vous, pour commencer, résumer brièvement votre parcours ?
J’ai une formation de comédien, mais j’ai très vite passé du côté de la mise en scène, activité que j’ai exercée pendant plus de dix ans à Genève. Dernièrement, l’envie de diriger un théâtre m’est venue. J’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour des salles genevoises et j’ai ressenti le besoin d’une autre forme de défi professionnel. Le Crochetan jouit d’une certaine réputation en terme de qualité et j’ai souhaité y tenter ma chance. Je trouve intéressant de voir comment le théâtre peut interagir avec une petite ville comme Monthey et intéresser ses habitants.

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Quels sont les idéaux, les priorités que vous souhaitez mettre en place ?
Je suis arrivé ici avec mes connaissances personnelles du théâtre, en tant que comédien et metteur en scène, mais surtout en tant que spectateur assidu. En feuilletant le programme de mon prédécesseur [Denis Alber], j’ai senti le besoin de recadrer, rediriger ce théâtre vers une programmation plus théâtrale. Je me suis d’ailleurs inspiré du passage de Matthieu Menghini [2004] qui avait signé une saison de qualité.
Parmi les priorités, il y a celle d’inviter des compagnies romandes, de programmer des créations romandes. Car nous avons dans notre région un théâtre d’une très bonne qualité, et c’est un axe que je souhaite défendre, même s’il comporte une certaine prise de risque. Parmi ces compagnies, on peut citer celle d’Omar Porras, la compagnie Pasquier-Rossier, etc.

Vous ne signez aucune mise en scène cette année, si ce n’est votre collaboration à l’opéra mis en scène par Alain Perroux…
J’ai depuis le début collaboré avec Alain Perroux qui a fait appel à moi afin d’avoir un œil extérieur et que je dirige les chanteurs/acteurs. Pour le reste, je ne signe en effet aucune mise en scène cette saison. Je n’en ai pas eu le temps, peut-être cela viendra-t-il dans les saisons à venir. Mais je ne sais pas si le Crochetan est le lieu adéquat pour une création. Ce théâtre est avant tout un lieu d’accueil et c’est cela que j’aimerais privilégier.

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Votre programmation frappe par l’éventail de styles très large qu’elle propose, qu’il s’agisse des différents spectacles de théâtre ou de danse (flamenco, tango, ballet)…
Oui, et c’est quelque chose qui me tient très à cœur. Je désire vraiment ouvrir la scène à des styles, des répertoires, des « familles » très différents. Comme metteur en scène, j’ai toujours regretté d’assister à des mises en scène très ancrées dans un style, de voir des metteurs en scènes occuper une niche, s’adapter au style d’un théâtre. Ce qui a pour conséquence un appauvrissement des salles. Je désire donner la parole à une grande diversité de points de vue, même si ce ne sont pas forcément les miens, défendre des parcours, des aventures artistiques.

Quels sont vos « coups de cœur » parmi les 42 spectacles à l’affiche ?
Cela peut sembler très langue de bois, mais tous les spectacles au programme sont des coups de cœur. J’aimerais toutefois mettre en évidence le premier et le dernier spectacle qui me ravissent et que je suis très heureux d’avoir pu programmer.
La saison s’ouvre avec La Tragédie comique de la compagnie belge La Fabrique Imaginaire. Yves Hunstad est un acteur extraordinaire. C’était très important pour moi de commencer avec ce spectacle très abouti et qui parle de théâtre, de problématiques telles que : qu’est qu’un acteur ? qu’est-ce qu’un personnage ? etc. Ceci allait dans le sens de remettre le théâtre au centre de la programmation, avec un aspect festif, drôle, touchant, ludique que je trouve magnifique.

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Le dernier spectacle est une création : Guerra de Pippo Delbono, qui à mes yeux le meilleur metteur en scène européen. Chaque fois que je vois l’un de ses spectacles, je suis ému aux larmes, et c’est rare. Ces acteurs ont une force poétique incroyable, ce sont des gens que l’on ne s’attend pas à voir sur des planches et qui deviennent sublimes.

Le mot de la fin ?
Oui, j’aimerais simplement dire que depuis toujours la jeunesse a été une priorité pour moi. C’est le rôle du théâtre de former le regard, la pensée, et.. Dans ce sens, j’ai décidé que l’abonnement général pour les moins de 21 ans serait au prix de Frs. 100.-, soit Frs. 2,40 la place… Je ne considère pas cela comme un coup de communication, il s’agit vraiment d’une préoccupation profonde pour la jeunesse à qui je souhaite donner la possibilité de venir et de s’intéresser au théâtre.

Propos recueillis par Claire Brawand

http://www.crochetan.ch
Billetterie : 024 471 62 67