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Saison 2010-2011 de l’Opéra d’Avignon
Avignon : Quelques raretés

Raymond Duffaut livre quelques réflexions et primeurs à propos de l’Opéra de la cité des Papes.

Article mis en ligne le octobre 2010
dernière modification le 21 octobre 2010

par François JESTIN, Pierre-René SERNA

De nombreux grands titres et quelques raretés cette saison sur la scène avignonnaise.

L’Opéra-Théâtre accueille en novembre la production de Philippe Sireuil de Cosi fan Tutte , avec entre autres interprètes Nathalie Manfrino (Fiordiligi) et Florian Laconi (Ferrando) – vus cet été aux Chorégies d’Orange – ainsi que Blandine Staskiewicz (Despina), sous la baguette de Dominique Trottein. Après la reprise de La Vie parisienne donnée pour les fêtes de fin d’année dans la mise en scène de Nadine Duffaut, c’est le très rare oratorio La Légende de Sainte-Elisabeth de Franz Liszt qui sera joué (le 15 janvier 2011) dans le cadre du bicentenaire de la naissance du compositeur : Nora Gubisch et Marc Barrard parmi les chanteurs, Alain Altinoglu à la direction.

Nathalie Manfrino sera la Fiordiligi du « Cosi fan tutte » avignonnais, avant d’interpréter Tatiana d’ « Eugene Onéguine ».
Crédit Public Domain - Alix Laveau

Nathalie Manfrino (Tatiana) et Florian Laconi (Lenski) seront ensuite de retour pour Eugene Onéguine – Armando Noguera dans le rôle-titre – dirigé par Rani Calderon. Puis on relève une très belle distribution francophone dans les Dialogues des Carmélites programmés en mars : Michèle Lagrange (Madame de Croissy), Anne-Catherine Gillet (Blanche), Pauline Courtin (Constance), Manon Feubel (Madame Lidoine), Stéphanie d’Oustrac (Mère Marie), Paul Gay et Sébastien Droy (Marquis et Chevalier de la Force), direction musicale de Jean-Yves Ossonce, dans la mise en scène de Jean-Claude Auvray.
Une reprise de la production de Robert Fortune de Die Zauberflöte est ensuite programmée – Laurence Equilbey au pupitre, Amel Brahim-Djelloul (Pamina), Isabelle Philippe (Reine de la Nuit), Frédéric Antoun (Tamino), Armando Noguera (Papageno) – avant de remonter Carmen en fin de saison, dans la mise en scène de Nadine Duffaut (inaugurée à Avignon en 2005) : Béatrice Uria-Monzon dans son rôle-titre fétiche, aux côtés de Jean-Pierre Furlan (Don José) et Sophie Marin-Degor (Micaëla), dirigés par Alain Guingal.

François Jestin

www.mairie-avignon.fr/fr/culture/opera

Entretien avec Raymond Duffaut


Raymond Duffaut est la tête pensante de l’Opéra-Théâtre d’Avignon, comme au reste des Chorégies d’Orange. Il livre pour les lecteurs de Scènes Magazine, à bâtons rompus, quelques réflexions et primeurs à propos de l’Opéra de la cité des Papes.

La programmation, assez traditionnelle de cette saison, laisse l’impression d’année de transition…
Sur ce plan, cela diffère un peu de l’année précédente, comme cela le sera également de la saison prochaine… En ce sens, oui. Mais l’on se doit d’être très vigilant pour respecter les équilibres financiers. Si nous avons l’ambition de proposer des spectacles de la meilleure qualité possible, nous restons une petite maison d’opéra ; de par le budget, qui représente un effort considérable pour la Ville d’Avignon, de par aussi le fait qu’Avignon est la plus petite ville de France à entretenir un Opéra en ordre de marche. Nous n’avons que 90 000 habitants ! Il convient ainsi d’assumer la fréquentation du public. Il n’empêche que, par exemple, nous ferons l’an prochain la récréation en France du Prince de Hombourg de Henze, dans le cadre de l’année Jean Vilar. L’année suivante, il y aura une nouvelle production de Wozzeck, qui sera une première à Avignon. Et en 2014, nous envisageons la création scénique en France du Dernier Jour d’un condamné, primé l’an passé en Hongrie, de David et Roberto Alagna, avec ce dernier dans le rôle-titre ; ce qui n’était pas le cas en Hongrie.

Raymond Duffaut

La saison précédente, et d’autres, on relevait une sorte de couleur locale. Désormais absente, sauf si l’on veut, dans l’accent d’un midi élargi, pour Carmen …
Il y a eu l’an passé, il est vrai, Marius et Fanny, l’opéra de Cosma. Mais, étrangement, le public n’avait pas suivi. De même que Mireille, autre opéra de sujet provençal, n’avait pas reçu à Orange le même accueil que Tosca… Mais pour Avignon cette saison nous avons tout de même la Légende de Sainte-Élisabeth, dans le cadre de l’année Liszt, sans mise en scène, mais une rareté et une très belle œuvre. Et aussi le Dialogue des Carmélites, qui n’est pas non plus si courant… Sachant, ce qu’on ne sait pas, que Poulenc a écrit en partie son opéra à Avignon. Pour renouer avec le fil de votre remarque…

Il s’agit, cependant, surtout de coproductions…
R. : Il est de plus en plus important d’essayer de faire des coproductions. Pour des raisons de coûts, bien compréhensibles, et pour viser à une meilleure qualité. Mais cela ne doit pas devenir systématique, comme l’envisagent certains techniciens du ministère français de la culture. Car il faut aussi que les maisons d’opéra conservent leur propre identité. Il est tout à fait bien que l’on ait en France quelques grands Opéras d’excellence estampillés “ Opéras nationaux ”, comme à Bordeaux ou à Lyon ; mais il faut éviter de se limiter à ces pôles, car ce serait au détriment du maillage géographique et de la diffusion de l’art lyrique en ce pays. Surtout que ces Opéras nationaux, d’une taille importante, ne sont pas appelés à diffuser très facilement les œuvres au-delà de leurs murs.

Propos recueillis par Pierre-René Serna