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Saison 2009-2010 de la Maison des Arts Thonon-Evian
Thonon-Evian : une saison éclectique

Aperçu de la nouvelle saison de la Maison des Arts, à travers un entretien avec Thierry Vautherot.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 9 décembre 2009

par Julie BAUER

La nouvelle saison de la Maison des Arts Thonon-Evian reste fidèle à l’éclectisme qui caractérise ce lieu réparti sur trois sites. Au programme, théâtre, marionnettes, danse, concerts classiques, musiques d’ici et du Monde. Scènes Magazine est allé à la rencontre de son directeur, Thierry Vautherot.

Tout d’abord, présentez-nous la Maison des Arts de Thonon-Evian ?
Cette maison a plus de quarante ans d’histoire. Elle date des années 1960, du temps de la mise en place des Maisons culturelles par Malraux. Longtemps, ça a été un lieu de référence sur l’espace lémanique avant que de nombreux théâtres s’ouvrent en Suisse romande. En 1995, elle a été enrichie de deux espaces supplémentaires à Evian, soit un théâtre à l’italienne et une salle de concert entièrement en bois, La Grange au Lac, qui fut construite pour la venue de Rostropovitch. Ainsi, nous disposons donc pour une agglomération de 60’000 habitants de trois salles de spectacles et de trois festivals. Nous effectuons de gros efforts de promotion sur le territoire du Chablais, une zone assez difficile d’accès de part son enclavement. Néanmoins, nous disposons de nombreux organes de soutien tels que la Région Rhône-Alpes ou le Ministère de la Culture. De même, nous entretenons des relations étroites avec Genève et Lausanne au travers d’opérations particulières comme celle des Colporteurs qui donne l’opportunité au public d’aller voir des pièces dans les théâtres partenaires, lors de manifestations organisées. Dans cette même logique, j’essaie d’être actif dans le rapprochement avec la région lémanique en étant membre de différents groupements dont l’objectif est de faire en sorte que les artistes puissent s’exprimer comme si il n’existait pas de frontières.

Depuis votre entrée en fonction en 2001, avez-vous constaté des changements au niveau de la collaboration franco-suisse ?
Oui, il y a eu une évolution manifeste. Les artistes suisses viennent plus souvent se produire chez nous. De même, les artistes français vont plus souvent en Helvétie. La Suisse romande est traditionnellement très centrée sur Paris, mais c’est en train de changer petit à petit avec un progressif recentrage sur la Région Rhône-Alpes qui, ne l’oublions pas, est la deuxième région française du point de vue du nombre de compagnies implantées !

Circus Ronaldo
Crédit photo Benny Degrove

Au niveau économique, comment se porte la Maison des Arts ?
La situation économique est encore bonne, mais nous sommes inquiets car le système du théâtre public français s’est construit sur la juxtaposition et la complémentarité de cofinancements. La Maison des Arts bénéficie de cinq financiers ce qui représente à la fois une richesse et une fragilité. D’autre part, il y a la question des échelons territoriaux en France qui est en cours de débat. Nous ne savons pas comment cela va évoluer pour la culture avec la décentralisation prévue. Ce sujet est clairement une cause d’inquiétude pour nous.

Et au niveau de la fréquentation ?
La fréquentation a beaucoup augmenté entre 2001 et 2006. Nous avons passé de 20’000 à 50’000 spectateurs annuels et nous atteignons, actuellement, et de façon stable, les 2’300-2’500 abonnés. En ce qui concerne le public, celui-ci est très varié, car notre programmation est très éclectique. Lors de manifestations telles que le Festival de Montjoux, l’assistance est composée de personnes âgées de 14 à 60 ans. De plus, comme ceci se fait hors de nos murs, nous touchons en ces occasions des gens qui ne viennent jamais en salle. En effet, les murs sont des obstacles. Une partie de la population ne se sent pas concernée par ce qui se passe dans nos salles, mais si nous sortons de celles-ci, elle s’y intéresse. Enfin, les Suisses aussi viennent pour voir les spectacles qui ne font pas escale dans leur pays ou pour profiter de la superbe acoustique dont bénéficie La Grange au Lac.

« Incendies »
© Yves Renaud

Pouvez-vous nous présenter la saison 2009-2010 de la Maison des Arts ?
Pour cette nouvelle saison, la dominante est le théâtre et les musiques. Notre ligne artistique reste la même au fil des ans. De cette façon, le public s’y reconnaît. La programmation est pluridisciplinaire, ce qui correspond au cahier des charges d’une ville moyenne. Avec les infrastructures dont nous disposons, il y a la possibilité de jouer dans des salles d’une capacité de 200, 600 ou 1000 places, ce qui permet de proposer une affiche variée.

Quels sont vos coups de cœur ?
Tout d’abord, toute l’opération de grande envergure qui se montera autour de Wajdi Mouawad en collaboration avec les théâtres d’Annemasse, de Meyrin et de Chambéry. A Thonon, il nous présentera Incendies, la pièce qui, pour moi, contient son texte le plus abouti. Avec son souffle extra-épique, Wajdi Mouawad fait preuve d’une remarquable maîtrise de l’écriture.
Ensuite, Richard III par la Compagnie L’Unijambiste qui proposera une adaptation comprenant du théâtre et de la vidéo, soit une autre façon de travailler avec des classiques. Les 19 et 20 janvier, nous aurons l’occasion de voir une très jolie chose qui a eu un très grand succès à Avignon et qui ne passera pas en Suisse romande. Il s’agit d’une représentation en deux parties. Dans la première, Le jour de l’Italienne, les spectateurs assisteront au making of du spectacle, c’est-à-dire, une pièce qui racontera le processus de travail qui mène au résultat final. Dans la seconde partie, se jouera la pièce proprement dite, L’Épreuve, du Marivaux bien ficelé.

« Bob et Sane »
© Mario Del Curto

Les 2 et 3 mars, Bab et Sane dont j’ai beaucoup aimé l’écriture et le jeu des acteurs sera à l’affiche. Enfin, je citerais la recréation de L’Atelier volant, première pièce de Valère Novarina, un enfant de Thonon dont le père, Maurice, a donné son nom à l’une de nos salles. Cette pièce contient tout ce qu’il est devenu. Contrairement à ses œuvres d’aujourd’hui, il y a un fil rouge, des personnages, une histoire et une logique. C’est une pièce contestatrice qui reflète bien l’ambiance des années 1970.
En ce qui concerne la programmation musicale, nous accueillerons, à la fin du mois de novembre, l’Orchestre de Chambre de Genève qui se produira avec L’Orchestre des Pays de Savoie. Le 18 décembre, nous aurons le privilège d’écouter un ensemble qui ne sort pas souvent de sa fosse, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. Il jouera La Valse d’hiver. Le 13 mars, viendra La Capella de St-Pétersbourg puis, le 3 avril, François Morel présentera son deuxième tour de chant. Outre la musique classique, nous sommes très branchés jazz et musiques du Monde. Dans ce cadre-là, nous accueillerons le David Reinhardt Trio dont le concert est déjà complet, le Eliane Erias Quartet, Carla Bley et Paolo Freysu, le Demi Evans Quintet et le Marcio Faraco Sextet.

Propos recueillis par Julie Bauer

Informations : http://www.mal-thonon.org/2009-2010/
Billetterie : http://billetterie.mal-thonon.org/web/web_accueil.htm