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Paris, Théâtre de la Ville : Lumière - [Arts-Scènes]
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Saison 2009-2010 du Théâtre de la Ville de Paris
Paris, Théâtre de la Ville : Lumière

Coup d’œil sur la saison du théâtre de la Ville.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 16 décembre 2009

par Jérôme ZANETTA

Une fois encore il faut redire l’intensité et la force de la programmation en cours au Théâtre de la Ville. Emmanuel Demarcy-Mota a su préserver la qualité d’ensemble de cette scène contemporaine incontournable.

Il sait aussi comme nulle part ailleurs convoquer des artistes qui continuent à chercher des voies théâtrales et chorégraphiques nouvelles pour nous entraîner vers d’autres formes de représentations. C’est en effet tous les artistes les plus décisifs de la scène actuelle que l’on retrouve au fil de la prochaine saison. Aussi bien lorsqu’il s’agit de s’arracher à une certaine routine artistique et de rendre tout son sens à « la création » quand elle joue son rôle de révélateur d’auteurs, de textes, d’esthétiques ou d’éthiques, et qu’elle prend des risques afin de résister à toute stratégie de normalisation culturelle, mais encore lorsqu’elle sait se souvenir des grands maîtres souvent encore bien vivants afin qu’ils donnent au public toute la mesure de leur regard artistique. Danse, théâtre et musique fondent cette alliance artistique qui permet de poursuivre la quête des chemins scéniques de demain.
Les premiers spectacles ont déjà pour nombre d’entre eux marqué les esprits. Jugez-en par vous-mêmes. Le Berliner Ensemble a fait son grand retour à Paris avec L’Opéra de quat’sous de Brecht, monté par Robert Wilson qui est l’un de ceux qui maîtrisent à la perfection l’image scénique et le temps musical, qualités nécessaires pour permettre le délicat exercice des voix qui relève du grand art dans cet opéra. L’amateur qui n’a pas eu la chance de voir le spectacle en septembre pourra retenter sa chance du 1er au 4 avril prochain. Et cela juste avant de voir le Berliner Ensemble dans un autre registre, monté par Claus Peymann, le Richard II de Shakespeare, sensible et direct. Du 8 au 11 avril 2010.

« L’Opéra de quat’sous » par le Berliner Ensemble
Photo Lesley Leslie-Spinks

Du 5 au 21 novembre, Jean Jourdheuil met en scène Heiner Müller avec la création de Philoctète, palimpseste génial qui recouvre l’œuvre première de Sophocle pour mieux la laisser transparaître par instants de façon radiographique, tragique et brutale, comme le proposait Hegel dans son Esthétique. Marc Barbé, Maurice Bénichou et Marc Berman en seront les instigateurs impitoyables. Du 14 au 19 décembre, la Compagnie Teatrocinema propose Sin Sangre d’après un roman d’Alessandro Baricco. Juan Carlos Zagal et Laura Pizarro nous livrent un spectacle brut et lyrique avec cet art de la fusion du théâtre et du cinéma, on voyage dans l’espace et le temps, dans les esprits et les corps, dans un réalité poétique nouvelle.
Dernier spectacle de l’ère 2009, Raoul est le dernier opus de l’indispensable James Thierrée qui a su enchanté les salles avec La Veillée des Abysses (2004) et Au revoir Parapluie (2007). Il revient seul dans un combat scénique avec lui-même. Encore une fois un univers singulier et génialement fou, fait de cauchemars, de monstres, de langages farfelus, d’aventures schizophrènes ; un monde sombre et étouffant, un spectacle qui semble précéder tous les autres, comme un prologue oublié aux échappées ultérieures. Nécessaire. Enfin, du 19 au 24 janvier, la reprise tant attendue d’une réussite théâtrale incontestable d’Emmanuel Demarcy-Mota, l’élégant et puissant Casimir et Caroline de Von Horvath ; une histoire d’amour tourmentée dans une fête foraine rongée par la crise. Avec des comédiens exemplaires : Sylvie Testud, Thomas Durand, Hugues Quester, Alain Libolt pour ne citer que ceux-là.

Danse
Pour la danse, comme d’habitude, la programmation est somptueuse, alors que d’aucuns ne semblent plus avoir conscience de la qualité des chorégraphes en présence tout au long de la saison.
Jusqu’au 5 novembre, le Théâtre de la Ville révèle les étonnantes inventions chorégraphiques de Brice Leroux, gestuelles fondamentales et retour à des mouvements habituellement invisibles, avec Solo n°2, sur le Poème symphonique pour cent métronomes de Ligeti. Hors du commun.

Merce Cunningham
© Mark Seliger

Les mois de novembre et décembre célèbrent la disparition de deux immenses figures de la scène contemporaine et l’art chorégraphique plus vivant encore que nous lèguent Pina Bausch et Merce Cunningham.
Du 11 au 17 novembre, on pourra revoir le fascinant et essentiellement liquide Vollmond (2006) pour douze danseurs, comme pour mieux mesurer la générosité infinie, l’humanité dansée de Pina Bausch qui offre au public des horizons artistiques inouïs et aura inscrit une énergie vitale au centre des ses chorégraphies qui n’a pas fini de brûler sur toutes les scènes, à l’image de cette coulée de lave noire sur un bord maritime dans Masurca Fogo, pour vingt danseurs, du 22 au 28 novembre.
Dans le même temps, la Brésilienne Lia Rodrigues proposera sa nouvelle création, toujours nourrie par le bruit, la fureur, mais aussi les silences d’une favela de Rio. Cet architecte du sensible est accueillie pour la première fois par le Théâtre de la Ville, du 25 au 28 novembre, aux Abesses.

Le chorégraphe suisse Gilles Jobin poursuit son expérience des conjectures imprévisibles de l’écriture chorégraphique avec Black Swan, création pour quatre danseurs, du 1er au 5 décembre. Du 2 au 12 décembre, on pourra constater l’ambition indéfectible du génial nonagénaire qui, jusqu’à la fin, aura vu grand pour traduire ses fameux fourmillements qui parcourent ses chorégraphie souvent explosives et très enjouées. Nearly Ninety est une création exceptionnelle qui réunit douze danseurs au sein d’un espace multiple conçu par l’architecte italienne Benedetta Tagliabue et mise en musique par Takehisa Kosugi, le multi-instrumentiste John Paul Jones et des très inspirés Sonic Youth.
Respectivement du 8 au 12 décembre et du 14 au 16 décembre, Boris Charmatz et Jérôme Bel poursuivront l’hommage rendu à Cunningham, sur les traces du maîtres, avec 50 ans de danse et un solo écrit pour le danseur Cédric Andrieux, comme autant d’occasion de s’interroger sur l’espace de la représentation dans la danse contemporaine.
L’année 2010 reprendra avec une habituée du Théâtre, Robyn Orlin qui avec Hibrah, écrit un solo qui lui permet de se confronter une fois de plus à un artiste africain, en la personne du génial danseur hip-hop Ibrahim Sissoko, passé aussi par le graff et le rap. Du 19 au 23 janvier.
Enfin c’est la première fois que l’on pourra voir 11 danseurs des îles du Pacifique faire souffler la tempête. Une déflagration chorégraphiée par Lemi Ponifasio avec Tempest : Without a body, du 27 au 30 janvier. A suivre.

Jérôme Zanetta