Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Saison 2009-2010 de la Comédie Française
Paris, Comédie : Le règne de l’argent

Muriel Mayette a présenté la programmation de la nouvelle saison.

Article mis en ligne le octobre 2009
dernière modification le 14 décembre 2009

par Régine KOPP

Le thème de l’argent au cœur de la programmation. Comédienne et metteur en scène, c’est toutefois en sa fonction d’administrateur du premier théâtre de France que Muriel Mayette a présenté la programmation de la prochaine saison. A la thématique du monstre succède celle de l’argent. 

« Nous allons interroger l’argent, dit-elle, ou comment l’argent transforme l’individu ». Un sujet pas très original mais consensuel et qui permet à la troupe de se demander quelle est sa place « dans les désordres du monde, de la catastrophe écologique ou financière » et de « transcender tant que faire se peut le réel, de recourir aux mots, aux paroles, aux langues réinventées des poètes ». Pour ce faire, elle dispose, il est vrai, non seulement d’une équipe hautement compétente de 57 comédiens, de 22 métiers, avec 400 salariés mais aussi d’un budget confortable de 36,1 millions d’euros. La saison passée a été la meilleure des dix dernières années pour la salle Richelieu et, autre point positif, l’autofinancement est en augmentation.

La saison s’ouvre (19 septembre) avec un grand classique, inévitable, quand on évoque ce sujet : L’Avare, « comédie noire de l’argent qui rend fou, qui conduit au crime, au suicide » souligne Catherine Hiegel qui en signe la mise en scène. Au théâtre du Vieux-Colombier, à partir du 18 novembre, on retrouvera Isidore Lechat, héritier digne d’Harpagon dans Les affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau que Marc Paquien, prix de la Révélation théâtrale en 2004, mettra en scène. Le 5 décembre (salle Richelieu), c’est un conte de taverne qui débute, dont les nombreux épisodes dressent un portrait vivant et gai de la sociabilité ordinaire du XV° siècle anglais, Les Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare, dont la mise en scène est confiée à une des stars du théâtre espagnol : Andrés Lima. Il monte des pièces à partir d’improvisations collectives sur des thèmes d’actualité ; par ailleurs, il a déjà rencontré la troupe.

Gian Manuel Rau mettra en scène « Quatre pièces de Feydeau » au Vieux-Colombier

Dès le 20 janvier 2010, le Théâtre du Vieux-Colombier accueillera un collectif d’artistes-créateurs belges et hollandais qui relira les grands textes du répertoire loin de tout dogmatisme esthétique, en empruntant ses méthodes au théâtre de tréteaux. Paroles, pas de rôles/vaudeville, par tg STAN, De Koe, Discordia, promet d’être, à en croire Muriel Mayette, le spectacle le plus inattendu de la saison. Quant à Muriel Mayette, elle se réserve de mettre en scène à partir du 13 février 2010 (salle Richelieu) Mystère bouffe de Dario Fo, dont ce sera aussi l’entrée au répertoire et qu’elle mettra en scène sous son regard, ajoute-t-elle. Le 10 avril, la salle Richelieu accueillera un metteur en scène mythique du théâtre du XX° siècle : Luca Ronconi. Il a choisi Les Oiseaux d’Aristophane, une interrogation sur la société et notre capacité à recommencer les mêmes erreurs. C’est Alain Françon, dont on n’est pas prêt d’oublier l’émouvante Cerisaie offerte au printemps dernier au théâtre de la Colline, qui fermera la saison de la salle Richelieu (à partir du 22 mai) avec Les Trois Sœurs d’Anton Tchékov.

Il nous faut encore signaler l’engagement du Suisse Gian Manuel Rau qui a créé plusieurs spectacles à la Schaubühne de Berlin ou encore au Théâtre de Vidy-Lausanne, et qui mettra en scène dès le 23 septembre au théâtre du Vieux-Colombier, Quatre pièces de Feydeau (Amour et piano, Un monsieur qui n’aime pas les monologues, Fiancés en herbe, Feu la mère de Madame). Le rapport entre l’art et l’argent est un sujet récurrent. La pièce qu’en a tirée Guy Zilberstein, Les Naufragés, et qu’Anne Kessler mettra en scène à partir du 24 mars 2010 au théâtre du Vieux-Colombier, décrit avec acuité les méandres nauséux du commerce de l’art. C’est avec La Folie d’Héraclès d’Euripide, mise en scène par Christophe Perton (à partir du 23 mai) que s’achèvera la saison au Vieux-Colombier, occasion pour le metteur en scène d’explorer la schizophrénie de l’héroïsme quand il est volontaire et se meut en fureur.

Jacques Vincey mettra en scène « Le Banquet » de Platon au Studio-Théâtre

On doit à la troisième salle de la Comédie française, le Studio-Théâtre, quelques belles productions ! La saison à venir nous propose de nouveau plusieurs spectacles prometteurs : Cocteau-Marais, conception et réalisation de Jean Marais et Jean-Luc Tardieu d’après l’œuvre de Jean Cocteau, dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu avec ce merveilleux comédien qu’est Jacques Seyres. Le 26 novembre, merveilleux et féerie sont au rendez-vous avec Véronique Vella, sociétaire depuis 1989, qui montera le conte du Loup de Marcel Aymé. Le Studio-Théâtre veut aussi donner la parole aux écrivains contemporains : Suzanne Lebeau avec Le bruit des os qui craquent (11 février 2010) et Carine Lacroix avec Burn baby burn (25 février 2010) proposent un rendez-vous social très fort. Pour clore la saison (25 mars 2010), c’est une conversation sur l’amour qui nous est proposée avec Le Banquet de Platon auquel s’intéressera le metteur en scène et scénographe Jacques Vincey.

Par ailleurs, chaque saison la Comédie-Française innove avec des projets artistiques différents : une soirée René Char et Albert Camus est prévue le 1° juin 2010, des lectures d’acteurs avec Le Monde des livres, des visites-spectacles avec un comédien, des portraits d’acteurs de la Comédie-Française, des portraits de métiers, des cartes blanches à certains comédiens, des cycles de lectures d’auteurs contemporains, car la troupe a à cœur d’être au plus près des questionnements du spectateur. Jouer la proximité avec le spectateur, telle est la devise de la troupe.

Régine Kopp

Plus d’infos sur : http://www.comedie-francaise.fr