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Saison 2009-2010 du Théâtre Saint-Gervais
Genève, St. Gervais : Trois archipels

Philippe Macasdar évoque la prochaine saison.

Article mis en ligne le octobre 2009
dernière modification le 25 octobre 2009

par Rosine SCHAUTZ

Philippe Macasdar a bien voulu se prêter au jeu des trois questions posées par Scènes Magazine. Il évoque ainsi la prochaine saison.

Comment s’est élaborée la programmation de cette saison ? Quels en sont les points forts ?
Notre saison se construit autour d’un axe fait de connexions, d’interactions, d’oppositions, de manière à créer trois archipels regroupant des projets, des sujets ou des types d’expressions permettant une lecture transversale de la saison.
Le théâtre est poreux par essence, accueillant et disponible aux expériences. A St-Gervais, le théâtre se trouve au centre de la programmation, mais relativement aux autres arts. Notre scène est ouverte à de multiples disciplines qui rayonnent dans toute la maison, et que le théâtre en quelque sorte cristallise et fédère.

« Les trois sœurs » de Tchekhov, dans une mise en scène de Pogrebnitchko

Ces archipels se déclineront sur trois modes, celui des compagnies, celui des langues et celui des autres formes artistiques. Pourquoi ? D’abord, nous tenons à accompagner, sur la durée, le travail des compagnies avec lesquelles nous entretenons des relations riches, comme celles de Gomez Mata, de Pinsard, Salama, Geffroy ou Richer. Cette saison, il y aura aussi plusieurs nouveaux venus. Marie Fourquet investit l’imaginaire des hommes avec une acuité mordante. Soltermann sait articuler une écriture du cri et de la colère lancée à la face du monde. Démarches toniques donc, et que j’espère salutaires !
L’archipel des langues mettra en relief l’expérience menée par Julie Beauvais au Nicaragua. Jeune metteur(e) en scène suisse, elle a monté Le Cercle de craie caucasien de Brecht, avec des actrices du pays. Elles présenteront, en espagnol et en français, le produit de ce choc culturel. La Russie sera à l’honneur avec Les trois sœurs en russe, mis en scène par Pogrebnitchko. St-Gervais fera aussi découvrir une grande figure du théâtre portugais, Hélder Costa, avec deux spectacles, l’un en français, l’autre dans sa langue originale.
Quant aux autres formes artistiques, nous continuerons à mener des expériences, par exemple avec La Banque du miel qui nous aidera à comprendre en quoi ‘time is honey’, et nous donnera des pistes pour mieux lire la cité et la société dans laquelle on vit.
Egalement – à ne pas manquer – une rétrospective de Marcel Ophuls orchestrée par Gazut. St-Gervais se veut aussi mémoire visuelle, mémoire en mouvement, mémoire vivante.

Pourquoi avoir repris cette saison certains anciens spectacles ?
D’abord pour stopper la fuite en avant caractéristique de la production de spectacles sans horizons ni débouchés, c’est-à-dire sans tournées. En Suisse romande, la majorité des spectacles se limitent à leur période de création. Puis on passe à autre chose, quel gâchis ! Alors que pour que les productions se bonifient, il faut les jouer longtemps. D’où ces reprises qui partiront en tournée, permettant à de nouveaux spectateurs d’en profiter.

Vous parlez souvent d’un ‘théâtre inscrit dans le collectif’, que voulez-vous dire par cette formule ?
Que le théâtre est un art fait par un groupe de personnes qui ensemble essaient de créer, créer de la communauté, de la contradiction, du jeu, dans tous les sens du terme : à la fois du mouvement, de l’espace, du déséquilibre entre les choses et la pensée, et aussi du divertissement à l’état pur. C’est la quête d’un art de vivre ensemble, dans l’esprit d’invention joyeuse, d’exaltation inquiète et partageuse.

Propos recueillis par Rosine Schautz