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Genève, Comédie : Vieux murs mais idées fraîches - [Arts-Scènes]
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Saison 2010-2011 de La Comédie de Genève
Genève, Comédie : Vieux murs mais idées fraîches

En piste pour la dernière saison d’Anne Bisang à la tête de La Comédie.

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 7 juillet 2010

par Julien LAMBERT

De grands questionnements, des histoires éternelles revisitées, du mordant politique et des échappées poétiques, du théâtre, du chant, de la danse, de la vidéo, des hommes en proie aux mystères de l’existence, des femmes, idolâtrées ou fragilisées, chargées de lourds pouvoirs politiques ou de la non moins dure “assumation“ de leur corps : il faut de tout pour faire une Comédie…

C’est sous un drôle de chapiteau bleu et jaune qu’Anne Bisang et l’équipe de la Comédie de Genève ont présenté la saison 2010-2011 du théâtre, mais surtout à l’emplacement de la future Nouvelle Comédie, dont il faut espérer que les murs et surtout les spectacles remplacent, d’ici quelques années, ce terrain vague entre herbe et rails. Des rails déjà hautement symboliques, puisque c’est sous les auspices du futur CEVA, « au cœur d’une liaison nouvelle entre la Suisse et la France », qu’Anne Bisang a souhaité voir la culture se développer.

Rêver un monde humain
La saison qui s’annonce veut témoigner, selon la directrice, d’une « capacité des artistes à répondre aux crises par des œuvres à dimension humaine », telle La Vie est un rêve de Calderón, que Galin Stoev gonflera de son énergie scénique après Oxygène, véritable poumon dramatique essoufflé dans une paire de micros : un des meilleurs spectacles cette saison. Les Hommes avec un grand H, on n’en aura jamais fait le tour, d’où la promesse réjouissante de Dorian Rossel, metteur en scène qui a le vent en poupe à force de prouver qu’aucun matériau n’est pour lui intraduisible sur les planches. Après un documentaire policier, Soupçons, c’est L’Usage du monde de Nicolas Bouvier qu’il va adapter. Rossel compare ainsi son travail d’adaptation d’un langage extrascénique à l’effort qu’a fourni l’écrivain suisse pour rendre compte par l’écriture d’un voyage qui l’avait laissé “sonné“.

Isabelle Huppert dans « Un Tramway nommé désir », adaptation signée K. Warlikowsi
© Pascal Victor.

Odyssées féminines
Mais plus que celui d’Homme, c’est le mot de femme qui a résonné sous le chapiteau des spectacles à venir. Anne Bisang poursuit sa déclinaison du thème de la nature féminine et de la position de la femme dans la société au gré de propositions d’une heureuse diversité. Ainsi, elle-même mettra en scène une réécriture théâtrale de L’Honneur perdu de Katharina Blum , d’Heinrich Böll, par Jérôme Richer. Popularisé par l’écran et le film de Schlöndorff et von Trotta, ce roman suit le cauchemar d’une anonyme traînée dans la boue par la presse à scandale pour avoir hébergé sans le savoir un terroriste.
Plus radicale comme à son habitude, Maya Bösch avec son équipe intégralement féminine revient à sa passion pour Elfriede Jelinek et traite du “drame féminin“, en partant du rapport de la femme à son corps, dans Princess Nation , d’après les Drames de princesses de l’explosive auteure autrichienne. Elle dit en souriant : « Nous aurons la pression de faire un tel spectacle à la Comédie après onze ans de direction orientée sur la défense de la cause féminine, nous espérons donc un vrai choc avec la Comédie et son public ». On lui fait confiance. Plus classique, la Mary Stuart de Schiller oppose deux femmes, deux archétypes de souveraines. Le metteur en scène Stuart Seide, qui l’a créée à Lille, la situe « à la frontière de l’épique et de l’intime, entre Shakespeare et Ibsen ». Deux femmes encore dans Le Mystère du bouquet de roses de Manuel Puig, scénariste du Baiser de la femme araignée, pour mettre en écho non plus des systèmes politiques, mais les abysses de deux âmes ; une mise en scène de Gilberte Tsaï créée à Montreuil cette année.

Retours
Outre la tonalité féminine, la programmation 2010-2011 concentre presque sans exception les figures qui auront le plus marqué les “années Bisang“. Ainsi d’Isabelle Huppert, qui clora la saison dans une adaptation d’ Un Tramway nommé désir signée Krzysztof Warlikowski, dont les fantômes de sacrifiées ont déjà hanté le BFM cette saison dans (A)pollonia. Actrice fétiche de la directrice, Yvette Théraulaz chantera des textes personnels et de célèbres chansons françaises sur le thème du temps, avec la complicité du jeune metteur en scène François Gremaud. Il y a de quoi se réjouir surtout de voir revenir Christophe Perton, dont le génie dramaturgique a explosé cette saison dans un Roberto Zucco mémorable. Avec Les Grandes personnes , qu’il a commandé à la lauréate du Goncourt, Marie Ndiaye, le metteur en scène abordera la question de la pédophilie, mais aussi de « l’intrusion des morts chez les vivants ».
Enfin la Comédie cultive son image de lieu d’ouverture aux autres formes artistiques, en accueillant une nouvelle fois une chorégraphie de la très contemporaine La Ribot : PARAdistinguidas , ainsi qu’un projet « SOS » interdisciplinaire du plasticien et vidéaste Yan Duyvendak et de la scénariste Nicole Borgeat, sur le sentiment d’échec. Moins clinquant avec son titre à l’accent désuet, Loin de Corpus Christi de Christophe Pellet, mis en scène par Michael Delaunoy, ne s’avère pas moins passionnant, en faisant dialoguer les images vidéo et les acteurs de chair pour traiter du dangereux pouvoir de fascination de l’image, à mi-chemin entre les sphères privées et politiques.

Julien Lambert

Abonnements au 022 809 60 72.
Programmation complète sur www.comedie.ch