Le Festspielhaus propose une programmation éclectique et hautement qualitative.
Inauguré en grande pompe, le Festspielhaus a été très vite confronté à de graves difficultés. Avec la nomination de Andreas Mölich-Zebhauser, une nouvelle ère s’est ouverte.
Il n’est pas peu fier d’avoir réussi à inscrire son institution on the map comme l’écrivit dès 2001 le New York Times. La salle de concert et d’opéra (2500 places) se place parmi les plus grandes d’Europe et ses cent vingt spectacles annuels attirent plus de deux cents vingt mille mélomanes. L’autre particularité, unique en Europe, tient à son financement, assuré complètement par des fonds privés ; une fondation ayant été constituée comme organe de tutelle. Sponsoring et mécénat sont en régulière augmentation et couvrent 30% d’un budget total de vingt millions d’euros dont 60% proviennent de la billetterie, le reste résultant des droits de retransmission télévisée. Pour le directeur qui sait combien ses contributeurs privés sont chatouilleux sur le sujet, il importe que « chaque euro soit directement investi dans des projets concrets ».
Du point de vue de la programmation, le directeur a développé un concept original qui propose quatre temps forts, sous forme de festival : le festival d’automne, le festival d’hiver, le festival de Pentecôte, le festival d’été ; chacun présentant au moins une œuvre lyrique scénique. Les grands orchestres se poussent au portillon : Chamber Orchestra of Europe, Wiener Philharmonique (venu en oct.), Philharmonia Orchestra de Londres avec Lorin Mazel (nov.), Staatskapelle de Dresden avec Christoph Eschenbach (déc.). Suivront en janvier et février : Münchner Philharmoniker, Royal Scottisch National Orchestra. Puis au printemps 2010 : Orchestre National de Russie avec les deux frères Capuçon ; Mahler Chamber Orchestra ; Orchestra of the Age of Enlightenment dirigé par Simon Rattle ; Orchestre de Cleveland et son chef Franz Welser-Möst. Afin d’éviter de n’être qu’un garage pour orchestre, le directeur travaille régulièrement avec quatre chefs d’orchestre : Thomas Hengelbrock, Claudio Abbado, Christian Thielmann qui dirigera le cycle du Ring de 2011 à 2013 et surtout Valery Gergiev, compagnon de route fidèle du Festspielhaus.
Avec son orchestre et le chœur du Théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg, il dirigera l’opéra de Rossini, Le Voyage à Reims, la mise en scène étant signée par Alain Maratrat (16, 18 juillet 2010). Le 17 juillet, Valery Gergiev dirigera le Requiem de Verdi. Le 19 juillet, c’est encore et toujours Valery Gergiev qui, à la tête de sa phalange, dirigera Anne-Sophie Mutter dans le Deuxième Concerto de violon de Sofia Gubaidulina. Quant aux solistes qui se produisent à Baden-Baden, c’est le who is who international qui défile.
Du côté des voix, on pourra entendre en récital Waltraut Meier, Anne Sofie von Otter, Renée Flemming, Ramon Vargas, Roberto Alagna ou Thomas Quasthoff. Du côté des instrumentistes, notons la présence de Maurizio Pollini, Krystian Zimerman, Anne-Sophie Mutter, Yaja Wang. Parmi les interprètes plus jeunes, on peut citer la violoniste Lisa Batiashivili, le pianiste Martin Stadtfeld, le violoncelliste Sébastien Klinger.
Mais le Festspielhaus ne veut pas se limiter au seul répertoire classique. C’est pourquoi des programmes de danses, mais aussi de jazz ainsi que de comédies musicales sont proposés. En somme, une programmation éclectique et hautement qualitative, où la musique contemporaine reste cependant le maillon faible, sponsors et mécènes jugeant cette musique trop souvent hermétique. Le Festspielhaus de Baden-Baden vaut en tout cas le détour, d’autant plus que la ville offre quelques très beaux musées d’art et surtout une multitude d’hôtels pour toutes les bourses.
Régine Kopp