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Saison 2008-2009 de la Comédie Française
Paris, Comédie française : La mesure dans la démesure

Le fil conducteur de la programmation pour la prochaine saison : donner à entendre le répertoire, autour des grandes figures monstrueuses.

Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 28 octobre 2008

par Régine KOPP

Quelle étrange coïncidence que d’assister le matin à la conférence de presse de Muriel Mayette, l’administrateur de la Comédie Française et d’apprendre, quelques heures plus tard, la mort brutale de Christine Fersen, comédienne exceptionnelle de la troupe.

D’emblée, Muriel Mayette annonce les couleurs. Elle veut donner à entendre le répertoire, autour des grandes figures monstrueuses. «  Hisser les monstres de l’illusion en haut de l’affiche. Interroger notre capacité à l’excès. Où sont les limites ? Y a-t-il un point de non-retour ? Comment trouver l’équilibre ? Donner à voir les dérapages, mieux reconnaître les nôtres », tel est le fil conducteur de la programmation pour la prochaine saison, pour les trois salles : Salle Richelieu, Vieux-Colombier, Studio-Théâtre.
Une orientation qui permet d’interroger le monde dans lequel nous vivons, en mettant l’accent sur la magie de l’illusion. Cela démarre dans la salle Richelieu (18 septembre) avec Fantasio de Musset et une mise en scène de Denis Podalydès, dont la vocation d’acteur a été suscitée par cette pièce, qui flirte avec un désespoir profond. En même temps, débarquent au Studio Théâtre (19 septembre) Les Métamorphoses , en coproduction avec le Théâtre de Gennevilliers. Philippe Minyana a donné une nouvelle version du texte d’Ovide, où les monstres se transforment en oiseaux et où nous aurons rendez-vous avec la grande illusion.

« Les Métamorphoses »
© photo Brigitte Enguérand

Au Théâtre du Vieux-Colombier (24 septembre), c’est une femme metteur en scène, Irène Bonnaud qui monte Fanny de Marcel Pagnol, en sortant la pièce de son contexte marseillais et en nous montrant la tragédie des gens ordinaires. Le 19 novembre, dans ce même théâtre, c’est encore une femme qui a été choisie pour mettre en scène Le voyage de Monsieur Perrichon de Labiche. Julie Brochen, nommée en 2008 directrice du Théâtre National de Strasbourg, rapproche Labiche de Tchékov pour l’authenticité de ses personnages, mettant en lumière les failles de chacun.
Au total cinq nouvelles mises en scène sont programmées dans la salle Richelieu. L’illusion théâtrale est au cœur de L’Illusion comique de Corneille. Il est donc tout à fait naturel que la pièce figure dans la programmation (8 décembre) avec une nouvelle mise en scène de Galin Stœv, metteur en scène bulgare qui veut nous montrer que l’illusion est aussi dans notre vie et dans le monde. Muriel Mayette souligne qu’il est important de convoquer des metteurs en scène étrangers pour qu’ils nous donnent leur écoute. Le 7 février, c’est l’entrée au répertoire de L’Ordinaire de Michel Vinaver, qui mettra lui-même en scène cette histoire d’un fait divers, le crash d’un avion.
Le 28 mars, c’est l’entrée au répertoire d’un grand auteur italien Eduardo De Philippo avec La Grande Magie , qui nous raconte que l’illusion est la vérité et que la vérité n’existe pas. Metteur en scène de l’illusion, Dan Jemmett semble être le magicien de la circonstance. Le 23 mai, Muriel Mayette se réjouit d’accueillir Jean-Pierre Vincent qui a gardé une liberté de paroles, pour s’attaquer à la figure du tyran et mettre en scène Ubu Roi de Jarry, qui fera également son entrée au répertoire.

Ouverture
Au Théâtre du Vieux-Colombier, le 28 janvier 2009, Muriel Mayette mettra en scène l’expérience monstrueuse que nous raconte La Dispute de Marivaux. Une proximité avec la troupe qu’elle ne veut pas perdre, souhaitant aussi diriger la troupe de l’intérieur, a-t-elle expliqué lors de la présentation de la saison. Le 25 mars, toujours au Vieux-Colombier, Lars Noren, l’auteur de Pur sera aussi metteur en scène d’un quatuor de deux couples qui ne peuvent oublier leur passé. Au Studio-Théâtre (29 janvier), on fêtera les 100 ans d’Ionesco. C’est à Jean Dautremay, homme rigoureux avec un monde imaginaire très fort qu’est confiée la mise en scène des Chaises . Il va interroger ce théâtre de l’absurde si audacieux lors de sa création. Dans ce même lieu (26 mars) et en coproduction avec le théâtre de Gennevilliers, Faustin Linyekula, metteur en scène chorégraphe va travailler sur Bérénice de Racine, pour mettre en valeur cette dimension musicale du corps.
Pour Muriel Mayette, il est important que la maison qu’elle dirige s’ouvre au monde. Que ce soit avec la banlieue et le théâtre de Gennevilliers, avec lequel se tissent des liens, ou avec les dix pays de l’est, membres de l’Union Européenne, dans lesquels la Comédie Française se rendra au cours de l’année. Par ailleurs, cette maison de Molière multiplie les propositions, cartes blanches, cycles de lecture, hommages, débats, projections. Un hommage à Molière est prévu pour sa fête anniversaire, en direct de Prague. Présidant l’Union Européenne, la France en profite pour rappeler que l’Europe se construit aussi grâce à la culture.

Régine Kopp

Note : un nouveau site internet plus moderne et plus efficace a été mis en place et permet de réserver.