Si l’an dernier, l’esprit du théâtre Nô était le fil rouge de la saison de l’Opéra de Lyon, c’est le thème des « héros perdus » qui domine cette nouvelle saison.

Ainsi, si La Clemenza di Tito de W.A. Mozart, le spectacle d’ouverture de la saison, se termine sur un « happy ending », le drame sourd tout au long de l’intrigue et la violence ne sera finalement apaisée que grâce à la raison et à la clémence. Jérémie Rohrer qui vient de signer un superbe Orphée et Eurydice au Festival de Beaune dirige le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. Dans le rôle-titre, on retrouve le ténor Andrew Kennedy que Lyon accueillait l’an dernier dans The Rake’s Progress, la mezzo-soprano suédoise Ann Hallenberg (Sesto) saluée pour ses enregistrements d’opéras de Vivaldi (Orlando Furioso) et de Händel (Tolomeo) et la soprano Alexandrina Pendatchanska (Vitellia) reprenant le rôle de l’enregistrement de La Clemenza di Tito de René Jacobs. La mise en scène est confiée à l’originalité de Georges Lavaudant dont Lyon avait apprécié le travail lors du Luci mie traditrici de Sciarrino (A partir du 11 octobre 2008).
Pour le spectacle de fin d’année, les protagonistes de Die Fledermaus de Johann Strauss se perdent dans leur bourgeoisie décadente. Sous la baguette du chef français Emmanuel Krivine, on note le retour du baryton Dietrich Henschel (Eisenstein) que l’Opéra de Genève avait applaudi dans son Beckmesser de l’inoubliable production des Meistersinger von Nürnberg. A ses côtés la Rosalinde de la soprano Nicola Beller Carbone, l’extraordinaire récente Salomé de Turin (A partir du 17 décembre 2008).
Puis, fidèle à sa tradition, l’Opéra de Lyon présente son mini-festival de trois opéras en trois jours. Sous le thème, « si les héros ont leurs passions, ils ont aussi leurs prisons » comme le souligne le directeur de l’institution lyrique lyonnaise Serge Dorny, Le Joueur de Prokofiev ouvre les feux avec l’enfermement d’Alexeï dans la prison du jeu. Une nouvelle production où le chef japonais Kazushi Ono, nouveau directeur musical de l’Opéra de Lyon dirige le superbe ténor Misha Didyk (A partir du 22 janvier 2009).

Un événement insolite réside sans contredit dans la production de In the Penal Colony de Philip Glass d’après le roman de Franz Kafka où le public assistera à cet opéra dans le sein même de la Maison d’arrêt de Lyon (A partir du 23 janvier 2009).
Enfermement encore que celui de l’amour de Tristan et Iseult exacerbé avec Le Vin Herbé de Frank Martin avec la soprano Sinead Muhlern sous la direction du metteur en scène Wylli Decker, le même qui s’est taillé un succès sans précédent avec sa mise en scène de La Traviata de Salzbourg en 2003 avec Rolando Villazon et Anna Netrebko (A partir du 24 janvier 2009).
L’opéra français à l’honneur avec l’étincelant Le Roi Malgré Lui d’Emmanuel Chabrier. Ce spectacle créé sur la scène lyonnaise en 2003 n’a certainement pas pris une ride. Et ce n’est pas la distribution renouvelée qui empêchera Laurent Pelly de ne pas utiliser ses acteurs pour les pousser au bout de leurs possibilités comiques (A partir du 26 février 2009).
Autre enfermement, celui du Dr. Schön envoûté par la perversité sulfureuse de Lulu , l’héroïne d’Alban Berg. Une nouvelle production signée Peter Stein, un habitué de la scène de Lyon qui dirige les pas de la soprano jeune Kerstin Avemo (A partir du 20 avril 2009).
Puis, Mort à Venise de Benjamin Britten ou l’impossible évasion de l’écrivain Gustav von Aschenbach découvrant la beauté ensorcelante du jeune Tadzio. C’est l’acteur, chorégraphe et metteur en scène japonais Yoshi Oida qui reprend pour l’Opéra de Lyon son travail déjà monté avec succès à Aldebourgh, à Bregenz, à Prague (A partir du 23 mai2009).

Clôturant la saison lyrique de l’Opéra de Lyon, La Traviata de G. Verdi voit l’héroïne s’enfermer dans l’agonie et la mort, victime de sa passion immodérée pour les hommes et de son renoncement au seul véritable amour de sa vie. Cette reprise d’un des spectacles parmi les plus investis du metteur en scène Klaus Michaël Grüber, décédé ce printemps, voit la soprano albanaise Ermonela Jaho, une voix dramatique à souhait, tenir le rôle-titre (A partir du 23 juin 2009).
En version de concert, l’admirable Anna Bolena de G. Donizetti avec Evelino Pidò au pupitre dirigeant la soprano Ermonela Jaho dans le rôle-titre alors que Giovanna Seymour est interprétée par la mezzo soprano italienne Sonia Ganassi (Le 20 novembre 2008). Enfin, un opéra pour enfants d’Isabelle Albouker, Jérémy Fishe r, une commande de l’Opéra de Lyon à la compositrice française (A partir du 22 avril).
Si, au moment où nous mettons sous presse, quatre spectacles de ballet auront déjà fermé leurs portes, restent trois spectacles à voir. Et non des moindres. D’abord avec la conception de Angelin Preljocaj du classique Roméo et Juliette de Prokofiev (A partir du 6 novembre 2008). Puis Giselle d’Adolphe Adam chorégraphié par Mats Ek (A partir du 22 mars 2009). Enfin les chorégraphes Christian Rizzo et Alain Buffard présentent respectivement Création et Mauvais Genre #10 (A partir du 9 juin 2009).

Jacques Schmitt

– 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25 octobre : « La Clemenza di Tito » (Mozart)
– 20 novembre : « Anna Bolena » (Donizetti) dir. Evelino Pido
– 17, 19, 21, 23, 26, 28, 29, 31 décembre, 1er janvier : « Die Fledermaus » (J. Strauss fils) dir. Krivine, m.e.s. Langdal
– 22, 25, 27, 29 janvier, 1er, 3, 5 février : « Le joueur » (Prokofiev) m.e.s. G. Jarzyna
– 23, 31 janvier, 2, 4 février : « In the Penal Colony » (Glass) dir. Brunel
– 24, 26, 28, 30 janvier : « Le vin herbé » (Martin) dir. Layer, m.e.s. W. Decker
– 26, 28 février, 1er 3, 5, 6, 8 mars : « Le Roi malgré lui » (Chabrier) m.e.s. L.Pelly
– 20, 22, 24, 26, 28, 30 avril, 2 mai : « Lulu » (Berg) dir. K. Ono, m.e.s. Peter Stein
– 22, 24, 25, 26, 29 avril : « Jérémy Fisher » (Aboulker)
– 23, 24, 26, 28, 30 mai : « Death in Venice » (Britten) dir. Brabbins
– 23, 25, 27, 29 juin, 1er 3, 5, 7 juillet : « La Traviata » (Verdi) dir. Korsten, m.e.s. Grüber
Location : tél. 0826 305 325, http://www.opera-lyon.com