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Saison 2008-2009 du Grand Théâtre de Genève
Genève, Grand Théâtre : L’affiche lyrique

Grand Théâtre : ultime saison de Jean-Marie Blanchard

Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 24 octobre 2008

par Jacques SCHMITT

Avec son ultime saison à la tête du Grand Théâtre de Genève, Jean-Marie Blanchard appose sa signature avec l’encre qui a dominé son règne, celle
de la découverte de spectacles souvent destinés à secouer les idées
conservatrices de bien des amateurs d’art lyrique.

En effet, sans vouloir tirer ici un véritable bilan de sa direction, il faut bien reconnaître à Jean-Marie Blanchard le talent d’avoir fait découvrir, avec des réussites plus ou moins discutables, d’autres manières de voir l’opéra. Si, sous son règne, la scène du Grand Théâtre de Genève n’a pas souvent privilégié la venue des meilleurs chefs d’orchestre ou des plus grands chanteurs d’opéra, elle a pu assister à quelques mises en scène dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’ont laissé dans l’indifférence, ni le public, ni la critique. Plus particulièrement, les spectacles mis en scène par Olivier Py.

Grand Théâtre de Genève
© Mario Del Curto

Hommage & événement
Pour lui rendre hommage, Jean-Marie Blanchard lui offre pas moins de trois spectacles sur les huit qui composent sa saison d’opéra. Au prétexte d’un fil rouge se référant à une Trilogie du diable, trois opéras mis en scène par Olivier Py ouvriront la nouvelle saison 2008-2009. Le public genevois découvrira sa conception du Freischütz de Carl Maria von Weber (dès le 9 octobre 2008). Cet opéra sera suivi par la reprise de La Damnation de Faust d’Hector Berlioz, qu’Olivier Py avait présentée sur la scène du Grand Théâtre de Genève en juin 2003. C’est à John Nelson (dès le 14 octobre 2008) que reviendra la direction d’orchestre. Autre reprise d’un spectacle datant de 2002, Les Contes d’Hofmann de Jacques Offenbach clôtureront ce cycle diabolique (dès le 19 octobre 2008).
La fin d’année sera pétillante avec une nouvelle production de La Chauve-Souris de Johann Strauss Jr. (dès le 12 décembre 2008).
Ce qui pourrait bien être l’événement de cette saison 2008/2009 verra la scène genevoise habitée par la Salomé de Richard Strauss, absente de cette maison depuis la superbe mise en scène qu’avait réalisée Maurice Béjart lors de la saison 1982-1983 avec l’étonnante Julia Migenes-Johnson dans le rôle-titre. Pour cette nouvelle production, si la mise en scène sera signée Nicolas Brieger (dont Genève se souvient de ses superbes Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch et autre Galilée de Michael Jarrell), Genève découvrira la Salomé de Nicola Beller Carbone dont la récente prestation de ce même rôle sur la scène du Regio de Turin a enthousiasmé le public. Kim Begley, le superbe Monsieur Broucek de Genève, sera Hérode aux côtés de l’Hérodiade ex-Salomé Catherine Malfitano (dès le 13 février 2009).
C’est le chef anglais Donald Runnicles qui dirigera le Peter Grimes de Benjamin Britten. Daniel Slater, de retour à Genève, après ses très beaux Don Pasquale et La Petite Renarde Rusée en assurera la mise en scène.
Evelino Pidò tiendra la baguette dans l’ultime spectacle de la saison genevoise. À l’affiche, Il Trovatore de Giuseppe Verdi (dès le 5 juin 2009)

« Salomé » en février 2008 au Teatro Regio de Turin, avec Nicola Beller Carbone dans le rôle-titre
Crédit photographique : Ramella & Giannese – Fondazione Teatro Regio di Torino

Etrange création
Précédant ce dernier spectacle, une étrange création – Conversations à Rechlin – devrait intéresser plus d’un amateur. Martine Chevalier, ancienne collaboratrice du Grand Théâtre de Genève reconvertie dans la littérature, a commis un roman racontant l’histoire touchante d’une cantatrice prisonnière du camp de concentration de Rechlin. Avec son accompagnatrice qui a préféré être emprisonnée, elle aussi, plutôt que d’abandonner son amie chanteuse, les deux femmes passent un curieux contrat avec leur geôlier, homme de culture qui apprécie la musique de Schubert. En échange d’un certain confort, elles lui offriront un récital journalier de lieder de son compositeur favori. Le cinéaste François Dupeyron (dont on se souvient de son succès de l’écran avec La Chambre des officiers) a réalisé l’adaptation de ce roman pour le livret de cet opéra intimiste parsemé de musiques de Schubert, de Schumann et de Wolf. Le metteur en scène Pierre Strosser, dont Genève a applaudi son formidable Die Meistersinger von Nürnberg en 2006, dirigera la mezzo-soprano fribourgeoise Marie-claude Chappuis qui créera à cette occasion le rôle de la cantatrice (dès le 8 mai 2009).
Comme nous le soulignions en tête de cette présentation, peu de grands noms de l’art lyrique ont foulé les planches du Grand Théâtre. Cette saison ne fait pas exception à la règle même si on note la présence de la soprano lettone Elina Garanca qui sera la Marguerite de La Damnation de Faust ainsi que le retour de la soprano Patricia Petitbon dans la reprise de sa formidable interprétation d’Olympia dans Les Contes d’Hofmann. La magnifique Zerbinette d’Ariadne aus Naxos, la soprano Jane Archibald revient à Genève pour chanter Adèle dans La Chauve-Souris.
En résumé, une saison qui, à première vue, ne semble pas particulièrement enthousiasmante d’un point de vue de la nouveauté. Mais, comme c’est souvent le cas, ce sont derrière les apparentes zones d’ombre qu’émergent les spectacles les plus surprenants.

Jacques Schmitt

Pour plus d’informations : http://www.geneveopera.ch-index.php?id=1&saison=08-09