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Saison 2008-2009 du Théâtre Alchimic, Genève
Genève, Alchimic : Baptême… et saison

Présentation de la saison de L’Alchimic, le nouveau théâtre qui s’est ouvert aux Acacias.

Article mis en ligne le octobre 2008
dernière modification le 30 octobre 2008

par Sylvia MEDINA-LAUPER

C’est dans un mouchoir de poche que le tout nouveau Théâtre Alchimic s’est équipé sur l’avenue industrielle des Acacias. Pierre-Alexandre Jauffret, son directeur, a créé sa compagnie en 2000 afin de prolonger son expérience dans le théâtre et l’opéra en parallèle, en privilégiant le théâtre de geste et d’objets. Une manière de « lier les deux bouts ».
La saison à venir promet d’être riche en créations et en surprises.

Le challenge n’a pas été facile, car le souhait le plus profond de cet homme de passion a été d’encourager une ligne artistique pluridisciplinaire, pour lui il faut : « utiliser plusieurs vecteurs par lesquels passe le langage », tels les objets, les textes bien sûr, mais aussi la musique, le geste, la vidéo, les enregistrements, etc… La création locale fait régulièrement appel à d’autres formes d’expression que le théâtre traditionnel. Et l’Alchimic se profile comme le lieu idéal pour ce genre de projets. Nous en voulons pour preuve l’exemple du spectacle de la saison prochaine, Don Quichotte avec trois personnages en chair et en os et les autres en vidéo. Des spectacles sous forme de laboratoire. Mais voilà, pour lancer ce genre de production novatrice, la troupe souffrait de ne pas avoir de lieux où se produire, le cette « école » manquait de «  lettres de noblesse », et ce malgré quelques représentations ponctuelles :
L’Apocalypse au BFM associant lecture et mouvement pour remplacer les effets spéciaux, ou Paroles d’anges dans le Parc de Vandoeuvres.

Défi
En fait, pour ouvrir ce lieu pour sa compagnie et toutes celles qu’il aimerait soutenir, Monsieur Jauffret s’est trouvé un peu devant le choix contraint (oxymore qui lui sied à merveille) de devenir directeur. Il en a pris son parti et « trouve ça vraiment intéressant de combiner les responsabilités artistiques avec les contingences organisationnelles, d’être investi par les projets des autres. De toute façon, la priorité est de faire de ce lieu un lieu de création ». Le défi est réussi haut la main pour cette première saison !

Pierre-Alexandre Jauffret

Devant un enthousiasme aussi contagieux qu’efficace, on attend cette première saison tout en étant conscient qu’elle est encore « en pointillés » car l’infrastructure doit encore être peaufinée, vu qu’il reste à faire un gros travail logistique pour installer un lieu tout équipé qui sera vraiment exploité la saison prochaine avec une programmation dont toute l’équipe est très fière. Notons juste pour l’instant, seule la première partie est en place, soit d’octobre 08 à janvier 09. La deuxième partie sera lancée en décembre et nous ne manquerons pas de vous en toucher un mot.

Programme
Simplement compliqué , de Thomas Bernhard, du 7 au 12 octobre 2008. Seul dans sa chambre en désordre, un vieillard monologue en clouant une plinthe. L’ordinaire, la simplicité ne sont qu’apparences. Il se coupe chaque jour un peu plus de la compagnie des hommes, sans pouvoir y renoncer tout à fait. « Où que nous regardions, nous sommes au cœur d’un processus catastrophique de crétinisation », dixit Thomas Bernhard.
Suivi de 5 créations, pas moins. Les 7 nouvelles de Tchékov, du 28 octobre au 9 novembre. « Les gens ne vont pas au pôle du Nord. Ils vont au bureau, se disputent avec leur femme et mangent de la soupe. » - Anton Tchekhov. C’est ainsi que des désirs non assouvis d’un personnage naissent de petites frustrations. Une insatisfaction fondamentale s’installe qui tend à faire rejeter la responsabilité de tous les maux sur autrui. Or, les personnages de Tchekhov ne manquent ni d’humour ni d’autodérision, ils nous font rire et pleurer à la fois. C’est volontiers qu’on accepte de se reconnaître en eux, car Tchekhov ne les juge jamais.
Du 18 au 30 novembre 2008, la Fête , de Spiro Scimone, suivi de Je rentre à la maison de Dario Fo et Franca Rame.
« La Fête  » est un jour d’anniversaire, 30 années de mariage pour Le Père et La Mère. Gianni, leur fils, vit encore sous leur toit. Une fête à l’image de tous les autres jours en somme, une journée minutieusement banale. Alors on écoute, comme en suspens, les phrases brèves et assassines que l’on s’adresse en famille, dans la plus grande normalité.
« Je rentre à la maison » est un jour de rupture. Au matin, la femme, en colère, a quitté le foyer conjugal. Le soir, elle revient après une journée d’adultère et de beuverie. Dans l’espoir de mettre fin aux frustrations quotidiennes, cette épouse et mère de famille nous raconte son aventure d’un jour avec la verve des actrices de boulevard. Les situations sont cocasses, la lucidité et l’énergie du personnage ne laissent jamais la désillusion devenir désespoir.
Entre deux départs , du 9 au 21 décembre 08, est un spectacle musical mis en scène par Vincent Aubert. « La trace de ton sang dans la neige » de Garcia Marquez et l’œuvre musicale « Cuatro estaciones… de tren » de Narciso Saul constituent ce spectacle qui raconte des départs, des arrivées, des rencontres, des passions et des séparations, souvent douloureuses. La vie en somme. La musique de Narciso Saul révèle une élégante tristesse. On y ressent des angoisses, des attentes brûlantes, des espoirs joyeux. La nouvelle de Garcia Marquez dessine un univers baroque et dandy, un aller simple vers la mort. Le verbe du Colombien peut dialoguer avec la musique de l’Argentin. Ils parlent à l’unisson dans un langage différent du même mouvement vers ce qui devrait être la vie.
Enfin une adaptation théâtrale de Richard Gauteron, Don Quichotte : miroir et reflet , du 9 au 31 janvier 09. Gérard est un vieux directeur ruiné à cause d’insuccès répétés et son théâtre est désaffecté. Il rêve néanmoins de remonter une dernière fois sur les planches avec «  Don Quichotte » en redonnant vie et succès à son théâtre. Il persuade le concierge, Sanches, qu’il peut interpréter Sancho Pança. Jeux de miroirs sans fin nous faisant osciller sans cesse entre le subtil et le grotesque, l’illusion et la réalité, le théâtre et son double.

Sylvia Medina-Lauper

www.alchimic.ch