Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Saison 2008-2009 des Spectacles Onésiens
Entretien : Cyrille Schnyder-Masmejan

Dominée par un aspect ludique, la programmation de la saison 2008-2009 aborde la création sous toutes ses facettes.

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 25 septembre 2008

par Firouz Elisabeth PILLET

« Alors que l’on pourrait penser que tout a été déjà dit ou fait, la création est un éternel renouvellement. » C’est ainsi que Cyrille Schnyder-Masmejan, responsable des Spectacles onésiens, entame le dossier de presse de la nouvelle saison.

En effet, depuis plus de vingt ans, on pourrait imaginer que la salle communale d’Onex a traîné sur ses planches tous les artistes du moment. Gardant le cap fixé à ses débuts, c’est dans un esprit de constante découverte sur l’Autre et son expression que Cyrille Schnyder poursuit sa mission, à la recherche de nouveaux talents comme en quête de retrouvailles. Dominée par un aspect ludique, la programmation de la saison 2008-2009 aborde la création sous toutes ses facettes – même la plus sérieuse – puisque cette année, Hubert Reeves nous conviera à découvrir ses passions : la musique et les étoiles.
En amont de ce programme alléchant, beaucoup de labeur, d’émulation, de persévérance ; une tâche sans cesse remise sur l’ouvrage « dans l’espoir ou l’utopie de contribuer à l’abolition des frontières construites sur les a priori. » Rencontre avec Cyrille Schnyder-Masmejan.

Vous évoluez depuis de nombreuses années dans le paysage culturel genevois. Quelle est l’origine de votre passion pour la culture et quel est le chemin qui vous a mené aux Spectacles onésiens ?

Ah, vaste question qui me ramène à mon adolescence… C’est de là que me vient l’envie et même la certitude que j’évoluerai dans le domaine culturel, et surtout musical. Mais j’ai été élevée dans un environnement culturel et artistique (plutôt les arts plastiques du côté de mes parents) et j’ai toujours eu la chance d’écouter beaucoup de musique à la maison, et d’avoir une guitare que traînait dans un coin. J’ai donc commencé par des études de guitare classique, puis de chant classique avec solfège et harmonie… mais en parallèle je me suis aussi frottée au conservatoire d’art dramatique et j’ai fait pas mal de danse. J’aime le mélange des genres et mes goûts ont toujours été éclectiques. Avant de lancer les Spectacles Onésiens en 1988, j’ai fait pas mal d’expériences dans le domaine culturel au sein d’associations, travaillé comme attachée de presse sur un festival, pour une agence de spectacles ou une galerie de photos Ensuite j’ai créé ma structure de production et de promotion de spectacles, j’ai été agent d’artistes puis j’ai travaillé 3 ans à la télévision suisse romande comme assistante de production avant d’être choisie pour développer le service culturel de la ville d’Onex.

20 ans se sont écoulés depuis la création des Spectacles onésiens ; quel bilan tirez-vous de la saison-anniversaire qui vient de s’achever ?
Tout d’abord une grande fierté d’avoir une équipe super motivée autour de moi, d’avoir tenu si longtemps et relevé le challenge de faire d’Onex une place reconnue pour sa qualité et la diversité de sa programmation dans la vie culturelle genevoise – ce qui n’était pas gagné à l’époque ni avec les moyens dont nous disposons, tant financiers qu’au niveau de l’infrastructure -.
Pour le reste, cette 20ème saison s’est déroulée de manière très agréable avec un record du nombre d’abonnées et un très bon bilan artistique. Nous avons cheminé entre découvertes et retrouvailles et le public nous a une fois de plus suivi, ce qui est le plus beau cadeau d’anniversaire !

Pour la 21ème saison, les mots-clefs de la programmation restent humour décalé, chanson francophone et ouverture sur les musiques d’ailleurs, en particulier le blues ; comment avez-vous élaboré le programme de saison ?
Il y a longtemps que je voulais développer une programmation blues, surtout au Manège car la salle se prête particulièrement bien à ce genre de concerts. Le hasard des rencontres a voulu que ce soit cette année que je croise au bon moment Jean-François Mathieu, un musicien passionné de blues et qui animes des stages autour de cette musique depuis longtemps. Je lui ai parlé de mon projet et je lui ai proposé de créer une association (le BAG : blues association geneva) réunissant des amateurs de la note bleue et de collaborer avec les Spectacles Onésiens pour une programmation blues tout au long de l’année. On commencera par trois soirées les 1,2 et 3 octobre au Manège puis un jeudi par mois.

De manière plus générale, quel regard portez-vous sur la vie culturelle de la région depuis 20 ans ?
Il y a eu une belle émulation depuis 20 ans, les gens ne fréquentent plus un seul lieu et sont beaucoup plus ouvert à toutes sortes de cultures et de formes artistiques. Avant il y avait plus de « chapelles », on ne mélangeait pas les genres. Il y a toujours des lieux très « pointus » mais les gens bougent plus. Cela va avec une plus grande ouverture d’esprit et un intérêt croissant pour les cultures d’ailleurs.

Vous mêlez découvertes et retrouvailles tout au long de la saison ; cet harmonieux équilibre vous assure un public fidèle qui attend ces rendez-vous lors de chaque nouvelle saison. Qu’en est-il de la fréquentation et des abonnés ?
C’est un peu moins le cas cette saison car il y a beaucoup plus de nouveautés et d’artistes en devenir ou pas connus du grand public.
Il y a 5 spectacles sur 19 qui sont des artistes étant déjà venus à Onex une ou plusieurs fois. On vit dans une société « kleenex » et je trouve qu’il est important de suivre l’évolution d’un travail artistique. Il y a des artistes que je trouve assez intéressant pour avoir envie de faire un bout de chemin avec eux, si il le veulent bien et si les cachets ne prennent pas trop l’ascenseur !

En exergue au programme de la saison 2008-2009, vous mentionnez « un bouleversement émotionnel d’intensité variable en chacun de nous ». L’émotion comme langage universel au-delà des frontières culturelles et linguistiques. Est-ce cette émotion qui anime votre passion constante ?
Absolument. J’aime cette phrase de Gide qui dit : « les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu’écrit la raison « C’est un peu ça mon travail. La folie s’entend comme un élan, un émotion pure. C’est un moteur que la raison doit canaliser ou transformer pour en faire quelque chose.

Chaque saison comporte son lot d’imprévus, ces dernières années ne vous ont pas épargnée. Pour la nouvelle saison, vous annoncez déjà l’annulation en dernière minute de la troupe brésilienne Barbatuques. Comment faites-vous face à ces mauvaises surprises ?
Oui, évidemment il y a quelques désagréments mais en fait on en a eu peu en 20 ans. C’est surtout des tracas administratifs quand il y a une annulation. Si la raison n’est pas de triste nature ce n’est rien. De toute façon les impondérables font partie de la vie. 

Ouverture sur l’Altérité et son art, qu’il soit musical, verbal, visuel. Cette année, votre curiosité va encore plus loin, proposant un voyage céleste en compagnie d’Hubert Reeves et ses étoiles ; Sciences et musique se mêlent ainsi offrant un décloisonnement des genres novateur aux spectacles onésiens ?
Il s’agit de la passion d’un homme, Hubert Reeves, pour la musique. Et sa façon d’aborder la création m’a enthousiasmé. C’est une production Art-en-ciel portée par deux musiciens passionnés, les violonistes Isabelle Meyer et Michael Zuber. Faire le parallèle entre la création du monde, l’univers cosmique et celui de la création artistique, à travers un génie comme Mozart… Il n’y a qu’un homme de charisme et de cette intelligence qui pouvait le faire. C’est un cadeau merveilleux.

Le mot de la fin ?
Nous organisons des spectacles et concerts pour un très large public de 3 à 93 ans et j’espère toujours toucher de nouvelles personnes car la culture est ouverte à tous. Cette année, nous avons reçu pas mal de nouveau abonnés. Alors je dirais à ceux qui ne nous connaissent pas encore : venez à Onex, tout au long de la saison, nous vous fera voir la vie en bleu !

Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet