Les Spectacles onésiens annoncent une saison 2007-2008 ludique, joyeuse et bigarrée, une sorte de nécessité pour marquer le cap des vingt ans. Vingt ans déjà que qualité rime avec diversité. Deux qualités indispensables pour les responsables.

Au fil des ans, le public s’est fidélisé, appréciant une programmation populaire haut de gamme et très diversifiée répartie dans 3 salles adaptées aux différents types de spectacles : la Salle communale de la ville d’Onex ; le Manège, réservé aux spectacles plus intimistes ou aux Récré-spectacles ; le Grand Casino quand des artistes ne peuvent consacrer qu’une soirée à leur public genevois. Au fil des programmations, le rythme voulu par Cyrille Schnyder-Masmejan s’est affirmé, alternant découvertes internationales et coups de cœur, retrouvailles et artistes nouveaux. « La ligne artistique qui caractérise les Spectacles Onésiens se veut le reflet de l’air du temps », rappelle la responsable, qui met un point d’honneur à ce que la qualité soit toujours le critère premier de sélection.

De la musique et des mots
Pour cette saison-anniversaire. Les ingrédients habituels qui font la saveur du chaudron onésien sont de la partie, avec une présence prépondérante de la musique pour cette saison, qui s’est d’ailleurs ouverte sur trois jours de fête le dernier week-end de septembre.
Quelques spectacles pour égayer ce dernier trimestre de l’année : Duel ou un spectacle loufoque, visuel et insolite, destiné aux familles ; un duel entre l’ex-violoncelliste du Quatuor, Laurent Cirade, qui a créé ce spectacle de duettistes saugrenus avec l’incroyable pianiste roumain Paul Staïcu, un combat digne des joutes entre chevaliers mais ces chevaliers s’affrontant sur d’étranges montures, l’un brandissant l’archet face au maître du clavier. Suit la chaleur de l‘Italie et de la voix chaude de Gianmaria Testa qui allie son talent à l’un des plus grands clarinettistes contemporains, G. Mirabassi, plongeant le public dans un univers intime, relatant des anecdotes de tous les jours dans une poésie délicate. Plaisir des mots, simplicité des récits qui nous parlent d’émotions universelles : la solitude, l’amour, l’amitié, la tristesse, l’exil. Ceux qui pensent que le jazz n’a pas de représentant en Suisse se détrompent : les Spectacles onésiens leur permettront de découvrir le Christoph Stiefel Trio (avec Patrice Moret à la contrebasse et Marcel Papaux à la batterie), qui a fait depuis longtemps l’unanimité auprès de la critique avec sa musique à la fois lyrique et jubilatoire. Au cœur des frimas, la chaleur nous viendra du continent africain, un rendez-vous devenu tradition à Onex. Cette année, Boubacar Traoré, ou celui que l’on surnomme affectueusement le Chuck Berry ou l’Elvis Presley malien revient en pleine forme malgré ses 65 ans. Sa voix mélancolique qui distille un blues dépouillé et envoûtant a bercé de nombreuses générations de Maliens au pays comme en exil.

Chanson et humour
Annoncé l’an dernier et annulé pour des raisons personnelles, le concert de Jeanne Cherhal figure à nouveau à l’affiche en novembre. Artiste révélation du public aux Victoires de la Musique en 2005, pianiste, bassiste, agrégée de philo, danseuse, Jeanne Cherhal compose des chansons pour parler de l’ironie de la vie, des amours clandestines, des petits bonheurs, le tout sur un ton acidulé.

Autre Victoire de la Musique, cru 2006, Tété, de père sénégalais et de mère antillaise, égraine de sa voix mélancolique des textes peaufinés aux multiples niveaux de lectures - et un timbre de voix exceptionnel entre blues, pop et soul. Ensuite, un habitué des Spectacles onésiens, Idir, viendra offrir au public la primeur de son dernier album, La France des couleurs, constitué de duos, chantés et composés avec des artistes black blancs beurs de la jeune génération comme Oxmo Puccino, Sinik, Disiz la Peste, Tiken Jah Fakoly, Grand Corps Malade, Akhenaton, Noa ou Kenza. La composante politique reste, comme à l’accoutumée, primordiale chez le chanteur kabyle. Autre rendez-vous onésien à ne pas manquer, avec des mélodies tziganes : Urs Karpatz, ces Roms virtuoses nous emmènent du Rajasthan en Andalousie avec des ballades brûlantes aux rythmes endiablés.

Cette saison-anniversaire se devait d’être aussi celle de retrouvailles, comme avec Piano Seven, artistes qui étaient à l’affiche de la première soirée des Spectacles Onésiens, le 5 février 1988. Leur musique, d’inspiration classique, part à la rencontre du rap, du funk, dans un souci de syncrétisme musical. Musique toujours, plus nostalgique encore : le fado avec LA nouvelle jeune star du genre, adulée par le public spécialisé, Katia Guerreiro participe au renouveau actuel de ce chant de l’âme déchirée. Toujours dans la culture de souche romane, côté hispanique, Juan Carlos Cáceres s’est mis à chanter en public tardivement et s’il est amoureux du jazz, toute sa vie il a vécu au rythme du tango, dont il revendique la dimension africaine, y intégrant des percussions.

L’humour, sous toutes ses formes, sera aussi de la partie : un extraordinaire mélange de magie, mime, jonglage, comédie et musique, truffé de surprises visuelles et d’humour avec Xavier Mortimer. Un habitué des planches de la Salle communale viendra distiller – au sens propre du terme – ses bons mots en tant que négociant en vain ; vous l’avez deviné, Serge Papagalli présentera un nouveau spectacle qui parlera de choses qui tiennent à cœur comme au ventre. Le dernier one man show de Danvoy’, Foto nous rappelle la richesse du vivier qu’est la Belgique, offrant une véritable cure d’authenticité et d’émotion.
Pour rendre hommage à un artiste trop tôt disparu, qui avait joué à Onex en 1988, Emmanuel Matte livre le premier hommage à Pierre Desproges. Quant à Tricicle, assidus travailleurs du rire depuis plus de 20 ans, ils reviennent à Genève avec leur spectacle Sit qui se veut une dissertation exhaustive sur l’art de s’asseoir. Autre clown, découvert au Cirque du Soleil, où il incarna le clown Eddy, Julien Cottereau explose littéralement dans son premier spectacle solo. Citons encore la Cie Chapertons, qui roule tout le monde dans la farine avec ses pneus en tous genres, dans un spectacle délirant. La saison s’achèvera en mai avec Frédéric Recrosio dans un one-man-show sur l’amour normal et ses dégâts collatéraux.
La troisième édition du Festival des Créatives se tiendra du 14 au 18 novembre 2007.
A vos agendas !

Firouz-Elisabeth Pillet

www.spectaclesonesiens.ch, (022) 879 59 99