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Théâtre du Grütli, Genève : saison 2007-2008
Genève, Théâtre du Grütli

Michèle Pralong répond à quelques questions relatives à la nouvelle programmation.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 5 novembre 2007

par Sophie EIGENMANN

Depuis un an, Michèle Pralong et Maya Bösch dirigent le Théâtre du Grütli. Après une saison sur la tragédie grecque intitulée logoS, elles abordent une programmation dédiée à la renaissance européenne et nommée RE- pour RE-naissance et RE-cherche. Rencontre avec Michèle Pralong.

Quels sont les échos de la saison logoS sur RE- ?
On a réussi à faire ce qui était dans le projet initial : donner de la liberté à une institution créée pour accueillir le théâtre indépendant. Les expériences amenant les tentatives, les deux collectifs d’acteurs qui ont participé à la saison dernière nous ont donné envie d’aller plus loin en créant le Collectif3. L’idée est de renforcer le principe de « laboratoire » et de donner davantage de temps, d’espace et de responsabilité aux comédiens. Pendant dix mois, douze interprètes vont travailler dans la White Box (salle du 2ème étage) autour de la Divine Comédie de Dante. Pour les accompagner et casser les frontières, on a fait appel à différents créateurs : auteurs, chorégraphes, metteurs en scène, musiciens, scénographes ou dramaturges. Tout au long de cette année, les comédiens suivent un travail physique avec des professeurs de yoga, de kung fu ou de rythmique. Dans la perspective d’un engagement sur le long terme, on cherche à nourrir davantage les artistes qui en font partie, à ce qu’ils aient un engagement moral. On donne du temps, à la manière d’une plateforme de ralentissement qui amène une autre temporalité. Les membres du Collectif3 auront au final une grande influence sur ce projet qui est accompagné de huit représentations, huit étapes de travail durant l’année liées aux huit cercles de l’Enfer. Un spectacle final Dante all stars aura lieu de début mai à début juin pour conclure l’expérience dans la Black box (salle du sous-sol) et représenter une 9ème étape qui amène à sortir de l’Enfer.

Théâtre du Grütli. copyrights : WWW.FEDERAL.LI  ;

Avez-vous envie de sortir le Théâtre du Grütli de ses murs ?
On a la volonté de monter des projets hors les murs comme la station urbaine de Maya Bösch sur les toits de Saint-Gervais. Une autre station sera bientôt installée en ville et une troisième est prévue au Stade de la Praille en collaboration avec la Comédie. On cherche aussi à être surpris par de nouvelles formes. En créant une scène multidisciplinaire et expérimentale, on fait des tests, on change la hiérarchie de la création. On est en lien avec la France, l’Autriche et les artistes locaux. Il y a des gens d’ici et d’ailleurs, des collaborateurs associés : Claudia Bossé, qui a mis en scène Les Perses l’année passée, fait partie de ceux-là. Elle monte cette année Phèdre où elle réussit à lier une charge politique avec un univers poétique. Elle se questionne aussi sur l’implication de l’artiste et sur le fait d’amener le geste théâtral dans la ville.
Auteur associé, Mathieu Bertholet travaille trois mois au Grü. Après son feuilleton de l’année passée, Sunset Piscine Girls, son projet s’appelle Case Study Houses . Avec un enthousiasme contagieux, il teste tous les jours multiples de trois et ceci jusqu’au mois de décembre, les nouvelles formes de représentation en questionnant l’architecture américaine des années 50. Il réfléchit aux contraintes comme les matériaux bon marché, les maisons évolutives, l’horizontalité et aux liens qui attachent les habitants à leur environnement tout en se demandant comment apprendre le théâtre par l’architecture.
Bernard Schlurick propose tous les lundis à midi un observatoire dramaturgique sous forme de causerie libre et fantasque.
La Compagnie Quivala élabore des petites formes singulières autour du concept d’Hapax, mots qui ne sont apparus qu’une fois dans une langue désormais morte. Liant la danse, le théâtre et la musique, ce projet est une collaboration avec l’ADC.

Qu’en est-il des spectacles « classiques » ?
Plusieurs coproductions sont au programme comme  les Icebergs , texte de l’auteur romand contemporain Mathias Brambilla ou  la Trilogie d’Hélène vue par Marc Liebens qui interroge la beauté féminine.
Dans le projet Rap Titan, Robert Roccobelly est accompagné d’un DJ. Il propose un concert spectacle qui revient à l’esprit premier du rap, à savoir positif, solidaire et très loin de l’image du rappeur à grosse voiture. Toujours dans la musique, le violoncelliste Brice Catherin aura carte blanche. Sans oublier, Richard Maxwell de New York, ce chanteur-metteur en scène interroge la fragilité de l’homme sur un plateau ou la lecture complète de l’Odyssée dans la nuit du 21 décembre 2007. Inviter d’autres arts, c’est aussi ressourcer les murs !

Quel est l’état d’esprit actuel du théâtre du Grütli ?
La mission du théâtre est de créer de nouvelles formes, de parler, de rencontrer le public, de faire des liens entre des metteurs en scène. On amène des changements, on casse les habitudes de création, on déplace, on décale, on se pose des questions, on insiste sur l’idée du laboratoire et du comédien. On veut rendre le théâtre sensible à l’extérieur donc on se préoccupe du lien entre l’émetteur (le théâtre) et le récepteur (le public), de la relation entre le texte donné et reçu. Dans cette démarche, on assume la non-finition, l’improvisation, un esprit atypique. Le théâtre du Grütli est un outil polyvalent parfaitement bien proportionné et dans lequel on peut enlever les gradins et laisser à chaque texte la possibilité de s’inscrire différemment. Ces multiples formes théâtrales forcent le spectateur à rester en alerte. C’est stimulant et cela permet d’agiter les particules dans la maison !

Propos recueillis par Sophie Eigenmann

Plus d’informations sur le site www.grutli.ch