Quatorze titres à l’affiche – dont cinq spectacles accueillis –, trois créations, près de 280 représentations : la saison 2007-2008 du Théâtre des Marionnettes de Genève s’annonce si ce n’est gargantuesque du moins appétissante, alléchante pour les amateurs – voire les ogres – que nous sommes de ces petites créatures de papier, de toile et de fil.

Le Théâtre des Marionnettes de Genève est l’un des rares théâtres fixes d’Europe entièrement consacré à la marionnette. Travaillant énormément avec les écoles primaires (mais également, ce qui se sait moins, avec le Cycle d’Orientation), situé au cœur du quartier de Plainpalais depuis 1984, le TMG est profondément inscrit dans la vie culturelle genevoise.
La saison 2007-2008, fidèle à une politique mise en place depuis quelques années (Guy Jutard, l’actuel directeur artistique, est arrivé en juillet 2002), propose des spectacles qui se distinguent par la variété des techniques présentées et son ouverture à tous les publics. Le programme est ainsi réparti en diverses catégories d’âge : « 1 à 3 ans », « dès 4 ans », « dès 7 ans », « Adultes, adolescents ». Théâtre de papier, théâtre d’objets, marionnettes à gaine, marottes, marionnettes à fils : derrière le label de l’éclectisme, la marionnette s’affichera donc sous toutes ses formes et dans tous les genres.

Accueils
Cinq spectacles accueillis cette saison, qui proposent une palette très variée d’émotions, du rire au mystère en passant par un soupçon d’angoisse. Du 21 au 23 septembre 2007, le TMG accueille l’un des plus grands maîtres de la marionnette à gaine chinoise, Yeung Faï, dans son spectacle « Scènes de l’Opéra de Pékin » (TJP Strasbourg). Il s’agit de petits sketches humoristiques (les personnages sont tirés de la mythologie chinoise) qui combinent la musique, la danse, le théâtre et les costumes flamboyants. Autre spectacle de marionnettes à gaine chinoise : « La Petite Odyssée » (du 17 au 25 novembre 2007). Plus ambitieux (il s’agit d’une sorte de voyage dans l’histoire des idées, les marionnettes s’attachant à éclairer les protagonistes au fil des découvertes scientifiques, des avancées sociales), ce spectacle confronte en outre habilement la vidéo et la technique traditionnelle de la gaine chinoise.
Du 10 au 20 janvier 2008, l’humour décalé de « Démiurges » par le Bob Théâtre de Rennes envahira la scène du TMG pour notre plus grand plaisir (pour adultes et adolescents). « Les Deux Rois » (du 3 au 14 mars 2008) invite le jeune spectateur à un voyage initiatique aux côtés de personnages exemplaires, naïfs et entiers (à noter, on n’en sait pas plus pour le moment, l’utilisation d’un castelet paraît-il extrêmement ingénieux). Enfin, du 17 au 25 mai 2008, une petite touche d’angoisse bienvenue avec « Vampyr » du manipulateur-acteur Neville Tranter ; il s’agit d’un tableau de famille aux parfums de Scandinavie, inquiétant, épuré, oscillant constamment entre horreur et humour (à noter que Neville Tranter tient deux personnages et est lui-même un personnage de l’action : étonnant principe triple !).

Créations
Trois créations du TMG cette saison : du 1er au 19 décembre 2007 nous pourrons admirer les marionnettes sur table de latex de « Soucis de plume », conçu et réalisé par Guy Jutard (dès 4 ans). Manipulées par un comédien et une comédienne-violoniste, les figurines semblent ici sorties d’un dessiné animé. « Ça tourne » (théâtre d’ombres et conteuse, du 11 au 28 février 2008) de Sybille Frei sera l’occasion pour les touts petits de pénétrer dans un monde imaginaire fertile et changeant, né du jeu subtil des lumières (les silhouettes se détachent en couleurs, puis en noir et blanc pour évoquer la course du jour et de la nuit) et des notes de musique. Enfin, « Gilgamesh » de Guy Jutard (théâtre de papier, du 8 au 25 avril) : six comédiens accompagnés de trois musiciens (sonorités orientales garanties) pour un formidable voyage qui a inspiré la Bible, l’Odyssée et les travaux d’Hercule. Les marionnettes en papier, dans leur apparente fragilité, permettent une grande liberté de mouvement qui ravira les spectateurs dès 7 ans.

Et beaucoup d’autres choses prometteuses cette saison ! Dans le désordre, simplement pour mettre l’eau (ou le fil !) à la bouche du spectateur (que nous renvoyons au programme officiel paru en août qui comprend également des propositions de stages ainsi que des ateliers d’enfants) : des marionnettes en silicone dans « Turlututu » (pour les très jeunes) ; un spectacle sans texte et sans musique mais habité par des personnages en papier journal souples et dynamiques (« Doux maux d’amour et maux-croisés », adultes et adolescents) ; une esthétique de ferraille et de boîtes de conserve pour « Balthazar fait son Bazar »…

Laurent Cennamo

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