Deprecated: Using ${var} in strings is deprecated, use {$var} instead in /home/clients/5f3066c66025ccf8146e6c2cce553de9/web/arts-scenes/ecrire/base/objets.php on line 1379
Genève, Le Poche - [Arts-Scènes]
Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Le Poche, Genève : Saison 2007-2008
Genève, Le Poche
Article mis en ligne le septembre 2007
dernière modification le 21 octobre 2007

par Laurent CENNAMO

Pour la saison 2007-2008, le Poche et Françoise Courvoisier poursuivent sur la voie ouverte avec succès en 2006 : des œuvres d’auteurs vivants au programme, des écritures puissantes, engagées, dérangeantes. Tantôt dépouillées à l’extrême, tantôt lyriques, allant de la noirceur aux couleurs bariolées, les pièces proposées cette année ne laisseront certainement pas
le public genevois indifférent.

Spectacles complets, séries de représentations prolongées : la saison 2006-2007 fut celle de tous les succès pour le théâtre de Poche. L’une des clés de cette réussite : la décision de se tourner résolument vers l’époque contemporaine, ses soucis, ses interrogations et ses drames, en proposant des créations d’auteurs vivants, suisses ou étrangers. Le public genevois s’est ainsi plongé avec délices (et parfois tremblements) dans ces univers aux rythmes variés, incandescents ou au contraire dépouillés, froids comme le cristal.

Léa Pohlhammer et Valentin Rossier, à l’affiche de “Célébration“. Photographie, copyright : Dorothée Thébert

Sang et vitriol
La saison 2007-2008 s’ouvre avec Célébration de l’auteur anglais et Prix Nobel 2005 Harold Pinter dans une mise en scène de Valentin Rossier (du 10 septembre au 14 octobre 2007). Célébration est l’allégorie d’une démocratie arrogante et vulgaire, le tableau au vitriol d’une société égoïste, basée sur de fausse valeurs démocratiques (sans jamais l’énoncer, le gouvernement de Blair et de Bush est visé, et touché). L’occasion pour Pinter de dresser une série de portraits qui donnent envie de rire ou bien de vomir, c’est selon : Conseillers en stratégie, banquier, secrétaire, femmes vouées à l’humanitaire, hypocrites au service de l’argent… Cette pièce concise, à l’ironie acerbe, sera notamment interprétée par Valentin Rossier et Jacques Roman.
Du 29 octobre au 25 novembre 2007, Françoise Courvoisier met en scène Sang de l’auteur suédois Lars Noren. Né en 1944 à Stockholm, Noren est volontiers considéré comme le fils spirituel de Strindberg. Son théâtre de la douleur et du déchirement explore la perversion des liens familiaux, du couple et des rapports humains en général. Françoise Courvoisier reconnaît avoir longtemps hésité, longtemps tourné autour de cette pièce explosive, d’une implacable perfection et d’une logique glaçante, partagée qu’elle était entre la fascination et le dégoût, l’envoûtement et la crainte. Profondément inscrite dans la réalité d’aujourd’hui (également dans la réalité politique : les deux personnages centraux sont d’anciens révolutionnaires pacifistes, partisans d’Allende, expulsés du Chili au moment du coup d’état de Pinochet), Sang explore également des territoires plus souterrains, entre psychanalyse et sorcellerie.

Couple et enfant en fête
L’année 2008 du Poche commence avec Vacances de l’écrivain genevois Michel Viala, dans une mise en scène de Philippe Lüscher. Cette pièce intimiste, l’une des plus réussies de Viala, sera interprétée par les comédiens Caroline Gasser et Thierry Meury (du 10 au 23 décembre et du 7 au 27 janvier 2008). Vacances aborde le thème du couple ; il s’agit de la rencontre sur une plage entre un homme et une femme de notre culture et de notre temps, deux personnages étroits d’esprit, aux vies d’une banalité presque extraordinaire. Qui vont peu à peu tenter de s’ouvrir... Observateur du quotidien, Michel Viala a l’art de mettre à nu ses personnages, d’épingler leurs travers, ceci avec plus de tendresse que de cynisme, et une bonne dose d’humour.
Du 18 février au 16 mars 2008, une création du Poche : L’Enfant éternel de Philippe Forest (Prix Femina 1998), mis en scène par Denis Maillefer, avec les comédiens Valeria Bertolotto et Pierre-Isaïe Duc. Une pièce dépouillée à l’extrême (deux personnages, dont l’un pratiquement muet - le père et l’enfant malade -, pas de décor), qui sait néanmoins faire surgir de la vie, faire briller des mots et des éléments du réel. L’hôpital et la morphine apparaîtront bien sûr dans ce récit autobiographique, mais aussi le nom des fleurs : ismènes, ancolies, trompettes de nacre. Philippe Forest aime le Japon ; son univers fait par moments irrésistiblement penser à celui, lumineux et concis, du haïku.
Du 31 mars au 20 avril 2008, le Poche accueille Festen, la pièce tirée du film coup de poing de Thomas Vinterberg, prix du jury au festival de Cannes 1998, dans une mise en scène de Christian Denisart. Sans musique, avec des décors et des accessoires soigneusement dosés, un récit puissant et dérangeant (le thème central ? Les secrets de famille…), mis en scène avec beaucoup d’intelligence par Christian Denisart. La mise en scène offre une grande proximité avec les spectateurs, disposés à quelques centimètres de l’action, rendus convives plutôt que voyeurs grâce à une table dressée au milieu du public (à noter que chaque soir, quatre spectateurs volontaires sont invités à s’asseoir autour de cette table, à vivre l’action de l’intérieur !). Le rôle principal de Festen sera interprété par l’acteur natif d’Yverdon Vincent Kucholl.

Enfermement et déracinement
Division III (titre provisoire), écrit et mis en scène par le jeune auteur romand Julien Mages, sera à l’affiche du 12 mai au 8 juin 2008 (avec notamment la jeune comédienne Laetitia Dosch). Julien Mages est issu de la première volée de la Manufacture (Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande) établie à Lausanne. Division III viendra clore le triptyque formé par Division familiale et Cadre Division, autres spectacles créés au sein de la Manufacture. L’enfermement, la difficulté d’exister, la folie et le monde de la psychiatrie sont au cœur de ces pièces qui s’efforcent de témoigner du malaise profond de la jeunesse dans la société contemporaine.
Enfin, hors abonnement, une reprise de choix avec Cinq hommes de Daniel Keene (voir l’article paru dans notre numéro de novembre 2006) dans une mise en scène de Robert Bouvier (du 4 au 10 février 2008, une production de la Compagnie du Passage). Déjà présenté avec succès au Poche lors de la saison 2006-2007, ce spectacle est une plongée dans l’univers de travailleurs clandestins ; ils sont cinq, venus du Sud, de l’Est ou d’Afrique, employés par un patron véreux pour construire un mur. Des récits de déracinement à la fois tragiques et émouvants.

Laurent Cennamo

location : + 41 (0) 22 310 37 59
www.lepoche.ch