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Centre Pompidou puis Musée Tinguely
Paris, puis Bâle : Arman

Après Paris, cette exposition est présentée au Musée Tinguely de Bâle, du 16 février au 15 mai.

Article mis en ligne le décembre 2010
dernière modification le 19 mai 2011

par Julien LAMBERT

Commode pour les étudiants en Histoire de l’art, l’œuvre d’Arman se reconnaît à ses poubelles exposées sous verre et à ses violons explosés. Heureusement, l’exposition du Centre Pompidou permet d’aller bien au-delà de ces clichés, en suivant le parcours régulier et cohérent de l’artiste, d’une révolution à l’autre, d’une découverte à l’autre.

Chaque période, chaque méthode, que l’artiste a explorée avec une jubilation enfantine doublée d’une conscience de calligraphe japonais, est largement exemplifiée. Après les discrètes empreintes laissées par l’écorce des objets sur la toile, viennent rapidement les premières Poubelles, dont l’anarchisme baroque culmine avec les poubelles « organiques », qui font de la pourriture une matière picturale. Les Accumulations, de masques à gaz ou de machines à écrire, ne sont qu’une façon d’objectiver ce procédé.

Puis l’objet lui-même monte en grade, et d’élément de composition devient le lieu même de la recherche, en passant au scalpel de l’artiste décortiqueur : pianos, contrebasses, violons – plus c’est fragile, plus il est troublant de les voir en miettes !- mais aussi meubles divers ou voitures sont hachés finement, écrasés violemment, explosés, brûlés... Alors miracle, au bout de ce parcours, par la profusion et la systématique implacable des approches, avec l’appui de commentaires et de vidéos qui donnent sens au geste de l’artiste, ce qui pouvait s’apparenter à l’idiote sauvagerie du nihilisme devient au contraire un goût patiemment travaillé, une créativité intensément exprimée.

Au-delà du discours critique éculé sur la société de consommation et ses abus matérialistes, ces œuvres révèlent d’indubitables qualités plastiques, un souci de la forme qui apparente un clavecin démembré à une nature-morte flamande, et fait d’Arman le plus grand classiciste de la destruction.

Julien Lambert

Jusqu’au 10 janvier 2011 au Centre Pompidou, Paris.
Du 16 février au 15 mai au Musée Tinguely, Bâle.