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De Berlin à Londres
Londres : “Babylone“

Après Paris et Berlin, l’exposition réunissant près de 400 pièces liées à l’histoire et la légende de Babylone, est présentée à Londres, au British Museum, du 13 novembre 2008 au 15 mars 2009.

Article mis en ligne le mai 2008
dernière modification le 16 mars 2009

par Caroline BRINER

Se déployant sur cinq millénaires, Babylone a été la cité au monde la plus enviée, mais aussi la plus honnie. Parée de tous les attributs, cette ville cherche aujourd’hui sa voie entre la réalité et les mythes qui la nourrissent. Le Louvre, qui veut « montrer l’Irak sous un autre jour », lui a fait honneur jusqu’en début juin. Berlin a pris le relais jusqu’au 5 octobre 2008. L’exposition est maintenant montrée à Londres du 13 novembre 2008 au 15 mars 2009.

La Tour de Babel, les jardins suspendus, Nabuchodonosor… Le Musée du Louvre à Paris a souhaité réconcilier l’histoire et la légende. Pour y parvenir, les commissaires ont réuni, pour la toute première fois, des œuvres de toutes les périodes, depuis sa fondation vers 2500 av. J-C. jusqu’aux fantasmes qu’elle suscite encore aujourd’hui.
Près de 400 pièces, issues de collections de 14 pays, ont été retenues afin de «  faire connaître la véritable civilisation babylonienne qui rayonna sur tout le Proche-Orient antique ». Pour atteindre cet audacieux objectif, l’exposition présente la ville antique (à une cinquantaine de kilomètres au sud de l’actuelle capitale irakienne Bagdad), son héritage et sa redécouverte par les archéologues.

Des pièces remarquables
Le défi est louable, mais pas forcément atteint. Même si leur contenu (jugements, dévotion, mythes, sciences, etc.) est riche, les tablettes de cunéiformes sont trop nombreuses, au détriment des objets de la vie quotidienne. L’espace est sombre et guère bien utilisé. Et si la plus grande force de cette exposition se trouve dans la présence de pièces remarquables (tel le spectre en onyx), une image de la ville dans son ensemble fait cruellement défaut. Pour plus de satisfaction, il vaut mieux découvrir cette première partie les Dossiers d’Archéologie en main…
La seconde partie est consacrée au legs babylonien, à la transmission des sciences, des thèmes iconographiques ou littéraires et, surtout, à l’évolution du mythe. Les historiens antiques étaient fascinés par la cité babylonienne. Ils en développèrent des légendes, telle celle de Sémiramis (contée dans les Mille et une nuits), traitant de la figure de Nabuchodonosor à travers le nom d’une reine assyrienne.

Il en fut autrement pour les écrits bibliques, qui ne voient que de la démesure dans cette ville construite à la sueur d’une population déportée de Jérusalem… La Tour de Babel (Genèse) est « l’orgueilleuse », qui voulant toucher le ciel entraînera la confusion des langues. Présentée par Jean dans l’Apocalypse comme « la grande prostituée », la cité antique ne pouvait dans l’exégèse patristique au Moyen-Age que devenir le royaume de Satan, et laisser sa place à Rome...
Mais la rationalité prend de l’ampleur et les voyageurs occidentaux s’aventurent jusqu’au Proche-Orient. Avec « la petite tour » (1593), ronde comme le pensait Hérodote, Peter Bruegel l’Ancien présente la menace qui rôde sur la ville pêcheuse, mais aussi le génie de la construction. Le mythe sera « sans cesse actualisé en fonction des besoins », conclut Sébastien Allard, l’un des deux conservateurs de l’exposition.

Réalité archéologique
La dernière partie de l’exposition renseigne sur les fouilles archéologiques d’une mission allemande au début du XXe siècle, qui permettront de sortir de ses décombres la ville de Nabuchodonosor II. La visite s’achève ici. L’actualité sur le terrain n’est pas dévoilée.

Apprenez donc que les Irakiens fouillent depuis lors aux côtés d’Italiens, que Saddam Hussein avait entrepris la reconstruction de la cité éternelle et qu’afin d’aider à la reconstruction du sentiment national, le musée d’Irak a rouvert ses portes cet automne.

Caroline Briner

« Babylone » à Paris jusqu’au 2 juin, puis à Berlin du 26 juin au 5 octobre, et enfin au British Museum de Londres du 13 novembre 08 au 15 mars 09.