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Opéra de Nice
Nice : “Lucio Silla“

L’idée était originale, mais le résultat est un peu décevant.

Article mis en ligne le avril 2010
dernière modification le 23 mai 2010

par François JESTIN

Programmer Lucio Silla est assurément original, mais la production niçoise est en-deçà des exigences de l’œuvre.

Œuvre dite “de jeunesse“ composée par un Mozart de 16 ans, dont certaines arias présentent objectivement d’énormes difficultés vocales.
Conscient vraisemblablement que les risques de trébucher sont trop importants avec les artistes à disposition (ce n’est d’ailleurs pas si sûr !), l’Opéra de Nice choisit d’amputer la partition de 35 minutes environ. Ainsi, on attend encore le plus beau bijou de la composition – l’extraordinaire et impossible aria pour Giunia « Parto, m’affretto » - passée à la trappe ce soir. A titre de comparaison, imagine-t-on représenter aujourd’hui La Flûte enchantée amputée de l’un des deux airs de la Reine de la Nuit ?

« Lucio Silla »
© Dominique Jaussein

Quitte à mettre à l’affiche cet ouvrage une fois tous les 50 ans, autant attendre de réunir les artistes adéquats et respecter l’original…. Pour ce qui est de la distribution vocale, les meilleurs éléments sont féminin : Daniela Bruera (Giunia) présente un bel abattage, même si quelques passages sont moyennement assurés, et que certains aigus sont à la limite de la saturation. La musicalité d’Eleonore Marguerre (Lucio Cinna) est très appréciée, surtout au 2ème acte, tandis que Christine Knorren (Cecilio) possède un timbre qui rappelle Anne-Sophie von Otter, pour ce qui est de la projection et de l’extension. Brigitte Hool (Celia) déraille quant à elle plus d’une fois, se mettant en périlleuse perte d’intonation. Côté masculin, la couleur de Matthias Fink (Lucio Silla) n’est que peu séduisante, même s’il arrive très correctement au bout de sa partie, alors que les moyens du jeune ténor coréen Min Seok Kim (Aufidio) sont prometteurs, en termes de virtuosité et d’aigus.

La direction musicale de Guido J. Rumstadt est précise et dynamique, le son est de qualité, ce qui n’est pas toujours le cas des chœurs, en particulier masculins. La nouvelle production de Dieter Kaegi semble décousue : Les dix premières minutes n’ont que peu à envier à une représentation de concert ou éventuellement “semi-scénique“ : les 6 protagonistes, en tenue de ville, sont plantés sous leurs noms respectifs, inscrits sur l’imposant rideau rouge. Quelques jolis tableaux sont montés par la suite : un salon un peu mafieux, avec pistolets et jolies filles, puis un mini-tunnel devant un magnifique fond bleu, par où arrive Giunia pour les retrouvailles avec son amant Cecilio. Encore un beau coup d’œil sur une salle remplie d’objets dorés, qui laisse place à un décor plus futuriste en deuxième partie, mais il manque certainement un peu d’unité à la pièce, surtout que le jeu des chanteurs est par moments un brin convenu.

François Jestin

Mozart : LUCIO SILLA : le 19 février 2010 à l’Opéra de Nice