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Opéra de Marseille
Marseille : “Mireille“

L’Opéra de Marseille a choisi de réhabiliter Mireille, œuvre de Gounod d’après le drame provençal de Mistral.

Article mis en ligne le septembre 2009
dernière modification le 22 septembre 2009

par François JESTIN

La production lyrique de Gounod est écrasée par ses deux œuvres-phares Faust et Roméo et Juliette. Avant l’Opéra de Paris, où Nicolas Joël a choisi d’ouvrir son mandat avec Mireille en septembre prochain, puis les Chorégies d’Orange à l’été 2010 – et après Toulon il y a deux saisons – l’Opéra de Marseille contribue à réhabiliter le drame provençal dans le trio de tête.

Les raisons de la relative désaffection de Mireille – la dernière représentation parisienne a été donnée il y a une quinzaine d’années Salle Favart – est peut-être à rechercher justement dans le caractère provençal très marqué de l’œuvre, sans doute moins universelle que le mythe de Faust ou les amours malheureuses des amants de Vérone. Tiré du livret de Frédéric Mistral, et composé par Gounod lors d’un séjour à Saint-Rémy-de-Provence, elle met en scène magnanarelles, vanniers, bouviers, qu’il est difficile d’imaginer ailleurs qu’à Arles, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ou encore dans la plaine de la Crau.

« Mireille », avec Marie-Ange Todorovitch (Taven) et Hye Myung Kan (Mireille)
© Christian Dresse

Et pourtant, la partition est magnifique, équilibrée, tour à tour brillante, poétique, très scrupuleusement défendue ce soir par Cyril Diederich (déjà au pupitre Salle Favart il y a 15 ans), mais il y manque sûrement quelques moments où la musique s’emballe, se déchaîne, décolle véritablement. Il faut dire que la chaleur est difficilement soutenable dans la salle, et écrase sans doute spectateurs, artistes, et envolées lyriques. Après le forfait de Karen Vourc’h dans le rôle-titre, la performance de la jeune soprano coréenne Hye Myung Kan – issue du CNIPAL (Centre National d’Artistes Lyriques) – est à saluer tant pour la qualité du chant que pour l’application de la diction ; l’interprétation est un peu en deçà, c’est une bonne chanteuse, pas encore une Mireille qui arrache des larmes. Le ténor Sébastien Guèze (Vincent) n’est pas très confortable au début de la représentation, avec quelques aigus tirés, mais il gagne en sérénité ensuite, et on apprécie son timbre clair et son agréable phrasé. Marie-Ange Todorovitch (Taven) est parfaite en gentille sorcière, et déploie ses décibels, aux côtés de l’Ourrias véhément de Lionel Lhote, tandis qu’Alain Vernhes (Ramon) fait apprécier l’un des plus beaux timbres du chant français – même s’il est parfois vraiment à court de souffle – et que Jean-Marie Frémeau (Ambroise) est sans reproches.
La mise en scène de Robert Fortune joue la Provence à fond (un vanneur est au travail dès avant le lever de rideau), le plus souvent par de jolies illustrations au premier degré, certaines à la limite de la caricature, avec parfois des tableaux très réussis comme l’évocation des eaux du Rhône au 3ème acte, par un voile qui ondule.

François Jestin

Gounod : MIREILLE le 22 mai 2009 à l’Opéra de Marseille