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Opéra de Lyon
Lyon : “Werther“

Notons que le spectacle relève d’une vraie cohérence.

Article mis en ligne le mars 2011
dernière modification le 28 août 2011

par François JESTIN

Rolando Villazon fait ses débuts à l’Opéra de Lyon… comme metteur en scène. C’est à croire que le ténor franco-mexicain n’a pas besoin de chanter pour rester la vedette de la soirée, tant sa production est riche, originale, et fourmille d’idées.

On reconnaît volontiers que sa proposition puisse ne pas faire l’unanimité : quatre clowns sont en scène – deux mimes ainsi que Jean-Paul Fouchécourt (Schmidt) et Nabil Suliman (Johann) – et animent l’action par moments. Le doute s’installe quand même les premiers instants, comme à l’air d’entrée de Werther « O nature… » lorsque sur la phrase « … et toi soleil… » un clown ouvre un parapluie décoré… d’un soleil, et Werther – et son double, un petit garçon qui le suit en permanence – pointent le doigt vers le parapluie. Mais cela passe finalement, et il faut reconnaître que le spectacle relève d’une vraie cohérence, en préservant les moments de drame et d’émotion de toute touche d’humour superflu (comme les monologues de Werther ou Charlotte).

« Werther »
© Cavalca

La poésie des images est extrêmement forte, soutenue par les costumes colorés de Thibault Vancraenenbroeck et les lumières suggestives de Wolfgang Goebbel. Placé sous la direction du chef Leopold Hager, l’orchestre est impérial (avec un remarquable violon solo), et les passages de musique douce sont charmeurs.
J’écrivais il y a bientôt deux ans à l’occasion d’un Faust à Montpellier (voir chronique) : « le Faust d’Arturo Chacon-Cruz est une révélation, avec une diction claire, des notes maîtrisées sur toute la gamme, et un timbre qui nous rappelle deux autres ténors mexicains : un peu Rolando Villazon, et beaucoup Ramon Vargas. ». Je confirme aujourd’hui que son Werther est une autre révélation… ainsi que la curieuse ressemblance, tant physique que vocale, avec Villazon.

Autre prise de rôle, la Charlotte de Karine Deshayes est admirable pour la prononciation du texte, et véhémente dans ses aigus. Elle peut cependant progresser dans cet emploi, en essayant en particulier de diminuer les écarts de volume entre certaines notes enflées de manière très puissante, et la partie basse du registre parfois un peu sourde. Visuellement, le couple qu’elle forme avec Chacon-Cruz est parfaitement crédible et naturel. Sans largeur vocale exceptionnelle, Lionel Lhote (Albert) maîtrise sa partie, tandis qu’Alain Vernhes (Le Bailli) nous fait admirer une fois de plus l’un des plus beaux timbres de basse actuels, lorsque l’usure des moyens ne prend pas le dessus. Anne-Catherine Gillet est enfin une délicieuse Sophie, charmante, piquante et belle en scène.

François Jestin

Massenet : « Werther » - le 26 janvier 2011 à l’Opéra de Lyon