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Au Victoria Hall de Genève
Genève : Claire-Marie Le Guay

La pianiste Claire-Marie Le Guay débute à Genève sa tournée suisse.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 1er juillet 2007

par Beata ZAKES

Le 22 avril à Genève, la pianiste française débutera sa tournée suisse. Une soirée enivrante : parfums et sonorités printanières dans les jardins mauresques sous le ciel andalou.

Petite dernière d’une famille passionnée par la musique et la culture en général (piano du côté maternel, intérêt pour la poésie et littérature transmis par le père), Claire-Marie Le Guay n’a fait que suivre ses soeurs, tout naturellement. Haut perchée devant le clavier dès l’âge de quatre ans, elle faisait ses gammes avec assiduité et persévérance, traits de caractère qui feront partie de sa personnalité d’adulte. Questionnée sur une carrière professionnelle alternative, elle choisit la profession d’architecte : « un parcours artistique se mène comme une construction : chaque concert est une pierre ». « Le piano est un instrument terriblement exigeant, qui demande beaucoup d’énergie », poursuit-elle. Même maintenant, après des années d’études et d’expérience, cette musicienne confirmée et maintes fois récompensée, s’étonne de ce que les pianistes ne s’écroulent pas d’épuisement « après avoir communiqué au public autant de beauté... » Faire plaisir à l’audience, tout en étant fidèle au compositeur est, pour l’artiste, une priorité : « l’essentiel, c’est de rendre le public heureux ». Au-delà du langage musical, elle n’hésite pas à recourir aux moyens techniques modernes : alors que les autres recherchent discrétion et intimité, elle est une des rares personnalités à dialoguer avec ses fans sur son site Internet. Dans le cadre de son poste d’assistante au Conservatoire National Supérieur de Paris (sa ville natale et de choix), elle transmet aux (plus) jeunes non seulement sa technique, mais ses expériences de gestion du stress et de préparation d’enregistrements et de concerts.

Claire-Marie Le Guay

Un calendrier trépidant
Soliste, mais aussi chambriste passionnée, elle vient de jouer avec Eric Le Sage en Belgique, puis avec Nicolas Baldeyrou et le Quatuor Modigliani en France. Sa tournée suisse « Falla » débutera à Genève ; elle se produira ensuite à La Chaux-de-Fonds, Viège, Schaffhouse, Zurich et Berne, pour terminer à Bruxelles à la fin du mois. Au mois de mai, elle donnera un récital Haydn-Mozart à Vincennes ; en juin, elle ira en Allemagne avec le Quatuor Manderling, retournera après en France pour un concert à la cathédrale d’Angers, en compagnie de Thierry Escaich. Puis l’été arrivera, et avec lui les festivals : elle sera à Colmar (avec François Salque), à St-Robert et se produira dans celui du Schleswig-Holstein... Le site ne précise pas si elle prendra des vacances en août, nous l’espérons... Le mois de novembre l’emmènera en Amérique du Sud, pour deux semaines ; il est rare qu’elle s’éloigne de sa famille aussi longtemps, mais elle est toujours heureuse « d’avoir autant de choses à raconter » à ses jeunes enfants...

Marie-Claire Le Guay en quelques tours de disque
Débutée en 1996, avec l’enregistrement des Douze études d’exécution transcendante de Liszt et confirmée l’année suivante par son CD consacré à Schumann, sa discographie reflète les intérêts multiples de cette artiste qui évolue avec aisance dans toutes sortes de répertoire, avec une préférence certaine pour des oeuvres contemporaines et de grande envergure. Elle réalise également des projets, comme une série-miroir, inaugurée en 2006, qui explore les correspondances entre deux compositeurs qu’elle apprécie, Haydn et Mozart. Mais trois gravures surtout permettent de la découvrir de plus près :
En 2002, elle enregistre, avec l’Orchestre Philharmonique de Liège, la Fantaisie Concertante pour Piano et Orchestre de son compatriote, Thierry Escaich [ACCORD Universal 472 216-2], avec qui elle entretient des liens artistiques privilégiés. « Merveilleusement inclassable », le compositeur pratique un style très particulier, que l’on pourrait rapprocher du post-romantisme, dans son jeu de tensions dramatiques et de trépidations. Cousin pas très lointain des compositeurs américains (Adams, Glass), il réussit à créer une musique contemporaine accessible et originale, très imprégnée de l’héritage français. Interprète de la partie pour piano, Claire-Marie Le Guay réussit à convertir le clavier en instrument orchestral qui s’intègre parfaitement, sans jamais se fondre fadement dans la riche orchestration de l’oeuvre. Cette composition quelque peu « cinématographique » mérite certainement de figurer dans les programmes des concerts.
Epaulée par le Quatuor Debussy, la musicienne grave, en 2004, le Quintette avec piano de Chostakovitch [ARION ARN 868675]. Là encore, l’artiste reste à l’écoute de ses pairs, en s’affirmant par sa présence discrète mais décidée. Comme souvent dans le choix de son répertoire (Ravel, Schulhoff), les influences du jazz sont exploitées avec élégance et légèreté. On aurait envie d’encourager la pianiste à enregistrer les oeuvres de Gershwin qu’elle trouve – pour le moment, on l’espère – trop « typées », trop éloignées de la musique classique proprement dite.
Fruit d’un « mariage arrangé mais très heureux », l’enregistrement des deux concertos de Ravel et du second de Schulhoff sous la baguette de Louis Langrée [ACCORD 476 8043], révèle les multiples facettes de l’artiste-femme. Le Concerto en sol, sous les doigts de Claire-Marie Le Guay, devient une sorte de « Portrait de femme » à trois moments décisifs de sa vie : dans le premier mouvement, placé dans un univers festif, et plus précisément dans un cirque à la Chagall, la pianiste joue comme une petite fille émerveillée par les lumières et les bruits des cuivres. Mais quelques notes plus tranquilles annoncent déjà l’étape suivante : apparaît une jeune fille rêveuse, qui dialoguera poétiquement avec la flûte dans le mouvement lent. Le Presto est une métaphore de la vie trépidante d’une businesswoman moderne, sautant dans le taxi d’une métropole qui ne dort jamais...
Ravel a-t-il prévu une telle lecture de son oeuvre ? Lui, qui considérait les interprètes comme des esclaves de la partition ? Certainement pas !

Beata Zakes

Concerts-Club, Victoria Hall, Genève 22 avril 2007 à 20h30
Oeuvres de Richard Wagner : "Chevauchée des Walkyries", extraite de "La Walkyrie" / "Bacchanale" de "Tannhäuser" – Claude Debussy : "Prélude à l’après-midi d’un faune" – Manuel de Falla : "Nuits dans les jardins d’Espagne" – Hector Berlioz : "Le Carnaval romain", ouverture op. 9 – Maurice Ravel : "Boléro" pour grand orchestre (1928)
Avec l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, dir. Emmanuel Krivine.
Location Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe, scmguichet@gmge.migros.ch

Voir le site officiel de l’artiste