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L’Orchestre de Chambre de Genève
Entretien : Girolamo Bottiglieri

Girolamo Bottiglieri a été nommé violon solo de L’OCG.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 22 septembre 2010

par Claire BRAWAND

A la fois chambriste et soliste, Girolamo Bottiglieri est, à 36 ans, un violoniste accompli. Originaire du Sud de l’Italie, il a étudié à Rome avant de venir parfaire sa formation à Genève auprès de Corrado Romano. L’année 1997 voit l’aboutissement de ses études (Premier Prix de Virtuosité) et la création du quatuor Terpsycordes composé de Raya Raytcheva (2e violon), Caroline Haas (alto) et François Grin (violoncelle). Une formation de renommée internationale qui a obtenu de nombreux prix.

Depuis le mois de janvier 2010, vous êtes violon solo de L’Orchestre de Chambre de Genève. Que représente cette fonction pour vous qui êtes chambriste de formation ?
Avec mon expérience d’une douzaine d’années dans un quatuor, ce poste de soliste est le complément idéal. Cette nouvelle fonction m’oblige à apprendre énormément, un apprentissage qui se fait sur le tas. Dans le quatuor, les mécanismes sont, d’une part, déjà rôdés, et surtout, ils se passent physiquement devant moi, alors que dans un orchestre, beaucoup de choses se passent derrière moi. Les dynamiques sont très différentes et je dois trouver leur mode de fonctionnement. Il faut ensuite bien sûr établir des rapports personnels et musicaux avec les personnes, etc.

Le répertoire abordé par L’OCG est très large. Preuve en est le concert d’ouverture. Est-ce une programmation qui correspond à vos vues ?
Oui, et qui me réjouit énormément car elle suit un chemin parallèle à celui que nous menons avec le quatuor. Nous essayons d’embrasser tout le répertoire du Baroque jusqu’à la création contemporaine, et ce n’est pas qu’une étiquette qu’on se colle, cela correspond à une réelle volonté, à une esthétique bien réfléchie.

Girolamo Bottiglieri
© Bertrand Cottet / Strates / L’OCG

Et que dire de cette nouvelle série de musique de chambre ?
C’est une idée géniale des directeurs [David Greilsammer et Pascal Grimoin]. Ces concerts permettront de montrer les musiciens à part entière, en tant que chambristes. En plus, ils nous ont assemblés en différentes formations. Pour ma part, je vais jouer plusieurs fois en tant que 1er violon, mais aussi en tant que 2e violon. Quant à la programmation, là aussi, il n’y a pas de facilités. Il y a beaucoup de pièces que je ne connais pas et que je me réjouis de découvrir, plusieurs commandes également... C’est un projet qui tend d’une part à valoriser le patrimoine, de l’autre à mettre en avant les compétences des musiciens.

Passons à votre quatuor Terpsycordes : tout d’abord, que signifie ce nom ?
A l’origine, il s’agit du nom de la muse de la musique, Terpsichore, dont nous avons modifié les dernières lettres et l’orthographe afin d’avoir l’idée de terre, la dimension métaphysique et les cordes, l’élément qui relie les deux.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de cette formation ?
La phase initiale pourrait se résumer en ces termes : « quatuor de renommée internationale cherche deux violons et violoncelle » (rires), car c’est Caroline Haas qui est à la base de la formation du quatuor, son pilier fondateur. Nous nous sommes rencontrés au Conservatoire de Genève. Elle m’accompagnait dans le quatuor avec lequel j’ai passé l’examen au Conservatoire. Et elle accompagnait également Raya [le 2e violon] dans son quatuor à elle. Caroline nous a mis ensemble. A l’origine, nous jouions avec une violoncelliste, amie de Caroline. François Grin nous a rejoint deux ans après, en 1999.

Vous jouez aussi bien sur des instruments historiques que sur des instruments modernes. Avez-vous opté pour ce choix dès le début ?
Non, mais l’idée a toujours été présente de par le fait que Caroline jouait, à l’époque déjà, sur des instruments anciens au sein de l’ensemble Elyma de Gabriel Garrido. Elle côtoyait la famille baroque, alors que moi j’ignorais son existence... Du moment où François Grin est arrivé, il a lui aussi assez vite manifesté son intérêt pour cette démarche. Il faut dire que c’est en grande partie grâce à ces instruments que nous devons notre évolution esthétique.

La méthode de travail, l’approche de l’œuvre est-elle différente sur ces instruments ?
Oui, totalement. Tout d’abord, le matériau est autre. La corde, par exemple, est en boyau : elle est donc plus détendue. Pour des raisons de montage, elle exerce également une pression moindre sur le chevalet. Quant à l’archet, il est plus tendu et l’espace entre les crins et la baguette est plus grand. Les possibilités à l’archet de moduler le son, de créer des inflexions spécifiques et de détailler autrement la prise de son, dans l’articulation du phrasé par exemple, sont très nombreuses. Chose que nous n’avons et ne recherchons pas avec des instruments modernes où l’expression est davantage confiée à la main gauche, qui a des moyens relativement restreints (vibrato, glissandi, portamenti) par rapport à toutes les possibilités qu’a l’archet ancien.

Un dernier mot sur votre prochain disque ?
Nous venons d’enregistrer deux quatuors de Beethoven (le n° 6 et le n°15) sur des instruments du 19ème siècle, des Vuillaume, propriété du Musée d’Art et d’Histoire. Ce sont des instruments qui se prêtent à merveille à l’exécution du répertoire classique et romantique. C’est d’ailleurs sur ces mêmes instruments que nous avons enregistrés nos trois derniers cd (Haydn & Schubert).

Claire Brawand