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Nikolaj Znaider et l’OSR
A Genève et Lausanne : Nikolaj Znaider

Portrait du violoniste danois Nikolaj Znaider.

Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 20 mars 2009

par Beata ZAKES

Le 18 février au Victoria Hall de Genève, et le 20 février au Théâtre de Beaulieu, le violoniste danois fera vibrer les coeurs des mélomanes. Portrait d’un artiste en quête de la perfection.

Si Nikolaj Znaider n’était pas violoniste, il pourrait certainement devenir modèle professionnel ou acteur : grand, blond, très photogénique, il a une allure de star de cinéma. Sur scène, il dégage du charisme, tient souvent en haleine le public et les musiciens. Mais il a aussi – et avant tout – beaucoup de talent, et mieux encore, une énorme envie « de ne pas s’arrêter là », de cultiver et d’améliorer constamment son art !

Biographie
Né au Danemark, de parents polonais et israéliens, il s’est intéressé au violon très tôt et a eu l’occasion d’étudier auprès de professeurs prestigieux, comme Dorothy DeLay, à la Julliard School of Music, sous les ailes de laquelle il s’est retrouvé à l’âge de 16 ans. Peu après, grâce à sa musicalité appuyée par un travail assidu, il est sorti premier au Concours International de Violon Carl Nielsen. Tout indiquait qu’une carrière indépendante en tant que soliste allait commencer pour ce jeune musicien d’à peine 18 ans. Mais, malgré ses énormes atouts déjà appréciés par un jury international, Nikolaj Znaider n’avait rien d’un jeune prodige ; il ne s’est pas lancé à ce moment-là dans des tournées, ni dans des enregistrements.

Nikolaj Znaider

Au contraire : après s’être livré à une analyse « à tête froide » de sa manière de jouer, il a constaté que « quelque chose manquait », sans avoir pu saisir précisément la nature de son insatisfaction. Il est donc allé chercher de l’aide auprès d’un pédagogue russe renommé, Boris Kuschnir, qui dispensait son savoir à Vienne et qui avait formé de nombreux violonistes, comme Julian Rachlin. Ensemble, ils ont cerné le problème : manque de force et de flexibilité dans la main droite. « Je me suis senti comme quand j’avais deux ans et que j’apprenais à marcher. C’était tout à fait étrange : on fait quelque chose depuis toujours et tout d’un coup, il faut le faire différemment ! » Nikolaj Znaider est donc devenu un des rares (le seul ?) violoniste qui a réappris à jouer du violon à l’âge adulte. Mais il a conservé une passion et une fraîcheur adolescentes... qui se marient à présent parfaitement avec une expérience, une technique et un intérêt pour le lyrisme, exprimés dans son art de manier l’archet.

Au service de la musique
A la question « pourquoi jouez-vous du violon ? », il répond en cherchant soigneusement les raisons, comme s’il était en train de préparer une nouvelle pièce de musique en vue d’un concert : « Je pense que nous, les instrumentistes, nous éprouvons un plaisir presque masochiste à jouer, à nous entraîner, que nous aimons galérer sur des détails, répéter sans cesse des gammes et des exercices. Mais à travers mon jeu, je souhaite avant tout communiquer avec mon public. Je sens que j’ai quelque chose à dire et que je peux l’exprimer le mieux sur scène, avec mon violon à la main. Finalement, nous, les musiciens, nous voulons rendre justice à la musique, nous voulons la servir. »
Quand il parle d’« un violon à la main », ceci n’est pas anodin : car pour Nikolaj Znaider le choix de l’instrument est essentiel ; son penchant est pour l’ancienne école italienne, avec des Guarneri et un Stradivarius sur la liste des violons qui ont passé entre ses mains. Il a même acquis un instrument qui avait appartenu à Fritz Kreisler ; « fidélité oblige », ce sont des grandes œuvres romantiques qui sont au cœur de son répertoire : Brahms, Bruch, Tschaikovsky, Sibelius, Schumann... Soliste et chambriste passionné, il a joué avec des musiciens célèbres et interprété sous la baguette de nombreux chefs. Des enregistrements de qualité en témoignent, comme une intégrale des Trios pour piano de Mozart, avec Barenboïm et Zlotov, les Sonates de Brahms avec Yefim Bronfman au piano, ou encore les concertos de Beethoven et Mendelssohn, avec l’Orchestre Philharmonique d’Israël sous la direction de Zubin Mehta.
Comme plusieurs de ses collègues, Nikolaj Znaider passe la plupart de son temps à parcourir le monde et à donner des concerts. Il s’intéresse pourtant aussi de près au travail pédagogique et a fondé une « Nordic Music Academy », sorte d’école d’été pour les jeunes musiciens, dont le but est de « stimuler un développement musical conscient et concentré, basé sur la qualité et l’engagement ».
Le public, qu’il soit genevois ou lausannois, tombera certainement sous le charme de cet artiste aussi travailleur que talentueux. Si l’on peut en croire sa réputation, « aucun autre violoniste n’a pas créé autant de remous, depuis l’époque où le jeune Gidon Kremer est monté sur scène »... Nous pourrons nous en convaincre le 18 au Victoria Hall et le 20 février à Beaulieu.

Beata Zakes

Disques disponibles chez RCA Red Label.

Mercredi 18 février, 20h. Victoria Hall, Genève
Vendredi 20 février, 20h15. Théâtre de Beaulieu, Lausanne
Location : 021/807 00 00. www.osr.ch
OSR, direction Miguel Harth-Bedoya. Nikolaj Znaider, violon. Au programme : Schumann, Manfred, ouverture op. 115 + Concerto pour violon et orchestre en ré mineur / Revueltas, La Nuit des Mayas.