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Livres d’art - novembre 2009

Chez Flammarion : un livre consacré à Gustave Eiffel ; un “mode d’emploi“ de l’art contemporain ; un ouvrage sur l’art minimal.

Article mis en ligne le novembre 2009
dernière modification le 9 décembre 2011

par Laurent DARBELLAY

Gustave Eiffel, le Magicien du fer
À force de symboliser Paris, au-delà de toute contextualisation esthétique ou historique, la Tour Eiffel a eu tendance à éclipser l’art architectural de Gustave Eiffel, l’étendue et la variété de sa production, le brio et l’audace avec lesquels il a su agencer le métal, ce nouveau matériau architectural.
Une exposition printanière à l’Hôtel de Ville de Paris, ainsi qu’un bel ouvrage édité par Flammarion et qui en constitue le catalogue, viennent heureusement nous rappeler le talent de celui qui fut rapidement surnommé « le magicien du fer ».
Le catalogue, rédigé sous la direction de Caroline Mathieu, conservateur en chef du Musée d’Orsay, et contenant de nombreux types de documents (clichés d’époque, plans architecturaux, coupes, gravures, affiches, tableaux, photographies du tournage du film de René Clair Paris qui dort, photographies artistiques), propose plusieurs axes d’étude de l’architecte. Le chapitre « Eiffel intime » offre tout d’abord un portrait précis de sa vie, puis « Eiffel ingénieur constructeur » aborde longuement la formation d’Eiffel, la fondation et le développement de son entreprise, ainsi que les différentes facettes de son art – la Tour, bien sûr, mais avant tout les nombreux ponts en métal qui ont fait la réputation de sa société. Dans un troisième temps, on peut découvrir l’aspect scientifique de Gustave Eiffel, ses recherches sur l’aérodynamisme et la météorologie, ainsi que ses projets d’avion et de métro.
Enfin, la dernière partie de l’ouvrage s’étend en détail sur la Tour Eiffel, depuis le concours lié à l’Exposition universelle de 1889 et les aléas de sa réalisation (une évidente prouesse technique), jusqu’au statut iconique qu’elle possède désormais, en passant par les pétitions d’artistes contre le projet d’Eiffel, les velléités de destruction au moment de l’Exposition universelle de 1900, et surtout le dialogue qui s’est établi entre la Tour et de multiples artistes – Henri Rivière, Brassaï, Else Thalemann, et bien sûr Delaunay, Dufy, Chagall.
Collectif, sous la direction de Caroline Mathieu, Flammarion, 49 euros relié sous jaquette, 35 euros brochés.

André Granet « Illumination de la tour Eiffel pour l’exposition universelle de 1937 »
© RMN (musée d’Orsay) / © Hervé Lewandowski

L’art contemporain mode d’emploi
Nouvelle collection de Flammarion, « mode d’emploi » se propose de donner aux lecteurs les principales clés d’approche d’une époque, d’un genre ou d’une problématique artistique. Pour le premier volume, Elisabeth Couturier, journaliste et critique d’art, se confronte de façon très convaincante à l’art contemporain, qui demeure terra incognita pour de nombreux amateurs d’art.
L’approche de l’auteur se veut ludique et accessible, dans le fond comme dans la forme : la mise en page est très « pop », la typographie joue sur les caractères et les formats, les illustrations prennent des formes très variées, les formules sont « accrocheuses », les textes sont clairs et synthétiques.
Conçu comme un guide, ce livre s’articule autour de trois grands axes : 40 notions clés sont étudiées en détail, 25 dates essentielles sont commentées, et 30 œuvres phares sont décryptées. Mais autour de ces axes, Elisabeth Couturier agence de multiples angles d’attaques – autour de formules telles que « l’art contemporain, c’est quoi ? », « quel intérêt ? », « renouer les fils avec le passé ». L’ouvrage parvient ainsi à rendre avec pertinence et légèreté la complexité et la variété des formes artistiques et des champs d’influence de l’art contemporain.
Elisabeth Couturier, Flammarion, 24,90 euros.

L’art minimal
S’il est une forme d’art contemporain qui nécessite un « mode d’emploi », c’est bien l’art minimal. Or, Flammarion a l’excellente idée de consacrer un splendide ouvrage à ce courant, qui apparaît aux États-Unis dans les années 60, à la fois très cohérent et varié, fascinant par son ascèse, qui ne constitue pas un véritable mouvement (les représentants de l’art minimal ne se revendiquent pas d’un tel groupe) mais repose sur certains concepts clés. Il s’agit de chercher la sobriété absolue, un mélange d’individualité et d’essentialité, à travers des matériaux qui privilégient la pureté.
Claudine Humblet, spécialiste reconnue de l’art américain des années 60 et 70, propose au lecteur une étude à la fois riche et fascinante des artistes et des enjeux du minimal.
Sous-titré « Une aventure structurelle aux multiples visages », son ouvrage s’organise sous la forme d’une suite de neuf chapitres consacrés aux principaux artistes minimaux : Robert Morris, Donald Judd, Sol LeWitt, Carl Andre, Dan Flavin, Tony Smith, Ronald Bladen, Robert Grosvenor et Robert Smithson. Chaque chapitre constitue une véritable petite monographie, documentée avec précision et très richement illustrée, qui suit l’évolution de la carrière des différents créateurs et évoque les fondements théoriques de leur pratique.
Un ouvrage essentiel pour saisir les fondements, les formes et les enjeux d’un des courants les plus captivants de la seconde moitié du XXe siècle.
Claudine Humblet, Flammarion, 79 euros

Laurent Darbellay