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Livres d'art No. 206 - [Arts-Scènes]
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Livres d’art No. 206

Phaidon consacre trois ouvrages à Stephen Shore, alors que Gallimard offre un pèlerinage au Louvre.

Article mis en ligne le 31 août 2008
dernière modification le 2 septembre 2008

par Laurent DARBELLAY

Pèlerinage au Louvre
L’écrivain et académicien François Cheng, né en Chine et naturalisé français en 1971, propose au lecteur de découvrir son « musée personnel » du Louvre, c’est-à-dire 70 chefs-d’œuvre de la prestigieuse collection parisienne. L’ouvrage est organisé selon les trois principales « écoles » occidentales représentées au Louvre : l’italienne, la française et celle du nord de l’Europe.
Pour chaque toile, Cheng élabore un commentaire relativement bref (une page), mais clair, habile, érudit et sensible. L’écrivain débute par une présentation du peintre (école, style, influences), ainsi que par une évocation du sujet de l’œuvre. Cette captatio est souvent séduisante, car elle ne se réduit pas à des informations factuelles, mais cerne directement les enjeux de l’artiste et de la toile. Le commentaire propose dans un second temps une lecture structurelle et thématique de l’œuvre, et il s’achève par un bref paragraphe synthétique, où se laisse voir non seulement le talent du peintre, mais aussi l’art de l’écrivain. Cheng évoque évidemment certaines toiles incontournables du Louvre, mais aussi des peintures moins connues  : Les Deux sœurs de Chassériau, La Femme en bleu de Corot, La Pietà d’Enguerrand Quarton, Le Jugement de Pâris de Watteau, ou encore les Etudes d’un perroquet ara ararauna de Pieter Boel.
De plus, ce pèlerinage au Louvre se veut artistique, mais aussi profondément personnel. Ainsi que l’explique Cheng dans son introduction, c’est grâce à la culture occidentale qu’il a approfondi sa culture orientale, et ainsi « la meilleure part de l’une appelle la meilleure part de l’autre ». L’ouvrage se place d’ailleurs, via sa couverture, sous l’égide d’un autre pèlerinage, lui aussi à la fois artistique, sentimental et personnel : celui qui mène à Cythère les personnages peints par Jean-Antoine Watteau.
(François Cheng, Gallimard, 25 euros)

Chassériau, « Les Deux sœurs », 1843
© Musée du Louvre

Stephen Shore
Phaidon consacre cette année plusieurs ouvrages à l’Américain Stephen Shore (né en 1947), un des plus influents photographes contemporains, également auteur de nombreux textes consacrés à l’art photographique.
Le volume Stephen Shore, publié dans la collection « Artistes contemporains », constitue la première monographie qui examine dans son entier l’œuvre de l’artiste américain. Construit en six sections, et contenant de nombreuses reproductions d’œuvres, ce livre permet de suivre l’évolution du travail de Shore, depuis ses années de formation jusqu’à aujourd’hui.
Il est en effet l’auteur de très diverses séries photographiques. Dans les années 60, sa rencontre avec Andy Warhol lui permet de se glisser à l’intérieur de la Factory et de saisir, sur un mode analytique et documentaire, les figures qui peuplent ce lieu mythique (les membres du Velvet Underground, Nico, Paul Morrissey, Candy Darling, etc.). En revanche, durant la décennie suivante, les séries Surfaces américaines et Uncommon Places s’inscrivent dans la tradition de la photographie faite « on the road » à travers les États-Unis. Shore a également beaucoup contribué, durant les années 70, à la reconnaissance artistique de la photographie couleur, dans un art où le noir et blanc possédaient une position hégémonique.
L’ouvrage reproduit également un long entretien entre Shore et Michael Fried, le célèbre théoricien et historien de l’art, et contient également un riche essai de Christy Lange.
(Collectif, « Stephen Shore », Phaidon, 39,95 euros)

Surfaces américaines
Phaidon réédite également le volume Surfaces américaines, regroupant les photos prises entre mars 1972 et décembre 1973 durant un long voyage au cœur de l’Amérique. Les grands espaces américains et différents aspects des petites villes traversées sont saisis avec un mélange de banalité, d’ironie, de morosité. On y décèle nettement l’influence de American Photographs de Walker Evans, mais avec une fascination marquée pour l’ordinaire, la série, et avec un style où domine la neutralité.
(Stephen Shore, « Surfaces américaines », Phaidon, 29,95 euros)

A road Trip Journal
Enfin, Phaidon propose, en édition limitée à 3300 exemplaires signés et numérotés par l’auteur, le fac-similé du journal tenu par Shore en 1973 durant une partie du voyage qui a débouché sur les Surfaces américaines.
Ce journal singulier est construit en deux parties : la première est un journal de bord où Shore mentionne de façon factuelle tous les détails de son « road trip », tandis que la seconde est constituée de toutes les photos qu’il prend durant son voyage (partie qu’il est évidemment intéressant de confronter à l’œuvre aboutie que constitue les Surfaces américaines). Ce journal est ainsi un fascinant témoignage sur une traversée mythique des États-Unis, doublé d’une sorte de manifeste de la démarche artistique de Shore.
(Stephen Shore, « A Road Trip Journal », Phaidon, 185 euros)

Laurent Darbellay