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Sélection
Livres d’art de mars 2007
Article mis en ligne le mars 2007
dernière modification le 24 novembre 2011

par Laurent DARBELLAY

Pop
L’excellente collection Thèmes et Mouvements de Phaidon s’étoffe d’un nouveau volume consacré au Pop, incontestablement un des courants les plus importants du XXe siècle. Important, en ce qu’il a révélé des artistes tels que Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist, Jim Dine, Jasper Johns ou Robert Indiana. Important aussi, car le Pop a imposé des liens profonds, toujours essentiels aujourd’hui, entre création artistique et culture populaire, et qu’en cela il a profondément modifié notre regard sur les objets et les médias qui nous entourent.
Les cinq parties du livre permettent de bien cerner les enjeux du Pop : la première s’intéresse à la dimension de révolte propre à ce mouvement, la seconde étudie l’importance de la culture de consommation dans la création Pop, la troisième pointe la contestation vis-à-vis de l’hégémonie culturelle américaine, la quatrième s’étend sur le statut de star qu’acquièrent plusieurs artistes pop – il suffit de songer à Warhol et à sa Factory –, et enfin la dernière partie souligne le violent « retour sur terre » qui caractérise la fin des années 60, et qui se manifeste par exemple chez Richard Hamilton ou Duane Hanson.
Comme toujours dans cette collection, les reproductions sont nombreuses, de bonne qualité et commentées avec pertinence. De plus, les auteurs ont eu l’intelligence d’intégrer à leur réflexion non seulement les arts plastiques au sens large, mais aussi le cinéma (Godard, Antonioni) et la musique (les spectacles du Velvet Underground à la Factory).
(Mark Francis et Hal Foster, Phaidon, 49, 95 euros)

J.W. Waterhouse
Moins connu que d’autres artistes préraphaélites – Burne-Jones, Rossetti, Millais – J.W. Waterhouse est pourtant un des peintres les plus fascinants de ce mouvement anglais du XIXe siècle.
C’est ce que vient confirmer cette première monographie française consacrée à Waterhouse, mort en 1917 et dont l’œuvre fut longtemps oubliée par l’histoire de l’art.
En pleine époque victorienne, il produit des œuvres mystérieuses et envoûtantes qui combinent des teintes éclatantes, une touche subtile d’influence impressionniste dans le rendu des paysages, et des thèmes mythologiques et légendaires, d’un romantisme teinté de symbolisme. Waterhouse est surtout attiré par des figures féminines au corps diaphane, gracieuses et rêveuses, malheureuses et parfois dangereuses : Cléopâtre, Ariane, Ophélie, Iseult, la Dame d’Escalot, Circé, Pandore, Echo, les Sirènes d’Ulysse, ou encore la Belle Dame sans Merci.
Remarquablement illustré, le propos de Peter Trippi suit la biographie de Waterhouse, et se concentre sur certains enjeux de son imaginaire pictural : ses thématiques de prédilection, où se combinent mythe, poésie et nature, l’atmosphère de plus en plus dramatique de son œuvre (où pointe l’influence du théâtre du West End), ou encore l’influence de l’art italien.
Une redécouverte.
(Peter Trippi, Phaidon, 59,95 euros)

Ed Ruscha, Large Trademark with Eight Spotlights, copyright Phaidon

L’histoire de l’art selon Gombrich
On ne présente plus cette Histoire de l’art, un des ouvrages sur l’art les plus célèbres, traduit en 35 langues, utilisé aussi bien par les universitaires que par les amateurs éclairés. Phaidon a eu l’excellente idée de rééditer cette histoire de l’art dans un format de poche semi-bible, en préservant l’iconographie couleur de l’édition standard et en adoptant un prix incroyablement raisonnable ; il n’y a donc plus aucune excuse pour ne pas le posséder dans sa bibliothèque (ou dans son sac de voyage, vu son format).
Dans ce volume, Gombrich – un des historiens de l’art les plus intelligents et les plus productifs du XXe siècle – parvient très bien à équilibrer savoir et accessibilité, enjeux intellectuels et émotions esthétiques, complexité et clarté. Sur un ton narratif, l’auteur emmène son lecteur à travers plusieurs milliers d’années de création artistique, depuis la Préhistoire jusqu’à la période contemporaine. Le propos de l’auteur s’articule autour d’œuvres précises et célèbres, toutes reproduites dans la seconde partie du livre, et agence une réflexion qui ne cherche pas à démontrer un soi-disant « progrès de l’art », mais qui pointe parfaitement les caractéristiques des périodes, les réactions entre une génération et la suivante, les oppositions entre différents artistes contemporains ou entre divers pays. Plus de 50 ans après sa première édition, l’exercice demeure impressionnant.
(E.H. Gombrich, Phaidon, 19, 95 euros)

Japonisme
Pour cerner l’histoire des échanges culturels entre le Japon et l’Occident, Lionel Lambourne s’est concentré à la fois sur les œuvres et sur les protagonistes. Le volume présente ainsi plus de 250 œuvres (tableaux, estampes, mobilier, arts décoratifs, photographie, architecture, jardins) témoignant de la richesse et de la variété de ces échanges. Au fil des pages, on suit le parcours et l’influence de l’estampe et de l’affiche japonaise, et on voit comment des artistes du XIXe siècle aussi différents que James Tissot et Claude Monet, James Whistler ou Paul Gauguin, Mary Cassatt ou Vincent Van Gogh, Gustav Klimt ou Charles Wirgman, récupèrent exploitent l’héritage venu du Japon. L’auteur cerne également l’influence orientale à l’oeuvre dans la décoration intérieure, la mode, ainsi que la littérature, l’opéra et le cinéma. Il s’intéresse également au contexte politique qui a permis l’intensification des contacts entre le Japon et le reste du monde.
D’un style très accessible, cet ouvrage illustre parfaitement l’impact de la culture visuelle japonaise dans l’histoire de l’art occidental.
(Lionel Lambourne, Phaidon, 59,95 euros)

Laurent Darbellay