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Livres d’art de mai 2007

Analyse de quelques beaux livres récemment publiés.

Article mis en ligne le mai 2007
dernière modification le 24 novembre 2011

par Laurent DARBELLAY

Jacques Villeglé
En écho à l’exposition consacrée ce printemps aux nouveaux réalistes par le Grand Palais, Flammarion propose la première monographie dédiée à Jacques Villeglé, un des artistes français majeurs de ce mouvement – et ce même s’il n’est pas aussi célèbre qu’Arman, César, Tinguely, Klein ou Saint-Phalle.
Le volume présente un large panorama de ses œuvres, composées à partir d’affiches lacérées, arrachées dans les rues avant d’être contrecollées sur un support. Le procédé de Villeglé se rattache ainsi aux recherches sur l’affiche d’autres nouveaux réalistes, mais aussi au courant pop et aux collages dada et surréalistes.
Cette belle monographie, outre de multiples illustrations, propose un texte saisissant de l’écrivain François Bon, ainsi qu’une longue étude de Kaira Cabanas portant à la fois sur l’art de Villeglé et sur l’histoire de l’affiche comme support et matériau artistique. Un entretien avec l’artiste complète la réflexion.
(Collectif, Flammarion, 39 euros)

Mary Ellen Mark
Phaidon fait sans conteste partie des éditeurs qui défendent le plus et le mieux l’art photographique, aussi bien par les choix éditoriaux que par la qualité et le prix accessible des ouvrages. Le volume consacré à Mary Ellen Mark confirme une fois encore cette position : pour moins de 25 euros, on peut découvrir en 55 images le travail de Mark, situé entre le portrait et le photojournalisme et qui occupe depuis les années 1970 une place centrale dans l’histoire de la photographie américaine.
L’œuvre de Mary Ellen Mark fascine à plus d’un titre. Ce qui frappe avant tout est le regard humaniste et respectueux qu’elle porte sur les sujets de ses photographies, le plus souvent des exclus de la société : malades, drogués, fugueurs, clochards, membres de cirques itinérants. Elle réalise également, avec une sensibilité rare, de nombreux portraits d’enfants contraints d’adopter des postures d’adultes – jeunes filles trop tôt métamorphosées en femmes, adolescents brandissant des armes, très jeunes artistes de cirque, enfants laissés à eux-mêmes.
Incontestablement marquée par le travail d’une Dorothea Lange, elle sait toujours trouver le ton et le point de vue justes, qu’elle photographie une prostituée indienne, une famille de sans-abri californiens (sans doute son plus beau cliché) ou un membre des « nations aryennes » accompagné de son fils.
(Charles Hagen, Phaidon, 24,95 euros)

Patrimoines de la Bibliothèque de Genève
En parallèle à la passionnante exposition organisée cet hiver au Musée Rath sous le titre Arts, savoirs, mémoire, Trésors de la Bibliothèque de Genève, Slatkine propose avec ce volume un « état des lieux » du patrimoine de la Bibliothèque de Genève. Chaque élément de cette collection se voit consacré un chapitre, qui présente une vue d’ensemble des pièces rassemblées, un historique et la reproduction des œuvres les plus importantes : les imprimés anciens, les manuscrits et archives, les portraits et la collection iconographique, les affiches, les cartes, les bobines et fiches. Le volume, complété par de textes sur la mission culturelle de la bibliothèque, sur la Bibliothèque musicale, ou encore sur la collection de l’Institut Voltaire, donne ainsi au lecteur une très excellente idée de la richesse et de l’étendue de nos bibliothèques.
(Collectif, Slatkine, 35 euros)

Suite française
Sous ce beau titre se cache l’exposition parisienne et genevoise consacrée à la collection de dessins français du Genevois Jean Bonna, mais aussi le catalogue de cette manifestation. Le volume édité par L’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts rend parfaitement justice à cette collection d’une extrême richesse, inédite jusqu’à présent.
107 dessins sont présentés en pleine page et longuement analysés, souvent à l’aide de reproductions d’autres œuvres. L’ampleur et la qualité de la collection sont impressionnantes. Elle s’étend du XVIe au XXe siècle, et comprend des dessins remarquables de la majorité des grands artistes français : Callot, Poussin, Lorrain, Le Brun, Watteau, Chardin, Greuze, Boucher, Fragonard, Géricault, Delacroix, Manet, Degas, Gauguin, et enfin Balthus. On peut ainsi à la fois observer le talent de dessinateur de ces différents peintres, placer en relation des dessins avec des œuvres finies et réfléchir aux multiples supports employés.
En ouverture du livre, un texte de Pierre Rosenberg contribue à mettre en perspective la collection, et surtout des commentaires de Jean Bonna ; ce dernier parle en effet avec beaucoup de sensibilité et d’érudition de sa passion pour l’image, et s’arrête sur les dessins qui occupent « une place privilégiée » dans son cœur.
(Collectif, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 39 euros)

Andy Warhol
Flammarion consacre deux ouvrages à Andy Warhol, certainement un des artistes sinon les plus géniaux, du moins les plus connus de la seconde moitié du XXe siècle. Dans Ma Philosophie de A à B et vice-versa, Warhol propose une suite de pensées et d’aphorismes, construits autour de discussions entre A et B. 15 points sont abordés, de « Amour (puberté) » à « Puissance du sous-vêtement ». Se dessine ainsi le portrait d’un créateur ironique et irrévérencieux, qui développe plusieurs points essentiels de son art – la problématique de la beauté, la perception de la temporalité, son rapport à la célébrité et au succès –, et qui trace également un panorama de la « faune » artistique dans laquelle il se mouvait.
Quant à Popismes, rédigé avec Pat Hackett, il s’agit, comme l’explique Warhol dans l’avant-propos, de donner sa « vision personnelle du phénomène pop dans les années 60 à New York ». Le livre propose donc un regard rétrospectif et subjectif sur sa vie, sa stature artistique, ses amis, et surtout son lieu de prédilection, la Factory.
(Andy Warhol, Ma Philosophie de A à B et vice-versa, Flammarion, 18 euros ; Andy Warhol et Pat Hackett Popismes, Flammarion, 25 euros).

Laurent Darbellay