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Papier et papilles en fête à Genève
Genève : Librairie Les Recyclables

Portrait de la librairie-café Les Recyclables, lieu original de la vie culturelle genevoise.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 6 décembre 2007

par Laurent CENNAMO

« A lire, à boire et à manger » peut-on lire sur l’enseigne rouge et blanche des Recyclables, rue de Carouge à Genève. Basée sur des principes forts tels que la qualité de vie de ses employés, la protection de l’environnement, le bio ou encore le commerce équitable, cette librairie-café est un lieu original de la vie culturelle genevoise. Entretien avec son fondateur Frédérik Sjollema.

Frédérick Sjollema, quel est le concept des Recyclables ?
Lors de sa création en 1994, Les Recyclables était seulement une librairie d’occasion. Ce que nous voulions, c’était prendre le contre-pied des librairies traditionnelles qui privilégiaient le rare, l’ancien et le poussiéreux, proposer des livres courants les plus récents possibles et en bon état. Le livre ancien ou rare c’est un métier, et ce n’était pas le nôtre. Nous voulions offrir un autre créneau : des livres qui avaient l’air d’être des livres neufs vendus au maximum à la moitié de leur prix en librairie « normale ». Dès le début, tout le stock était informatisé, ce qui nous permettait d’effectuer des recherches, de prendre des réservations, de faire l’historique des livres qu’on avait eus. En 1994, c’était plutôt rare…
Notre slogan en 1994 était : « Les livres des uns font le bonheur des autres ». Le nom des Recyclables était parfait pour quelqu’un comme moi, à la fois très attaché à des valeurs écologiques et grand amateur de cyclisme…
Entre 1994 et 1999, nous avons fonctionné comme ça. Nous étions alors situés rue Jean Violette, et nous regardions la rue de Carouge toute proche avec avidité… En 2000, nous avons eu la possibilité de nous installer dans une vaste arcade de la rue de Carouge, anciennement la banque cantonale. Une banque qui a bien tourné pour une fois… Que faire dès lors : une librairie deux fois plus grande ? Nous avons préféré faire une partie bistrot, d’abord une sorte de tea-room qui est ensuite devenu ce qu’il est aujourd’hui, un vrai petit restaurant indépendant de la librairie avec des plats du jour très appréciés.

Librairie-café Les Recyclables : vue de l’intérieur

Quel type de librairie sont Les Recyclables ?
Une librairie universaliste. On y trouve à la fois la littérature française classique ou contemporaine et des littératures traduites du monde entier : anglaise, allemande, suédoise, chinoise ou brésilienne… Nous avons également un peu de littérature en langue étrangère, surtout en anglais. La bd et les livres pour enfants font la joie des plus jeunes, et des parents. Quant au rayon ésotérisme – que nous essayons de maintenir dans des proportions raisonnables – il nous permet de survivre…
Une chose à noter encore parce que c’est plutôt rare : la possibilité d’acheter des partitions musicales aux Recyclables. Après la Fnac et Payot, et dans un tout autre genre – je ne parle bien sûr pas du chiffre d’affaire ! –, nous sommes un des grands débits de livres à Genève. Au total, nous vendons près de 3000 livres par an, ce qui fait environ 100 livres par jour. Une belle et forte circulation. Notre choix est constamment renouvelé par les clients qui viennent recycler leurs livres. Un de nos objectifs aujourd’hui est de n’être pas submergés par les « arrivages », toujours plus nombreux.

A lire, à boire et à manger donc… A voir ou à entendre également puisque les Recyclables sont le lieu de diverses manifestations culturelles.
En effet, le lieu s’y prête très bien. Nous avons deux types d’activité dans ce domaine : d’une part nous accueillons des personnes qui viennent nous proposer des spectacles qui nous intéressent, et d’autre part nous nous investissons dans des projets plus personnels. Nous essayons d’organiser des choses transversales entre la librairie et le bistrot, de tisser des liens entre les deux, en un mot : de trouver de la culture dans la nourriture et des nourritures dans la culture !
L’an dernier, nous avons par exemple organisé une soirée « slow food » : mettre en valeur les savoir-faire traditionnels, défendre le patrimoine culinaire et certains modes de développement éthiques, cela nous tient particulièrement à cœur. Dans le passé, nous avons eu des repas-lecture autour du vin ou de la bière, avec des textes sur l’ivresse. Nous avons aussi créé un concours littéraire sur des thèmes définis : « Petites histoires macabres », « Un goût de reviens-y », « Le désir »...
Enfin, il y a des soirées où des auteurs viennent parler de leur livre. Un aspect très apprécié à la fois par les spectateurs et par les cordes vocales de ceux qui viennent lire, chanter, parler ou conter, c’est que notre restaurant est non-fumeur. Une dernière chose, importante : les gens qui sont présents un soir de spectacle, bien qu’ils puissent manger et boire, ne le font jamais en même temps, ils sont attentifs, ils écoutent, ils sont venus pour ça.

Frédérik Sjollema, une dernière question : votre musicien et votre écrivain favoris ?
Henry Purcell et Georges Perec.

Propos recueillis par Laurent Cennamo

Librairie-café Les Recyclables
53, rue de Carouge, 1205 Genève
www.recyclables.ch