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Société de Lecture, Genève
Genève : Conférences à la Société de lecture

Aperçu des activités proposées par la Société de Lecture.

Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 2 février 2008

par Sylvia MEDINA-LAUPER

La Société de Lecture, située au cœur de la Vieille Ville, n’est pas seulement la plus grande bibliothèque privée de Suisse, elle a également pour vocation de fonctionner comme un centre culturel. C’est une société qui élargit le regard de l’écrivain sur le monde en y intégrant les différents aspects des relations internationales, des sciences humaines et sociales.

Fondée en 1818, la bibliothèque regorge de plus de 400’000 ouvrages et cependant continue à s’enrichir au fil des ans à raison d’une cinquantaine de nouveautés littéraires par mois. On peut y emprunter les livres, ou alors les consulter ainsi que les magazines et revues mis à notre disposition dans un cadre sublime, tout en parcourant les nombreuses salles reposantes aux couleurs stimulantes. Non contente de ce trésor, la bibliothèque propose aussi une imposante vidéothèque et l’accès à internet.
Mais la vocation de cette Société de Lecture s’élargit bien au-delà de satisfaire la curiosité du lecteur puisque son comité, appuyé par la directrice, Mme Delphine De Candolle, organise durant le premier trimestre de l’année des rencontres avec des écrivains et des intellectuels de tous horizons. Ces rencontres ont pour ambition de s’enrichir avec des regards croisés entre sociologues, politologues, biologistes, philosophes, théologiens ou même galeristes, autour de sujets éminemment contemporains, comme c’est le cas avec le cycle de conférences «  Penser le XXe siècle, entrevoir le XXIe ».

Pierre Hassner, « Y a-t-il encore un ordre international ? »
Sept ans après le début du siècle, il est temps d’envisager quelques prospectives. L’intervention du professeur Pierre Hassner se pose ici comme une évidence pour initier ce débat puisque c’est un spécialiste des relations internationales et qu’il s’est illustré dernièrement par ses travaux sur les conflits de l’après-guerre froide. Pierre Hassner, d’origine roumaine, est aujourd’hui directeur de recherche émérite au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales, et à la Fondation Nationale des Sciences Politiques. Actuellement professeur invité à l’Institut HEI de Genève, il enseigne également à l’université de Bologne, et a enseigné aux USA et au Canada.
Si son analyse ne prétend pas clarifier la situation, par définition complexe, elle pose malgré tout un diagnostique sans appel ; le siècle qui vient sera celui de « la puissance relative ». Autrement dit, l’hégémonie occidentale est battue en brèche pendant que des nouvelles puissances trans-étatiques ou sub-étatiques se révèlent concurrentielles, comme c’est le cas avec l’organisation terroriste d’Al-Qaida ou les différentes ethnies en révolte (Kenya, Rwanda…). On le voit, l’optimisme d’après la chute du mur de Berlin doit déchanter et le nouvel ordre mondial que certains spécialistes prédisaient stable se mue en un déplacement du pouvoir vers l’Asie avec des pays émergents comme la Chine ou l’Inde. De nouveaux problèmes ont surgit, révélés avec fracas le 11 septembre 2001. D’une part, le monde est globalisé, les problèmes sont globaux ; écologie, urbanisme galopant, migration, intégrisme des religions, sauvegarde des cultures spécifiques, toutes ces questions globales demandent des réponses et des solutions qui doivent se prendre de manière particulière. D’où une difficulté sans précédent à mettre toute la planète d’accord. D’autre part, on passe de l’équilibre bi-polaire à un modèle prépondérant, le capitalisme qui, tout seul, a tendance à se dévorer par lui-même, marquant à son tour la fin de l’hyper-puissance américaine. Concernant l’âge du terrorisme, sa puissance est limitée, mais symboliquement il ébranle la suprématie de la première puissance mondiale.

Comment s’orienter alors dans cette multi-polarité ? Comment restructurer ce nouvel ordre international ? Comment agir en faveur de la liberté, de la démocratie et enfin de la paix alors que ces valeurs ne sont pas partagées par tous ? M. Hassner aime se référer au dramaturge Bertold Brecht qui voyait le monde comme une énorme partie d’échec, où les pions (les puissances politiques, économiques) se transformeraient continuellement ; un cavalier deviendrait une tour, un roi deviendrait un fou, etc. Plus sérieusement, les réponses à ces difficiles questions consistent à arriver à une concordance, une sorte de gouvernance mondiale où « seule la réciprocité, même imparfaite, et l’interpénétration, même partielle, entre nations et cultures peut avoir une chance d’isoler les adversaires de la tolérance à l’intérieur de chacune d’elles et d’encourager les solidarités transnationales ». Il faut se résoudre à ne plus être les seuls instances légitimes à juger.

Activités proposées par la Société de Lecture
Ces défis planétaires que Pierre Hassner évoque avec un talent vulgarisateur infiniment appréciable, vous les retrouverez tout au long des conférences prévues par ce cycle de la Société de Lecture. Outre ces conférences et débats, ce centre culturel propose des ateliers et des animations pour petits et grands ; tels que Contes voyageurs, ateliers d’écriture, cercles de lecture et atelier d’échec.

Sylvia Medina-Lauper

Dates des prochaines conférences :

 Mardi 5 février : Du miracle de la Libération de Paris à l’Inde de Gandhi et de Mère Teresa : 50 ans de rencontres et d’enquêtes bouleversantes sur les chemins de l’histoire, par Dominique Lapierre, écrivain humanitaire.

 Mardi 19 février : La condition urbaine à l’heure de la mondialisation, par Olivier Mongin, philosophe et essayiste.

 Mardi 26 février : L’avenir du monde de l’art, par Pierre Huber, galeriste.

 Mardi 4 mars : Un appel à penser de nouvelles formes de démocratie, par François Demange, théologien.

 Mardi 11 mars : Mondialisation et civilisation, par André Comte-Sponville, philosophe.

Voir les modalités d’inscription sur le site www.societe-de-lecture.ch.

A noter les deux derniers ouvrages de Pierre Hassner, qui sont : La Violence et la Paix (1995) et De la terreur et l’empire (2003).
Voir à ce sujet l’article qui lui est consacré dans le quotidien Le Monde «  Le siècle de la puissance relative », daté du 3 novembre 2007.
Ibidem.