Les saxophonistes Archie Shepp, Wayne Shorter, Maceo Parker, Chris Potter, mais aussi Gilberto Gil, Paolo Fresu, Avishai Cohen, Tigran Hamasyan, Pascal Auberson et les Young Gods : l’affiche du Cully Jazz s’avère cette année rythmée, rajeunie et riche en notes suisses.

La cuvée suisse
On ne le dira jamais assez, notre pays regorge d’excellentes formations de jazz. Les festivals romands l’ont compris et, comme les Montreux Jazz et Jazz Onze+, le Cully Jazz Festival programme des groupes suisses en premières parties des concerts de stars confirmées.
C’est le cas du Suisse-allemand Tobias Preisig, un étonnant violoniste de jazz (oui, vous avez bien lu !), ou du combo Professor Wouassa, composé de 10 musiciens lausannois ensorcelés par les musiques africaines. La formation emmenée par le tromboniste chaux-de-fonnier Samuel Blaser donnera une performance appelée "Consort in motion", tandis que l’ensemble Grand Pianoramax du Genevois Leo Tardin (voir notre interview lors de son passage au Montreux Jazz en 2008) réunit deux stars du spoken word : Anthony Joseph et Black Cracker. Enfin, Grégoire Maret s’allie au Big Band de Lausanne pour composer avec les saxophonistes Chris Potter et Ohad Talmor.

D’autres artistes du suisses occuperont une soirée complète. C’est le cas du trio biennois free Koch-Schütz-Studer, qui se mettra en concert avec les Young Gods, ou du pianiste lausannois Colin Vallon, qui se produira à deux mains. Autre pianiste, plus habitué du festival, Malcom Braff prête cette fois ses doigts au chanteur Pascal Auberson pour un projet "méta", hommage au sculpteur suisse Jean Tinguely. Enfin, la Valaisanne Erika Stucky qui a redonné au yodle sa dimension poétique dans le film "Heimatklänge" de Stefan Schwieter, présente "Ping pong", un projet audacieux associant voix, accordéon et film.

Les grands crus
Les grands noms aiment (re)venir dans le Lavaux, surtout les saxophonistes. C’est du moins le cas cette année, mis à part le paisible Gilberto Gil, dont le concert à cordes s’annonce complet. Saxophoniste de génie, camarade de Coltrane, militant afrocentriste dans les années 60, Archie Shepp n’a pas abandonné ses combats politiques ; il n’y a qu’à écouter la diatribe "III Biz" contre George Bush.
Autre excellent saxophoniste, Wayne Shorter est capable à lui seul d’incarner l’histoire du jazz puisqu’il fit partie du quintet de Miles Davis, aux côtés d’Herbie Hancock, Ron Carter et Toni Williams.

Enfin, troisième saxophoniste américain à entendre au Cully Jazz, Maceo Parker. Il revient cette année sans Fred Wesley, l’autre cuivre de la célèbre JB Horns section, celle du funky James Brown.

Les nuances afro-cubaines
Les amateurs de jazz latin profiteront de l’hommage que le ténor sax David Murray et son ensemble cubain accordent au chanteur espagnol Nat Cole, qui influença toute la musique latino-américaine. A moins qu’ils ne préfèrent écouter le pianiste cubain Omar Sosa, accompagné par la chanteuse sénégalaise Mona Sylla. Le projet Afrojazzbeat résume bien les intentions du pianiste français Eric Legnini, associé à la voix grave du guitariste Krystle Warren. Chanteur et saxophoniste, le Nigérian Seun Kuti partage l’héritage afrobeat de son père, Femi Kuti, dont le passage à Cully l’an dernier avait marqué les esprits. Autre influence africaine programmée : la kora malienne Ballaké Sissoko jouera avec le violoncelliste français Vincent Segal.

Faute de pouvoir dire un mot sur tous les artistes présents dans cette très excitante édition du festival in (d’Andreya Triana du label Ninja Tune au Portico Quartet découvert par Peter Gabriel, d’Imany à Selah Sue, de Paolo Fresu à Yaron Herman…), on prêtera l’oreille à Esperanza Spalding, chanteuse et contrebassiste américaine dont les talents a déjà séduit Prince et Barack Obama.

Frank Dayen

Cully Jazz Festival, du 25 mars au 2 avril, www.cullyjazz.ch, réservation en ligne possible.