Deprecated: Using ${var} in strings is deprecated, use {$var} instead in /home/clients/5f3066c66025ccf8146e6c2cce553de9/web/arts-scenes/ecrire/base/objets.php on line 1379
Portrait : Yuja Wang - [Arts-Scènes]
Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Septembre Musical 2010
Portrait : Yuja Wang

Yuja Wang sera à Montreux le vendredi 27 août.

Article mis en ligne le juillet 2010
dernière modification le 19 août 2010

par Beata ZAKES

Derrière son physique d’héroïne de manga, la jeune artiste cache une personnalité complexe, faite de fraîcheur et de maturité. Portrait d’une jeune femme de caractère, pétillante, cultivée et toujours là où il le faut !

Née à Pékin en 1987, dans une famille aux traditions musicales, Yuja se met au piano à l’âge de six ans. A quatorze, elle part au Canada, pour y apprendre l’anglais et étudier la musique au Mount Royal College, à Calgary. Depuis quelques années, elle réside officiellement à New York, mais mène une vie plutôt nomade, rythmée par de nombreuses tournées et concerts. Un prix spécial, accordé par le jury du « Premier Concours International de Sendai », au Japon, lui ouvre des portes dès 2001. Son début européen se fait… à la Tonhalle de Zurich, en 2003 (4e Concerto de Beethoven, sous la baguette de David Zinman), et la même année, elle se présente devant le public canadien à Ottawa, en remplacement de Radu Lupu. En 2005, elle est promue au rang de « Gilmore Young Artist » et fait une apparition remarquée au festival en tant qu’invitée « jeune talent ». Elle part ensuite à Philadelphie, pour perfectionner son art du clavier dans la classe de Gary Graffman, professeur de Lang Lang, où elle obtient son diplôme en 2008.

Une pianiste sans frontières
Depuis, grâce à son esprit aventurier et à son extraordinaire flexibilité, elle sillonne le monde, telle une Superwoman du piano, à la recherche de contrats de dernière minute, en replaçant au pied levé les plus grands de ses aînés, comme Martha Argerich à Boston (Tchaïkovsky, sous la baguette de Charles Dutoit) ou Murray Perahia avec l’Academy of St. Martin-in-the-Fields : « la pianiste Wang adore un agenda imprévisible », comme le résume fort bien une journaliste de The Daily Gazette, Geraldine Freedman. Sa performance éblouissante au SPAC (Saratoga Performing Arts Center) en été 2008, lui a valu une série de superlatifs (« nouvelle star du piano », « phénomène », « prodige », ou encore « sensation »). Un coup de foudre, pour le public et le milieu professionnel.

Yuja Wang

Son premier CD, avec des Sonates et Etudes de Chopin, Scriabine, Liszt et Ligeti, paru chez Deutsche Grammophon en 2009, a été nominé aux Grammy Awards (catégorie : « Meilleur Album Solo », remportée par Sharon Isbin, avec son Journey to the New World). L’année passée, le public suisse a pu la réentendre, à Lucerne, au Festival de Verbier, et à nouveau, à Zurich, où elle a présenté un récital composé des œuvres de Liszt, Schumann et Chopin. En septembre, elle sera à l’affiche du Septembre Musical de Montreux, où elle interprétera le 2e Concerto de Prokofiev, avec le Royal Philharmonic de Londres ; ce seront ses
retrouvailles avec le maestro Charles Dutoit.

Une personnalité
C’est dans les partitions solo signées par les grands du XIXe siècle que Yuja Wang dit se sentir le plus « à la maison ». Seule devant le clavier, elle n’a pas besoin de renfort pour révéler toute une palette d’émotions et de nuances, dont certaines encore jamais entendues. Appuyant avec tempérament sur la pédale, son pied de Chinoise chaussé d’une botte en cuir noir à talon aiguille vertigineux, elle est capable de caresser les touches du bout des doigts, avec une main gantée de velours. Sa concentration est maximale : aucune expression corporelle, aucun geste exagéré. Son visage caché, derrière une chevelure noir corbeau, s’illumine d’un sourire timide et très “gamin“, lors des interviews : elle peut expliquer la préparation minutieuse avec laquelle elle aborde chaque nouvelle partition et son évolution en tant qu’interprète. « En Chine, j’étais sûre que si je jouais exactement comme le professeur me le demandait, c’était juste. Après, personne ne m’a dit comment faire. C’est devenu un long processus de recherche et d’investigation. Si je joue du Liszt, je vais lire Faust de Goethe, écouter les opéras de Wagner, aller au musée ; mais aussi tâcher de m’imprégner du contexte culturel, le graver dans mon subconscient ». Mais celle qui aborde l’interculturel avec une étonnante aisance et une curiosité de jeune “intello“, avoue avant tout aimer « communiquer avec son public à travers la musique » et rechercher une certaine simplicité (sans pour autant perdre de son originalité !) « Je préférerais qu’on m’appelle Yuja… La moitié de la Chine s’appelle Wang ! », s’écrie-t-elle sur ce ton mutin de rebelle, qui lui va si bien.
De formation classique, Yuja Wang trahit quelque penchant vers le monde de l’improvisation et du jazz. C’est ce qui l’attire chez Ligeti, notamment dans la quatrième étude Fanfare qui fait penser à l’univers pianistique de Thelonious Monk. Dans les années à venir, la jeune pianiste pense élargir son répertoire en s’ouvrant à d’autres genres de musique et en pratiquant le cross-style, à l’exemple de Yo-Yo Ma …
Dans quelques années, elle se voit bien manier la baguette, ou encore, se mettre à la composition. Bref, une carrière à suivre. Absolument.

Beata Zakes

Internet : http://www2.deutschegrammophon.com/html/special/yuja-wang/
Discographie chez Deutsche Grammophon : Sonates et Etudes Chopin, Scriabine, Liszt, Ligeti (2008) + « Transformation » Stravinsky, Scarlatti, Brahms, Ravel (avril 2010)

Vendredi 27 août à 19h30. Auditorium Stravinski. Royal Philharmonic Orchestra London. Charles Dutoit, direction. Yuja Wang, piano (Glinka, Prokofiev, Chostakovitch)