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Montpellier : un festival anniversaire - [Arts-Scènes]
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Festival Radio-France et Montpellier
Montpellier : un festival anniversaire

Au menu : Andromaque - Les hauts de Hurlevent - Piramo e Tisbe - Artemisia.

Article mis en ligne le septembre 2010
dernière modification le 18 septembre 2010

par François JESTIN

Le festival de Radio-France et Montpellier fête son 25ème anniversaire cette année, et reste fidèle à sa tradition : proposer des œuvres méconnues, voire totalement inconnues.

Jamais donnée en version scénique depuis sa création (en 1780 !), Andromaque est l’unique tragédie lyrique écrite par Grétry, compositeur favori de Marie-Antoinette, bien plus prolixe dans le genre de l’opéra-comique. Proposée en version de concert à Paris, puis Bruxelles à l’automne 2009, l’œuvre, est à nouveau défendue par Hervé Niquet et son Concert Spirituel, qui produit un son assez éloigné du répertoire baroque habituel de la formation. Les musiciens jouent fort, trop fort parfois pour certains pupitres de percussions ou instruments à vent, jusqu’à en couvrir les voix des solistes.

« Andromaque » avec Sébastien Guéze (Pyrrhus) et Judith van Wanroij (Andromaque)
© Marc Ginot

Des quatre protagonistes, seule absente des concerts de l’automne dernier, la mezzo Judith van Wanroij (Andromaque) ne sort pas toujours vainqueur dans la lutte contre les décibels, mais son chant est beau, avec une émission ronde et homogène. La soprano Maria Riccarda Wesseling (Hermione) semble à l’inverse déchainée dans sa projection, la basse Tassis Christoyannis (Oreste) est aussi capable d’un fort volume sonore, tandis que le ténor Sébastien Guéze (Pyrrhus) articule avec soin de sa belle voix claire, même si l’instrument paraît fragile et potentiellement sujet à instabilités. Il faut souligner la belle qualité de français de ces quatre chanteurs, et il en est de même pour les chœurs du SWR Vokalensemble Stuttgart, placés dans la fosse d’orchestre. La réalisation visuelle de Georges Lavaudant, inaugurée en avril au festival de Schwetzingen, est bien dans le ton de la tragédie grecque : décor unique souvent plongé dans l’obscurité, avec un lit au centre du plateau qui figure ensuite le tombeau d’Hector, devant une paroi grise en courbe, percée d’ouvertures où apparaissent épisodiquement les personnages. Les images sont tout de même peu esthétiques, et il ne se passe pas grand-chose sur scène, malgré la présence de figurants, à défaut des choristes.

Les hauts de Hurlevent
L’exécution en concert de Wuthering Heights, jamais repris depuis la création de 1966, laisse tout loisir au spectateur d’imaginer sa propre mise en scène. Célèbre compositeur de musiques de films (Citizen Kane, La Mort aux Trousses, Psychose, Vertigo, etc), l’Américain Bernard Herrmann (1911-1975) est d’une efficacité redoutable pour concevoir une musique toujours en situation avec l’action, et très évocatrice. L’orchestration est située à mi-chemin entre Hollywood et Broadway, et les jolies mélodies donnent parfois un goût de sirupeux à certains airs (plusieurs duos en particulier). On reconnaît quelques leitmotiv, et les trois heures de musique s’écoulent gentiment, sans grandes surprises cependant pour l’oreille.

« Wuthering Heights »
© Luc Jennepin

Alain Altinoglu à la tête de l’Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon dirige avec passion cet ouvrage, défendu par une distribution de premier choix : Laura Aikin (Cathy) domine son sujet, même avec le nez plongé dans la partition, le baryton Boaz Daniel (Heathcliff) est joliment timbré, et Vincent Le Texier incarne jusqu’aux cris l’agressivité du « méchant » Hindley. Hanna Schaer, Yves Saelens, Nicolas Cavallier, Jérôme Varnier complètent l’affiche, aux côtés de la jeune et jolie mezzo Marianna Crebassa (Isabel), voix envoûtante qui s’accompagne elle-même au piano dans une merveilleuse ballade en début de l’acte III : une belle découverte dans ce moment de grâce.

Piramo e Tisbe et Artemisia
Egalement à l’affiche, deux opéras en version de concert, en création française. Piramo e Tisbe de Hasse (1768), « intermezzo tragique » en deux actes et prévu pour trois personnages, vise à la fluidité de la musique, en évitant les récitatifs « secs », et s’éloigne de la structure des airs da capo. Déjà donnée au dernier festival de Pâques de Salzbourg, l’exécution musicale de Fabio Biondi, qui dirige du violon son ensemble Europa Galante, en est très dynamique et plaisante. Le plateau bénéficie de deux chanteuses de premier plan : la mezzo Vivica Genaux (Piramo), au timbre sombre et riche, et la soprano colorature Désirée Rancatore (Tisbe), dont la voix flûtée et la virtuosité font belle impression dans les passages d’agilité.

« Piramo e Tisbe » avec Vivica Genaux (Piramo), Désirée Rancatore (Tisbe) et Fabio Biondi
© Marc Ginot

On remonte d’un siècle pour l’Artemisia de Cavalli (1657), et on descend d’un niveau pour ce qui est du plateau vocal. Sous la baguette de Claudio Cavina, qui dirige l’ensemble La Venexiana, les huit chanteurs distribués sont en effet de qualités inégales, principalement pour ce qui concerne l’assurance, la stabilité et la puissance, les meilleurs éléments étant sans doute Francesca Lombardi Mazzulli (Artemisia) et Valentina Coladonato (Oronta). Les nombreuses intrigues secondaires, à coups de tromperies et déguisements, nous font regretter l’absence de surtitres, les lumières restant d’ailleurs allumées en 2ème partie, pour permettre aux spectateurs en possession du programme de salle (malheur aux autres !) de lire le texte.

François Jestin

Grétry : ANDROMAQUE : le 13 juillet 2010 à l’Opéra-Comédie de Montpellier
Herrmann : WUTHERING HEIGHTS : le 14 juillet 2009 au Corum de Montpellier
Hasse : PIRAMO E TISBE : le 22 juillet 2010 à l’Opéra-Comédie de Montpellier
Cavalli : ARTEMISIA : le 24 juillet 2010 à l’Opéra-Comédie de Montpellier