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Festival de Lucerne en été
Lucerne : Les diverses facettes d’Eros

Du 12 août au 18 septembre, le Festival de Lucerne traquera Eros...

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 7 juillet 2010

par Eric POUSAZ

Eros est le fil conducteur de la programmation du prochain festival lucernois de l’été. Chaque année, en effet, les directeurs de la manifestation s’efforcent de trouver un dénominateur commun aux multiples concerts qu’ils proposent : après la Nature ou la Création, voici donc l’Amour.

Une telle désignation reste, il est vrai, fort vague dès que l’on quitte le domaine de la musique à programme. S’il est en effet naturel de rattacher à ce sujet la vision que propose Beethoven de l’amour conjugal dans Fidelio ou celle de l’amour passion que conjure Wagner dans Tristan und Isolde, il devient plus délicat de définir réellement en quoi la Huitième Symphonie de Bruckner se rattache au leitmotiv de ce festival. Ou alors, il suffit d’admettre que toute partition musicale est une déclaration d’amour à la vie que fait chaque compositeur lorsqu’il obéit à son instinct créateur…

Rachel Harnisch
© Priska Ketterer

Opéras en version de concert
L’amour est en tous les cas fort présent dans les quatre opéras inscrits au programme en version de concert ou scénique. Le Festival s’ouvre avec un Fidelio de prestige, dominé par les présences électrisantes de Nina Stemme, Jonas Kaufmann et Falk Struckmann dans les rôles principaux et dirigé par Claudio Abbado, le véritable spiritus rector musical du festival depuis de nombreuses années. On notera aussi la présence de la Suissesse Rachel Harnisch, une artiste qui fait son chemin sur la scène internationale, dans le rôle de Marzelline. Suivra la création mondiale de Phaedra , un opéra de Hans Werner Henze consacré à l’amour interdit de Phèdre pour son fils Hyppolyte qui sera présenté dans le ravissant petit Théâtre de Lucerne. Ensuite viendra la version attendue du Tristan und Isolde de Wagner avec Gary Lehman et Christine Brewer placés sous la direction de Esa Pekka Salonen à la tête du Philharmonia Orchestra. Ce spectacle événement sera l’ultime occasion de (re)voir les projections que Bill Viola avait conçues pour la mise en scène de Peter Sellars à l’Opéra de Paris et qui, pour des raisons de droits d’auteur, devront être définitivement abandonnées. Cette mini saison lyrique s’achèvera avec les artistes du Bolchoi de Moscou qui vendront présenter une version de concert d’ Eugène Onéguine , cette fascinante histoire d’amours décalées entre deux héros qui ne se comprennent pas.

Frank Peter Zimmermann
© Franz Hamm

Concerts symphoniques à foison
Comme de coutume, le programme des concerts quotidiens fait la part belle au répertoire romantique. On signalera, se rattachant au thème choisi, la splendide ouverture de Roméo et Juliette de Tchaikovski ainsi que de larges extraits du ballet qu’a consacré Prokofiev à ces mêmes amants tragiques. Les Gurre Lieder de Schönberg, présentés l’avant-veille à Montreux, entrent également dans cette catégorie, tout comme la Suite de Daphnis et Chloé et le Boléro de Ravel ou les Pelléas et Mélisande de Fauré et Sibelius, le Poème de l’Amour et de la Mort de Chausson, le Poème de l’Extase de Scriabine, la Lulu-Suite de Berg, le Don Juan de Gluck, la Psyché de Michele Mascitti (un compositeur du 17e siècle), la soirée que consacre L’Arpeggiata au Teatro d’amore sur des musiques de plusieurs contemporains de Monteverdi avec la participation de Philippe Jaroussky ou encore les quatre Légendes consacrées à Lemminkainen de Sibelius, qui feront écho au Peer Gynt de Grieg. Et la liste n’est pas exhaustive !

Karita Mattila

Des origines à nos jours
L’Amour forme aussi la trame des programmes de récitals vocaux ou instrumentaux (on pense notamment à celui que Thomas Quasthoff donnera en compagnie de la pianiste française Hélène Grimaud qui tournera autour de Dichterliebe de Schumann et de neuf lieder de Brahms). La musique d’aujourd’hui ne se contente pas, comme c’est souvent le cas dans des manifestations analogues, de faire de la figuration intelligente. Pierre Boulez veille au grain ! Avec sa Lucerne Festival Academy, il interprétera de nombreux ouvrages du XXe siècle déjà classiques qu’il mettra en rapport avec des partitions qui ne sont pas encore entrées dans le répertoire courant. Un autre pivot de ces manifestations qui attestent la vitalité de la musique contemporaine a été trouvé en la personne du compositeur en résidence suisse Dieter Ammann, qui a commencé sa carrière comme musicien de jazz et improvisateur, et qui se voit confier le programme « (z)eidgenössisCH » (un jeu de mots intraduisible qui souligne la ‘suissitude’ présente dans l’adjectif allemand signifiant contemporain !) où sont affichées près de vingt-cinq créations mondiales. Ajoutez à cela une série de soirées confiées à de jeunes talents dans une série justement nommée Débuts, une bonne série de séances de discussion avec les artistes, un programme varié de musiques des rues, des films, des installations artistiques diverses ainsi qu’un coin plus spécialement destiné aux enfants et vous aurez une petite idée de l’extraordinaire richesse de l’affiche de ce méga festival consacré à la musique classique qui chercherait en vain son semblable ou son rival loin à la ronde.

Eric Pousaz

réservation Online sur www.lucernefestival.ch ou par téléphone en semaine de 10 à 17 heures au +4141 2264480