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Entretien : Anne Blanchard - [Arts-Scènes]
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Le Festival international d’opéra baroque de Beaune
Entretien : Anne Blanchard

Cette année, le Festival de Beaune fête le 250e anniversaire de la disparition de Haendel.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 13 août 2009

par Pierre-René SERNA

Haendel est la grande affaire de Beaune. Le Festival international d’opéra baroque qui a tant fait pour la vogue du compositeur depuis presque sa création – il y a maintenant vingt-sept ans ! – ne pouvait manquer le 250e anniversaire de la disparition de l’auteur d’Ariodante. Anne Blanchard, qui préside aux destinées de la manifestation depuis son origine, dresse les grandes lignes de cette prochaine édition.

Haendel, donc, poursuit son chemin à Beaune…

Anne Blanchard

Anne Blanchard : Bien entendu ! Il reste encore quelques opéras à présenter... Et nous avons, peut-être plus que d’autres, une certaine légitimité à programmer en cette année de célébration du musicien quatre de ses grandes œuvres lyriques. Parmi elles, Ariodante, le dernier opéra italien du compositeur, qui constitue une première à Beaune, avec l’occasion de faire découvrir un chef au public : Federico Maria Sardelli, connu seulement jusqu’à présent par ses enregistrements. Dans ces quatre jalons, viennent ensuite : Rinaldo, l’opéra qui a ouvert la période anglaise ; Jules César, le chef-d’œuvre absolu, que nous avions déjà enregistrés il y a vingt ans avec René Jacobs pour Harmonia Mundi, tout en nous battant quelque peu – le succès commercial du disque prouverait que nous n’avions pas tort ; et enfin Acis et Galatée, clin d’œil à un concert que nous avions donnés il y a quelques saisons. Mais Haendel sera aussi au cœur de récitals, comme celui de Max Emmanuel Cencic et celui de Maria Riccarda Wesseling, avec de grands extraits lyriques dans chaque cas. Ce parcours Haendel est appelé à se poursuivre au cours des années à venir, en essayant de venir à bout des opéras – trente-cinq titres !

Et en-dehors de Haendel…
Nous continuons notre cycle Mozart, naturellement, bien que de façon moins systématique. Le Cercle de l’Harmonie, que nous avions lancés il y a trois ans dans l’opéra, et dans Mozart avec Idoménée puis les Noces de Figaro, nous revient pour Cosi fan tutte. En attendant Don Giovanni pour l’an prochain, un des grands souhaits de Jérémie Rhorer, aux fins de boucler la trilogie Da Ponte. Je voudrais aussi souligner le récital d’Andreas Scholl, extrêmement original, qui rassemble les chansons du compositeur du XVe siècle Oswald von Wolkenstein. Un concert absolument inédit en France : ce chevalier du Tyrol du Sud, poète et aventurier, chante l’amour un peu comme les troubadours… les amants se quittent à l’aube aux premiers rayons du soleil, le retour du printemps est célébré… Un monde poétique très touchant. Jordi Savall, un fidèle, propose un concert dédié aux visages féminins de l’Europe à l’Orient. Ce sera une étape parmi ses récitals thématiques ; après Saint François Xavier et son voyage jusqu’au Japon, la Terre sainte, la rencontre des trois grandes religions monothéistes, l’Amérique de Colomb…

Quels seraient les projets à venir ?
Nous avons en tête d’amener des œuvres lyriques baroques espagnoles avec Eduardo Lopez Banzo et son ensemble Al Aire español, comme nous l’avions faits déjà par le passé avec Los elementos et Acis y Galatea de Literes. De belles surprises en perspective…

Vous nous parliez aussi l’an passé d’un élargissement du répertoire jusqu’au XIXe siècle. Qu’en est-il ?
Nous concoctons toujours le projet d’aller nettement au-delà de Mozart. Peut-être avec Jérémie Rhorer et son ensemble… Quelques idées partagées à ce propos devraient se concrétiser. Cela porterait sur le répertoire lyrique des trente ou quarante premières années du XIXe siècle. L’opération sera lancée pour 2010, ou au plus tard 2011… Un nouveau cap.

Jérémie Rhorer
Photo Yannick Coupannec © DR

Car la programmation se fait très à l’avance…
Disons deux ou trois ans. Mais parfois, il peut y avoir des coups de cœur d’une année sur l’autre : une proposition inattendue, un changement d’orientation, une idée surgie avec un interprète… car cela dépend essentiellement d’eux, de leurs penchants et de leurs disponibilités. Par ailleurs, il faut toujours travailler avec les partenaires. Certains projets se font nécessairement en collaboration : avec le Festival d’Aix-en-Provence, par exemple, dont une production est prévue l’an prochain avec William Christie ; ou ponctuellement comme cette année, avec l’Espagne, dont sont coproduits Ariodante et Jules César... Des collaborations qui se poursuivront et ont forcément une incidence sur notre programmation à venir.

Un dernier mot sur la santé économique du festival…
Nous sommes très redevables à nos soutiens financiers, au mécénat. Depuis dix-sept ans nous étions soutenus par France Télécom, devenu entretemps Fondation Orange. Mais, pour des raisons techniques, ils ont diminué leur contribution qui arrive ainsi à une sorte de fin de mandat. Dès cette année, le relais est repris par un nouveau mécène, la Caisse des Dépôts et Consignations. Nous recevons aussi l’aide des Hospices de Beaune, et les subventions des institutions : la Région, la ville, le Ministère de la culture, le Conseil général… dans l’ordre de leur participation financière décroissante. La situation économique du festival, sans être florissante, s’envisage de manière plus sereine. Nous avançons, grâce en particulier à la Caisse des dépôts. Mais rien n’est jamais totalement assuré.

Propos recueillis par Pierre-René Serna

Festival international d’opéra baroque de Beaune ; du 3 au 26 juillet (rens. : www.festivalbeaune.com)