Deprecated: Using ${var} in strings is deprecated, use {$var} instead in /home/clients/5f3066c66025ccf8146e6c2cce553de9/web/arts-scenes/ecrire/base/objets.php on line 1379
Montreux Jazz Festival - [Arts-Scènes]
Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

du 4 au 19 juillet 2008
Montreux Jazz Festival

Présentation de l’édition 2008 du Montreux Jazz Festival, qui aura lieu du 4 au 19 juillet.

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 4 juin 2008

par Frank DAYEN

Cette année, les trois sourdines de son affiche soufflent le renouveau sur le Montreux Jazz Festival. A côté des grands noms et de ses soirées spéciales – dont une consacrée aux 75 ans de son complice, le grand Quincy Jones -, Funky Claude (Nobs) invite à redécouvrir le vrai rock et se fait l’écho de la création musicale helvétique. Coup de projecteur sur les moments forts de cette 42e édition.

Enumérons rapidement ces artistes déjà venus à Montreux, mais qu’on réécoutera avec plaisir, tant ils ont imprégné notre oreille de leur son (la créativité du disciple controversé de Miles Davis, Herbie Hancock, l’inventivité de Lenny Kravitz, le couple bizarre Gnarls Barkley-Travis (The odd couple est le titre de leur dernier album), ou encore Paul Simon, sans Art Garfunkel) ou par leur voix sublime (celle de la souleuse Alicia Keys, déjà détentrice de neuf Grammy Awards pour seulement trois albums ; celle cette autre Erykah Badu, qui fut à l’origine du hip hop ; ou celle de leur maîtresse à toutes deux, la reine du RnB Chaka Khan).
Parmi ces retours annoncés, il en est de plus rares, ou de plus lointains, et qui résonnent encore davantage. C’est le cas de deux stars folk mythifiées depuis les années 60 : Joan Baez et Leonard Cohen. La première, surnommée la reine du folk ou la madone des pauvres, a su imposer à la folk sa voix de soprano caractéristique, lancer la carrière de Bob Dylan et diffuser largement ses messages politiques, à Woodstock comme sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 24 décembre 1980 : tous nous rappelons de Blowing in the wind, composé par Dylan. Originale, Joan arrivait en 1973 au Montreux Jazz sur un cheval !

Autre voix, une voix de baryton-basse, mais tout aussi originale, celle de l’auteur-compositeur-interprète - également poète et romancier - Leonard Cohen. Depuis 40 ans, cet artiste canadien capital égrène les thèmes de la solitude (dans Joan of Arc, reprise par Lou Reed – hommage à Joan Baez ?), de la religion (son célèbre Hallelujah, repris par Jeff Buckley ou Bono), de la sexualité et de la difficulté des relations avec les autres (Suzanne, reprise, entre autres, par Bashung, Nick Cave ou Peter Gabriel). Retiré depuis 1996 dans un monastère bouddhiste près de Los Angeles, Cohen y a été ordonné moine zen sous le nom du Silencieux. Cédant finalement cette année à l’appel des scènes, il a décidé de se remettre en piste, pour une tournée mondiale qui s’arrête à Montreux.
Côté jazz, le festival n’oublie pas Etta James, voix RnB blues dont la dernière venue au bord du lac Léman remonte à 1994 (époque à laquelle elle enregistrait la chanson Son of the preacher d’Aretha Franklin pour le tarantinesque Pulp Fiction). Découverte par le batteur des Roots, Jill Scott mêle jazz et hip hop, tandis que Katie Melua aime son jazz avec un zeste de folklore irlandais et peut se targuer de figurer dans le Guiness book des records pour avoir donné, il y a deux ans, un concert à la plus basse altitude : - 303 sous le niveau de la mer ! Quant au Suédois Nils Landgren, l’homme au trombone rouge, sa spécialité est de servir le jazz à la sauce funk. Le plat de résistance du chef du MJF reste la soirée spéciale du 14 juillet consacrée au faiseur de stars qu’est Quincy Jones, parrain du Festival. Quincy fêtera ses 75 ans en compagnie d’une kyrielle de vedettes dont Petula Clark, Al Jarreau, Angélique Kidjo, Joe Sample, Paul Jackson Jr, Nana Mouskouri
Outre une soirée reggae, le MJF consacre traditionnellement deux soirées à la musique brésilienne : Paraìba meu amor, projet musical inédit orchestré par l’accordéoniste Richard Galliano, et le concert de l’increvable Gilberto Gil.
Enfin, inclassable, la jeune chanteuse française, ex du groupe Nouvelle Vague, Camille. Son album Le Fil lui valut une Victoire de la Musique en 2006. Ses performances vocales (elle prête sa voix à Colette, dans la version francophone du dessin animé Ratatouille), certaines à la limite de la transe, son diplôme de sciences-po, et son refus des conventions font de cette musicienne autodidacte une personnalité à contre-courant. Prêtons-lui une oreille.

Montreux rock festival

Tout comme les sourdines de trompettes sur les affiches 2008 rappellent et masquent à la fois l’instrument du grand Miles Davis, cette 42e édition du MJF annonce sans fracas une tendance complémentaire du jazz, le rock. A voir la programmation, les anciens rockers côtoient les jeunes anglophones. D’un côté, les vieilles gloires si chères à Philippe Manœuvre, comme le nord-Irlandais Gary Moore (désormais plutôt rock-blues), l’Anglais polymorphe Joe Jackson (new wave et pop rock), les Deep Purple (qui reviennent quand ils le veulent à Montreux depuis leur légendaire Smoke on the water), ou le groupe écossais de hard rock Nazareth (ils fêtent à Montreux leur 40e anniversaire). De l’autre, les enfants du rock, comme la militante Sheryl Crow (déjà neuf Grammy Awards pour celle qui vient de se séparer d’avec Lance Armstrong), The Raconteurs (emmené par Jack White des White Stripes - à l’origine de la musique du film La Science des rêves de Michel Gondry -, le groupe américain basé à Nashville se fait plutôt rare en Europe, raison de plus pour se précipiter écouter en live Broken Boy Soldier ou Steady as she goes), l’enfant terrible du rock anglais Pete Doherty et son groupe Babyshambles, ou encore les Virginiens N.E.R.D. (prononcez "èn i ar di" – peut-être un clin d’œil au Run-DMC ! - et comprenez No one Ever Really Dies), ces ex-The Neptunes qui proposent leur version, contemporaine et alternative du rock.

Expériences musicales suisses

On connaissait l’éclectisme du MJF, voire sa coutume de donner sa chance à des artistes du pays ; cette année, l’équipe de Nobs insiste sur l’innovation musicale suisse. Preuves en sont par exemple la création musico-lyrique et visuelle du batteur Leonzio Cherubini (accompagné du baryton Simon Jaunin, de la comédienne Anne-Cécile Moser, l’alto Garth Knox et le sax ténor et soprano Urs Leimgruber), ou la déconcertante performance de Christophe Fellay (composition, percussion et électronique) avec Sarah Nicolls au piano et Michael Edwards à la… spacialisation (soient huit haut-parleurs disposés à 360°, permettant de modifier les sons dans l’espace grâce à un windcontroller !). Autres helvètes, le pianiste prodige Moncef Genoud (soirée avec Abdullah Ibrahim) et le Big Band de l’Ecole de jazz du Conservatoire de Montreux.
A nouveau cette année, tous les ingrédients sont réunis pour rassasier les amateurs de bons sons. Nous salivons déjà.

Frank Dayen

Montreux Jazz Festival, du 4 au 19 juillet ; www.montreuxjazz.com.