Lors de la traditionnelle conférence de presse de présentation du Septembre musical de Montreux, le directeur de la manifestation, Tobias Richter, a tenu à préciser qu’il avait dû, cette année, renoncer à mettre l’accent sur la musique contemporaine pour mieux asseoir l’assise financière du festival. Mais il
promet un retour à l’affiche de la musique d’aujourd’hui dès l’édition 2008.

Il est vrai que la lecture des programmes des soirées musicales montreusiennes – s’étalant sur trois semaines du 30 août au 16 septembre 2007 – déçoit quelque peu l’amateur de musique qui ne se contente pas d’entendre encore et toujours les partitions qu’on lui sert quasiment partout.
Il n’y a bien sûr rien à redire à un ouvrage comme le Concerto de violon de Beethoven, mais lorsqu’il est suivi de la 7e Symphonie du même compositeur, on se dit tout de même que l’imagination n’est décidément plus au pouvoir sous les Rochers de Naye (concert du 4 septembre avec le Royal Philharmonic Orchestra et Pinchas Zukermann au violon et à la direction).

Quatre autres concerts symphoniques émaillent la quinzaine du festival : le 1er septembre, la Chambre Philharmonique, placée sous la direction d’Emmanuel Krivine, interprétera le Requiem de Fauré et la Symphonie de Franck ; le 2 septembre, ce sera au tour de l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg sous la direction de Yuri Termirkanov, avec à l’affiche le Concerto de piano no 2 de Rachmaninov – soliste : Denis Matsuev – et la 5e Symphonie de Tchaïkovski ; le 5 septembre, le Rundfunk-Sinfonieorcheter de Berlin assisté du Chœur de l’Opéra de Lausanne fera escale sur les bords du Léman avec Debussy (Nocturnes, Prélude à l’après-midi d’un faune) et Brahms (la 4e Symphonie) sous la direction de Mark Janowski ; et enfin, lors du dernier week-end (le 15 septembre), l’Orchestre National de France, sous la direction de son chef attitré Kurt Masur et avec la complicité de Joshua Bell, interprétera la 7e Symphonie de Bruckner et le Concerto de violon de Mendelssohn.

Espace lyrique
L’opéra, qui a maintenant trouvé ses quartiers réguliers dans le programme de la manifestation montreusienne, s’exile cette année à Mézières car le Théâtre de Vevey est pris par les séances du Concours Clara Haskil (le concert final est programmé pour le 11 septembre avec l’OCL placé sous la direction du chef italien Paolo Arivabeni) alors qu’un rendez-vous avec Elton John est fixé ce week-end là sur la Place du Marché et qu’on attend la venue d’au moins 20’000 personnes !). En hommage à Benno Besson, le festival programme sa réalisation de L’Amour des Trois Oranges de Prokofiev, une réalisation en provenance de l’Opéra du Rhin de Düsseldorf-Duisbourg (les 7 et 9 septembre).
Pour le reste du programme, il s’agit essentiellement de soirées de musique de chambre. Jean Guillou ouvre les feux à l’Eglise Notre-Dame de Vevey avec des partitions de Vivaldi, Franck et Vierne ainsi que des improvisations sur un thème proposé par le public (le 30 août), Guidon Kremer jouera avec des membres de sa Kremerata Musical deux quatuors de Chostakovitch et Beethoven entourant une Sonate pour violon seul de Bartok (le 31 août). Un autre ensemble, le Quatuor Artemis s’attaquera le 3 septembre à Beethoven et Schubert alors que les Zukerman Chamber Players joueront au trio d’Enescu et à deux quintettes de Mozart et Dvorak le 4 septembre.
La 2e semaine verra se succéder les lauréats de l’Académie de Verbier, avec laquelle le festival montreusien entend renforcer ses liens. A Chillon se succéderont donc l’altiste Lawrence Power et le pianiste Huw Watkins (le 10 septembre), le pianiste Severin von Eckardstein (le 13 septembre), le trio formé de Mari et Hakan Samuelsen et Alexandra Troussova (le 14 septembre) et enfin, pour clore le festival le 16 septembre, le duo formé de Kiril Troussov et Alexandra Troussova. Les partitions proposées sont un rien plus originales que dans les ‘grands’ concerts mais on chercherait en vain quelques partitions fortes tombées de la plume des grands compositeurs de la 2e moitié du XXe siècle.
Une soirée assurée le 12 septembre par le duo Renaud Capuçon et Nicholas Angelich (avec Debussy, Saint-Saëns et Franck), le désormais traditionnel concert donné par les chœurs de la région le 16 septembre et des projections de films musicaux sur les grands artistes du passé (tels Svjatoslav Richter, Wilhelm Furtwängler ou David Oïstrakh) compléteront cette offre généreuse à défaut d’être originale.

Eric Pousaz

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