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Les Jardins Musicaux de Cernier
Entretien : Adriano Giardina

Quelques questions à Adriano Giardina, claveciniste et musicologue, fondateur de l’Ensemble La Sestina.

Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 26 juillet 2007

par Bernard HALTER

L’Ensemble La Sestina a été créé en 1999 par Adriano Giardina, claveciniste et musicologue alors âgé de vingt-neuf ans. La polyphonie de la Renaissance occupe prioritairement les chanteurs de cette formation neuchâteloise très active sur le plan romand. A Cernier, sept d’entre eux entonneront le Cinquième livre de madrigaux de Gesualdo.

Ce compositeur, contemporain de Monteverdi, est volontiers présenté comme un visionnaire. Stravinsky s’est penché sur son œuvre et a réalisé des pièces instrumentales sur trois de ses madrigaux. En quoi jalonne-t-il de manière significative l’histoire de la musique ?
A.G. : Gesualdo doit sa place singulière à une expérimentation des limites du langage madrigalesque du XVIe siècle. Le chromatisme exacerbé qu’il utilise déconstruit les normes compositionnelles habituelles et devient référence à son tour, mais sans apporter une véritable stabilité. L’auditeur est ainsi plongé dans un labyrinthe d’images poético-sonores à la fois brutes et extrêmement sophistiquées. Ce langage apparaît comme le résultat d’une posture aristocratique et d’une personnalité volontiers décrite comme morbide.

Ensemble La Sestina

Présenter un programme de musique ancienne à l’occasion d’un festival axé pour l’essentiel autour du répertoire contemporain constitue-t-il un défi supplémentaire ?
Certainement, et dans le cas présent un double défi. D’une part, la musique est d’une grande difficulté d’exécution et les chanteurs se produiront a cappella, sans filet en quelque sorte. D’autre part, ce concert constitue pour nous une première extrêmement stimulante. En effet, nous ne nous sommes pas encore produits dans un festival de musique contemporaine et la musique de Gesualdo me semble s’y intégrer parfaitement. Nous nous réjouissons également beaucoup de nous produire à la Grange aux concerts, lieu à l’atmosphère particulière, propice à l’écoute de musiques qui sortent des sentiers battus.

Votre formation couvre différents domaines de la musique ancienne (clavecin, musicologie, direction…). Y a-t-il un domaine que vous pensez cultiver plus particulièrement dans l’avenir ?
J’espère avoir la possibilité de poursuivre mon travail sur la polyphonie de la Renaissance, à la fois comme interprète avec les chanteurs de La Sestina, et comme musicologue. Les projets avec La Sestina sont multiples : nous aimerions continuer de fréquenter les œuvres de Josquin Desprez, Tomás Luis de Victoria et Roland de Lassus, de même que la chanson française, en particulier avec un programme autour de mises en musique de poèmes de Clément Marot. Par ailleurs, nous aborderons probablement l’année prochaine la Messe du pape Marcel de Palestrina.

Propos recueillis par Bernard Halter

Mercredi 29 août à 21h