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Festival Amadeus, Meinier
Amadeus 2007 : Invitation au voyage
Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 3 août 2007

par Eric POUSAZ

Le voyage est le maître mot de la onzième édition du Festival Amadeus qui
se tiendra comme de coutume à la Grange de la Touvière au Carre d’Aval du 30 août au 8 septembre prochain. Deux villes mythiques serviront de cadre à une passionnante suite de découvertes musicales : Prague et Vienne.

La soirée d’ouverture du 30 août, confiée au Quatuor Talich accompagné du pianiste Nicolas Angelich, donne immédiatement le ton. Du côté de la Tchéquie, la part belle sera faite aux deux compositeurs qui incarnent la musique slave aux yeux du public occidental : Antonin Dvorak est présent avec son Quintette avec piano op. 81 et Smetana avec son Quatuor à cordes intitulé « De ma vie » alors que Mozart représentera l’univers viennois avec son Quatuor en ré mineur KV 416.

La Grange à Meinier

D’un genre à l’autre
La deuxième soirée présentera en création suisse une œuvre de Krystof Maratka, un compositeur franco-tchèque : Le Corbeau à quatre pattes. L’ouvrage se présente comme une farce mélodramatique teintée d’humour pour deux voix d’homme parlées et un ensemble instrumental, écrite sur un texte de l’auteur russe Daniil Harms ; il sera interprété le 31 août avec le Quatuor Talich, l’ensemble Calliopée, les récitants Alain Carré et Vincent Figuri placés sous la direction du compositeur en personne. (La création a eu lieu à Paris en février 2007 dans le cadre du Festival Présences).
Pourtant, comme tiennent à le préciser les deux directrices du festival Karine et Saskia Lethiec, le terme de Voyage qui sert de leitmotiv à la manifestation ne doit pas être compris au sens restrictif du terme. Les concerts de Meinier nous feront également passer allègrement d’un genre à l’autre en mélangeant le classique et le jazz au cours de la soirée du 5 septembre où les noms de Haydn, Bach, Ravel et Fauré côtoieront ceux de l’accordéoniste Richard Galliano qui se jouera des frontières entre les genres avec la complicité du Trio Hoboken composé du pianiste Jérôme Granjon, de la violoniste Saskia Lethiec et du violoncelliste Renaud Déjardin. La veille, dans un programme plus classique, le Guarneri Trio de Prague aura interprété l’Elegie de Suk, le Quatuor avec piano en mi bémol majeur de Dvorak (au piano : Karine Lethiec) et le sublime Trio Op. 100 de Schubert.
Le jeûne genevois (6 septembre) sera prétexte à une excursion du côté de la famille Bach dont le lauréat du concours international de Genève 2006, le pianiste Gilles van Sattel et le violoniste Jean-Pierre Wallez interpréteront le Concerto de violon en la mineur et le Concerto de piano en ré mineur. Une Symphonie de Carl-Philippe Emmanuel Bach mettra le point final à ce concert donné avec la complicité des cordes du Conservatoire de Genève.

Karine et Saskia Lethiec

Le lendemain 7 septembre nous convie à une soirée de cabaret dirigée par Heinz Holliger qui présentera en création son orchestration des Six Pièces pour Piano à quatre mains pour flûte, hautbois, clarinette, basson et cor, deux violons, alto, violoncelle contrebasse, piano, harmonium, percussion et harpe. Des adaptations de Valses de Johann Strauss par Schönberg, la Stripsody pour voix seule de Cathy Berberian et des Chansons de Cabaret de Kurt Weill adaptée par Luciano Berio compléteront ce programme confié à la soprano Elena Vassilieva et l’Ensemble Contrechamps.

Une tradition ravivée
En soirée de clôture, le 8 septembre, verra le contrebassiste de l’Orchestre Philharmonique de Vienne Jurek Vybal, le clarinettiste de l’orchestre de l’Opéra de Paris Jean-François Verdier ainsi que Alfonso Venturieri et Jean-Pierre Berry, respectivement bassoniste et corniste de l’OSR se joindre au Quatuor Orféo pour le grand Octuor de Schubert que précéderont deux quatuors de Franz Anton Hoffmeister et Ludwig van Beethoven.
On le voit : le programme est riche de moments forts et réjouit d’autant plus l’amateur de musique qu’il est le fait d’artistes qui ne viennent pas se présenter dans le cadre de cette manifestation comme s’il s’agissait d’une organisation de concerts traditionnelle. Une importante troupe de bénévoles permet en effet à chacun des musiciens de se sentir à Meiner comme chez lui, de venir bien avant la date de son concert et d’écouter ses collègues lors des concerts où sa collaboration n’est pas sollicitée.
De fait, le Festival Amadeus ravive une tradition initiée par les fameuses schubertiades viennoises que le compositeur de La Truite organisait chez lui avec des amis qui déchiffraient les nouvelles partitions de leur temps ou interprétaient les pages du passé qui les séduisaient. Et sans la collaboration active de toutes les bonnes volontés qui œuvrent dans l’ombre pour rendre possible de tels rendez-vous sous le ciel qu’on espère étoilé de ce début septembre, un rendez-vous de la vie musicale devenu incontournable au fil des vingt dernières années disparaîtrait aussitôt.

Eric Pousaz