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Théâtre de Beaulieu, Lausanne
Lausanne : Béjart et les autres

En décembre, le Béjart Ballet Lausanne donnera une série de représentations au Théâtre de Beaulieu.

Article mis en ligne le décembre 2009
dernière modification le 25 janvier 2010

par Michel PERRET

Poursuivant sa politique d’ouverture vers d’autres chorégraphes, la direction du Béjart Ballet Lausanne a décidé, pour cette fin d’année, de commander des créations à deux danseurs issus de la compagnie.

Moins connus que Mats Ek et Jean-Christophe Maillot invités il y a tout juste une année, Tony Fabre et Joost Vrouenraets représentent une nouvelle génération de créateurs tout droit sortis de la mouvance néoclassique mais avec néanmoins un style fortement ancré dans l’époque.

Créations lausannoises
Tony Fabre a commencé sa carrière à Bruxelles au Ballet du XXe siècle avant de suivre la compagnie à Lausanne. Il passe chez Heinz Spoerli à Bâle puis rejoint la Compagnie Nationale de Danse de Madrid dirigée par Nacho Duato. Là, il a vite l’occasion de se frotter à de grandes pointures comme Jiri Kylian, Mats Ek, Forsythe ou Van Manen. Il dirige actuellement la seconde compagnie de Nacho Duato, tremplin pour jeunes danseurs, tout en créant ses propres œuvres. Le ballet qu’il va concevoir pour Lausanne s’intitule Ismaël.
Plus jeune, le Néerlandais Joost Vrouenraets a passé aussi chez Béjart avant de créer sa propre troupe, le Ballet Gotra, dans son pays d’origine. Lauréat en 2002 du prix Dutch Dance Days pour jeunes talents, son approche de la danse se base sur des rituels inspirés de la nature et il n’a pas hésité à faire danser et filmer ses danseurs nus en plein air ! Sa création lausannoise s’intitule Ex-Orbis et n’est pas encore achevée !

Gil Roman
© François Paolini

Une œuvre solaire
Pièce de résistance de cette programmation, un ballet de l’époque la plus féconde de Béjart, Ce que l’Amour me dit, qui date de 1974. Créé à l’Opéra de Monte Carlo avec le Ballet du XXe siècle pour Jorge Donn et l’étoile de la Scala Luciana Savignano, c’est une œuvre dense et solaire qui compte parmi les opus les plus aboutis du chorégraphe. Béjart se rapproche de Nietzsche qui avait lui-même inspiré Malher lors de l’écriture de sa 3e Symphonie. Le ballet est construit sur les 3 derniers mouvements uniquement. Il y a douze solistes qui gravitent lentement autour d’un couple en train de danser un long et admirable adage avec leur enfant, fruit de leur amour, offrande à la lumière. C’est du grand Béjart, de la danse à l’état pur et sans bla-bla inutile.
Il est important que la compagnie lausannoise puisse remonter régulièrement de plus anciens ballets que les nouvelles générations ne connaissent pas. C’est tout le travail de Gil Roman de retrouver dans l’immense répertoire béjartien ce qui peut encore être vu et apprécié. On pourrait bien sûr rétorquer que les grands solistes de l’époque ne sont plus là et que certaines œuvres peuvent être dénaturées... C’est un risque, mais ne boudons pas notre plaisir de revoir, ou découvrir pour certains, ce qui a fait la gloire universelle de Maurice Béjart !

Avant la mini-saison lausannoise, la compagnie se sera produite à Amsterdam, puis investira l’Opéra Garnier à Paris en janvier avec un programme Bartok, Webern et Boulez.

Michel Perret

Théâtre de Beaulieu du 19 au 23 décembre (location au 021 641 64 80 et www.bejart.ch)