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Film de mars 2009 : “Marcello, Marcello“

Cette comédie romantique conte les aventures d’un fils de pêcheur, Marcello, dans sa quête amoureuse.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 3 février 2012

par Firouz Elisabeth PILLET

Marcello, Marcello


de Denis Rabaglia, avec Francesco Mistichelli. Talie-Suisse, 2008.

Présenté avec grand succès sur la Piazza Grande lors de la dernière édition du Festival de Locarno, ce film a valu à son auteur des tonnerres d’applaudissements de la part d’un public comblé. Depuis son premier long métrage, Grossesse nerveuse, puis, plus récemment Pas de panique, le réalisateur italo-valaisan Denis Rabaglia s’affirme comme un maître de la comédie à la fois délurée et émouvante. Avec son road-movie Azzurro, il renouait avec l’apogée du cinéma péninsulaire, s’inscrivant dans la veine des comédies italiennes des années 50 mais aussi de certains films de Giuseppe Tornatore. Pour Marcello, Marcello, le cinéaste précise : « J’ai essayé de moderniser la mise en scène tout en assumant le charme typique de ce cinéma méridional ».
Cette comédie romantique conte les aventures d’un fils de pêcheur, Marcello, dont la quête amoureuse chamboule le train-train des habitants d’une île et les amène à se réconcilier. Italie, 1956 : dans la pittoresque île d’Amatrello qui fait face au Golfe de Naples, perdure une bien curieuse coutume ; les jeunes hommes célibataires de la bourgade sont sur le qui-vive à chaque fois qu’une jeune fille atteint ses dix-huit ans. Le jour J, une procession de jeunes gens se presse à la porte de la jeune fille, munis d’un précieux cadeau qui permettra de décrocher un premier rendez-vous. Mais le cadeau est destiné, non pas à la future fiancée… mais au père qui lui seul décidera quel jeune homme mérite de recevoir ce privilège. Cette tradition indiffère Marcello jusqu’au jour où il tombe éperdument amoureux de la belle Elena, de retour au village après des années d’étude sur le continent. Tout lui semble possible sauf un détail : la belle Elena est la fille du maire. Rien n’est gagné pour ce pauvre fils de pêcheur sans le sous. Son père, qui a subi pendant des années un mariage sans amour, l’incite à suivre la voie de son cœur. Il ne reste à Marcello qu’à dénicher le cadeau adéquat et ingénieux…

« Marcello, Marcello » de Denis Rabaglia

Tout comme son précédent film, Azzurro, empreint de nostalgie joyeuse et d’humour ensoleillé, cette comédie peuplée de personnages cocasses et hauts en couleurs devraient inciter les spectateurs à se laisser aller à l’innamoramento, cet état si délicat et enivrant de l’amourachement. « Je suis tout de suite tombé sous le charme de cette histoire », raconte le réalisateur lors d’un entretien avec l’ATS. « Elle est venue à moi comme un cadeau et je suis impatient de voir comment le public du festival va la recevoir. J’espère aussi comme un cadeau ».Le public ne peut que lui emboîter le pas et tomber à son tour amoureux d’une histoire en forme de conte, enjoué et à l’enthousiasme communicatif. Mais au-delà de la romance à l’italienne, servie par de succulentes répliques, le réalisateur livre une fresque sociologique de son pays d’origine, avec la combinazione qui est presque une seconde religion en Italie : « L’action se déroule sur deux jours, en 1956, sur une île fictive. La coutume en question est aussi fictive », déclare le cinéaste. Derrière une histoire d’amour adolescente, le film raconte une Italie des tractations, des petits arrangements. Sous le soleil tapant et la mer bleue, je gratte le vernis des conventions à l’italienne. »
Au départ, le scénario original du Britannique Mark David Hatwood intéressait des producteurs anglophones. « Mais ceux-ci voulaient faire un film en anglais, dans une Italie d’opérette comme les aime Hollywood », se souvient Denis Rabaglia. Heureusement, les dieux du panthéon napolitain veillaient et leurs projets ne se concrétiseront pas. L’histoire paraît en 2006 sous forme de roman en Allemagne. Et le roman a fini, par bonheur, entre les mains du réalisateur martignerain qui nous offre une évasion digne de Cinema Paradiso ou Il Postino, des films si frais et si authentiques qui se font si rares parmi la déferlante de films à effets spéciaux hollywoodiens.

Firouz-Elisabeth Pillet