de Sylvain Fusée, avec Jérémie Renier, Alexandre Astier . France, 2010.

Philibert, robuste gaillard d’une vingtaine d’années, fils aîné d’un cultivateur d’artichauts de Bretagne, se démarque des autres garçons du village. Idéaliste, candide, il se prédit un avenir glorieux dans l’artichaut et préserve sa virginité pour celle qu’il ne connaît pas encore mais que Dieu lui destine. Avant de trépasser, son père lui apprend qu’il n’est pas son vrai père. Celui-ci était un gentilhomme, Fulgence Bérendourt de Saint-Avoise, lâchement assassiné par un Bourguignon avec une tache de vin en forme de rose dans le cou. Sa besace remplie d’idéaux et d’artichauts, Philibert quitte son village et galope vers la Bourgogne, rencontrant en chemin Martin, un maraudeur fourbe mais attachant qui devient son valet. Dans les campagnes, tous les gens du peuple se mettent à entonner une chanson populaire qui chante les louanges de Philibert. Le courage de Philibert, sa charité, sa pureté physique et morale seront ainsi mis à rude épreuve face à la bassesse et à la vénalité des vilains et la tentation des femmes plus libidineuses les unes que les autres.

Le titre complet annonce la couleur, Les aventures de Philibert, capitaine puceau ; le film se veut sans prétention, rendant hommage à un genre tombé en désuétude, le film de cape et d’épée, tout en se laissant aller avec un plaisir non dissimulé dans la parodie, le tout étant pleinement assumé. De plus, les auteurs sont ceux qui ont ressuscité OSS 117 associés à la scénariste de Brice de Nice.

Le film s’affirme rapidement comme une comédie totalement déjantée et loufoque, à l’humour constant, humour qui semble régner déjà sur le plateau de tournage ; les acteurs ont tous l’air de s’amuser de bon cœur. Les scènes se succèdent, entre romance, combats, traquenards et retrouvailles, distillant des clins d’œil aux maîtres du genre, tels Errol Flynn ou Jean Marais. En tête de file d’un casting judicieusement choisi, Jérémie Rénier semble se régaler dans un rôle qui le malmène mais souligne son aptitude à endosser des casquettes inattendues.

Premier film de Sylvain Fusée (Groland), Les Aventures de Philibert, capitaine puceau porte avant tout la marque de son scénariste Jean-François Halin, un scénario qu’il a co-écrit avec Karine Angeli (Brice de Nice). Le scénario de Philibert – ou plutôt Eudes, Comte Berendourt de Saint-Avoise... – est d’ailleurs truffé de patronymes à rallonge que les scénaristes se sont délectés à imaginer.

Les férus de bandes dessinées verront une évidente référence à la neuvième Muse dans la première partie de Philibert qui évoque un album d’Astérix (période Goscinny) : le cochon a remplacé le sanglier mais on y retrouve l’idée du héros quittant son petit village pour l’aventure, ce côté bagarreur aussi. Mais il s’agit aussi de chemin initiatique : Philibert apprend, évolue, et abandonne peu à peu sa naïveté et sa foi aveugle pour gagner en liberté individuelle ; cette évolution se remarque par la couleur de ses collants, qui changent selon son degré d’évolution. Bref, un humeur constant et communicatif règne dans ce film et ne tardera pas à faire mouche auprès du public.

Firouz-Elisabeth Pillet