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Opéra Royal de Wallonie
Liège : “Lucrezia Borgia“

Evénement à Liège, avec June Anderson en Lucrezia Borgia !

Article mis en ligne le octobre 2009
dernière modification le 30 octobre 2009

par François JESTIN

Il ne faut jamais désespérer ! June Anderson avait eu le projet, il y a tout juste 20 ans, d’endosser les habits de Lucrezia Borgia pour une production à Barcelone. Projet avorté, Dame Joan Sutherland montait sur les planches du Liceu, avec dans la foulée une reprise en version de concert au Théâtre des Champs-Elysées. C’est finalement Liège, en version de concert, qui a droit à la prise de rôle de la soprano américaine : un événement !

Y a-t-il aujourd’hui une chanteuse capable d’une si brillante démonstration de belcanto ? Dans son air d’entrée « Com’è bello », les notes sont aériennes, la ligne de chant douce, puis les vocalises d’une précision infaillible. Si quelques suraigus appartiennent désormais au passé, la couleur de la voix est toujours aussi belle, et le volume se déploie largement en 2ème partie, faisant passer des frissons dans la salle. Son intelligence, voire carrément le génie musical de ses variations lors des reprises, en font une artiste unique. Comble du bonheur, Anderson est très bien entourée ce soir.

Concert « Lucrezia Borgia »
© Opéra Royal de Wallonie

En premier lieu, le ténor Ismael Jordi (Gennaro), dont nous avions apprécié le timbre ensoleillé, mais dont le volume paraissait un peu modeste ces dernières saisons dans Traviata et Rigoletto, est une révélation. La voix est vigoureuse et bien projeté, le style élégant, varié, nuancé, élégiaque par instants (il nous rappelle son ancien professeur, le regretté Alfredo Kraus). A côté de ce couple mère – fils, la mezzo Marianna Pizzolato (Maffio Orsini) et Mirco Palazzi (Alfonso) ne déparent pas. Depuis ses débuts à Pesaro il y a 5 ans, la première a gagné en assurance, et semble avoir acquis une plus grande maîtrise de sa riche voix sonore, expressive et souple ; plus encore que dans la récente Lucia avignonnaise, la basse italienne marque les spectateurs, avec son grain de voix racé et sa musicalité.

Pour épauler ce quatuor vocal majeur, les rôles secondaires sont réellement de niveau… secondaire, et les chœurs masculins restent plutôt discrets, placés au fond du plateau de cette salle du Forum, tout en longueur et d’une profondeur presque démesurée. Merci également au chef Paolo Arrivabeni, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie, qui imprime la bonne pulsation, reste attentif aux chanteurs, et leur laisse quelques agréables libertés belcantistes, en sachant par exemple attendre les solistes lors de tenues de notes.

François Jestin

Donizetti : LUCREZIA BORGIA le 18 juin 2009 à Liège - Opéra Royal de Wallonie