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Lausanne : “Pan y Toros“

L’Opéra de Lausanne programme Pan y toros, l’une des zarzuelas les plus emblématiques du genre.

Article mis en ligne le avril 2009
dernière modification le 24 avril 2009

par Pierre-René SERNA

L’Opéra de Lausanne présente Pan y toros, une zarzuela absolument géniale de Francisco Barbieri. À ne manquer sous aucun prétexte ! pour tout véritable mélomane, ou tout simplement pour qui voudrait en savoir davantage sur ce genre lyrique espagnol en abordant l’une de ses œuvres les plus emblématiques.

Francisco Barbieri, Asenjo de son patronyme paternel (il adoptera le nom d’origine italien de sa mère), est un pur madrilène. Né en 1823 et mort en 1894, il a laissé une empreinte considérable sur le genre lyrique auquel il s’est consacré : la zarzuela. Mais ce sera tout autant un musicologue d’exception, auteur de recherches presque sans précédent sur la musique ancienne espagnole, un pédagogue émérite et un chef de file parmi ses compatriotes musiciens. Au reste, tous les compositeurs qui suivront dans le pays, Manuel de Falla entre autres, ne manqueront pas de lui rendre hommage.

Emilio Sagi, metteur en scène
© Jaime Gorospe

Un musicien inspiré
Issu d’une famille de musiciens et gens du théâtre, il se destine très tôt à la musique. À partir de 1850, son nom s’établit comme compositeur de zarzuelas dont les succès ne se comptent plus à Madrid. Il laisse une soixantaine de titres, qui vont de la zarzuela grande (en trois actes) à la zarzuela chica (en un acte). Il instaure alors fermement le genre, sur des sujets typiquement espagnols et plus généralement imprégnés du folklore urbain madrilène, des musiques inventives mêlant inspiration locale et traitement lyrique élaboré, une construction musicale jamais prise en défaut, un langage d’un abord immédiat qui sait cacher l’art par l’art, entre des couleurs hispaniques teintées de manières néobaroques ou alla Rossini et quelques fulgurantes audaces prémonitoires. Au final, un style fait d’élégance et de clarté.
Citons deux parmi les plus célèbres de ses ouvrages : El barberillo de Lavapiés (ou “le petit barbier de Lavapiès”, Lavapiès étant un quartier populaire de Madrid ; ouvrage que l’on peut retrouver sur un enregistrement Auvidis) et Pan y toros. Et attachons-nous à ce dernier, puisqu’il figure dans la judicieuse programmation de l’Opéra de Lausanne.

« Pan Y Toros »

Un chef-d’œuvre à découvrir
Pan y toros, textuellement “du Pain et des taureau”, pourrait se transcrire plus opportunément suivant la formule antique romaine : “du pain et des jeux”. Cette zarzuela date de 1864. Elle situe son action au temps de Goya, qui intervient du reste lui-même dans l’action, sur fond d’intrigues amoureuses et politiques (un message de rébellion contre l’absolutisme, qui vaudra quelques déboires avec la censure), et l’arrière-fond du monde de la corrida (on s’en serait douté). Un sujet, donc, typiquement espagnol. La musique emporte tout, avec arias, ensembles et chœurs échevelés, un lyrisme constant, et quelques touches qui seraient d’un Moussorgski avant l’heure (la scène psalmodiée des pèlerins, qui annonce celle similaire de Boris Godounov). Bref, un chef-d’œuvre, dont les mélomanes suisses saisiront cette occasion lausannoise afin de le découvrir éblouis, ou, pour les savants en zarzuela, de mieux le connaître (le seul enregistrement existant, très ancien et assez difficile à trouver même en Espagne, étant tronqué de dommageables coupures).

Pierre-René Serna


 mardi 14 avril, à 18h45 : Conférence « Pan Y Toros ». Salon Bailly - Opéra
(Billets à l’entrée)

 19 avril à 17h00, 22, avril à 19h00, 24 avril à 20h00, et 26 avril à 17h00 : « Pan Y Toros » de Barbieri. OCL, Chœur de l’Opéra de Lausanne, dir. Miquel Ortega, m.e.s. Emilio Sagi. Salle Métropole (billetterie 021/310.16.00)