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Musée Bonnard, Le Cannet
Le Cannet : Le Nu, de Gauguin à Bonnard

Ève, icône de la modernité ?

Article mis en ligne le 5 juillet 2013
dernière modification le 5 novembre 2013

Cet été, le musée Bonnard présente une exposition inédite sur la portée symbolique, voire iconique du nu dans l’histoire de l’art de 1880 à 1950 environ, à travers des œuvres de Gauguin à Bonnard.

Depuis la naissance de la peinture de chevalet, l’histoire d’Ève habite les peintres, de Masaccio à Rubens en passant par Michel Ange, Bosch ou Breughel. Au XXe siècle, l’image de la première femme apparaît comme étant le fil rouge de la relecture formelle et symbolique du nu féminin.

Première femme ou femme unique dans l’univers d’un artiste, Ève est la représentation intrinsèque du nu. Gauguin avec l’idée de son Ève exotique ou Bonnard avec Marthe-Ève ont, comme nombre d’artistes, succombé à cette représentation d’une nudité coupable ou idéale, primitive en soi.

L’exposition présente près de soixante-dix œuvres symbolistes, nabis, fauves, cubistes et surréalistes de Gauguin, Bonnard, Rodin, Sérusier, Denis, Redon, Matisse, Dufy, Picasso, Le Douanier Rousseau, Arp, Giacometti et Chagall...

Par souci de lisibilité, l’exposition a été scindée en 3 chapitres, à savoir :
1. Paradis rêvés : Ève vue par les symbolistes et les nabis
Qui est Ève, sinon cette « fille du rêve » propre à faire basculer la représentation du corps depuis le milieu du XIXe siècle ? Ève porte en elle la quintessence du corps prêt à être repensé ou rêvé par les artistes. À la fin du XIXe siècle, nombreux sont donc les artistes symbolistes et nabis à se réfugier dans le rêve, les mythes originels, les épisodes bibliques et mythologiques et à donner l’image d’une femme pure de vérité.

Paul Gauguin, le premier d’une longue lignée d’artistes, invente et rêve ainsi son Ève. Placée au cœur de ses recherches picturales, sa figure féminine met en place un vocabulaire formel et mythologique très personnel et construit un paradis qu’il replace sous les Tropiques. L’artiste confronte dans ces œuvres, modèles tahitiens et traditions judéo-chrétiennes ; les symboles comme la pomme ou le serpent sont substitués par une fleur ou un lézard. Cette nouvelle pensée et cette nouvelle Ève marque profondément la génération nabi comme Pierre Bonnard, Maurice Denis ou encore Odilon Redon.

2. Entre Paradis & Enfer : Ève chez les fauves et les cubistes
L’empreinte de Gauguin et sa perception « du paradis terrestre » continue d’influencer la nouvelle génération d’artistes qui émerge au tournant du XXe siècle. Derain, Matisse, Manguin, Rouault ou Friesz affichent dans leurs paysages animés de figures, une vision profondément arcadienne, marquée en cela par l’exemple de Cézanne comme de Gauguin.
Ainsi, beaucoup se sont plongés dans une image des origines pour « faire du neuf » à l’instar de Gauguin ou de Baudelaire, qui souhaitait « plonger au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ».

3. Paradis retrouvés : Ève ou la reconquête du corps
L’entre-deux guerres confirme l’évolution individuelle d’artistes tels que, Bonnard, Matisse, Picasso ou Chagall. Ce dernier fera corps avec la représentation mainte fois déclinée depuis le début des années 1910 et servira d’axe à sa représentation du religieux qui fera son succès. L’émergence également d’un idéal surréaliste à la fin des années 1920, donne au réel une nouvelle définition. André Masson, mais aussi Arp, Max Ernst, comme Giacometti confrontent de nouvelles exigences face à la représentation.

De tous ces artistes, de Gauguin à Bonnard en passant par Rodin, Picasso ou Matisse, il est une certitude : le corps est placé inéluctablement – quoiqu’ils fassent - au centre de leur pensée. Le peintre, le sculpteur rêvent sans cesse du corps qui contient sa raison d’être primitif. Aussi, malgré les multiples tentatives de déconstruction, il apparaît que le corps de la peinture demeure, car Ève justement, assure sa filiation. Sa présence réelle ou mythique tout comme le renouvellement de son image recompose le présent.

Cet ensemble de qualité exceptionnelle a été soutenu par le musée d’Orsay et de l’Orangerie mais aussi par de nombreux prêteurs publics et privés.

L’exposition d’été « Le Nu de Gauguin à Bonnard. Ève, icône de la modernité ? »
Du 6 juillet au 3 novembre 2013